LA MÉCANIQUE COMPLEXE DU COLLÈGE ÉLECTORAL AMÉRICAIN
Les Américains ne choisissent pas directement leur président. Cette réalité, souvent méconnue à l'étranger, repose sur un système d'intermédiaires. Une mécanique héritée du 18e siècle qui peut transformer une défaite populaire en victoire présidentielle
(SenePlus) - Selon une analyse approfondie du New York Times (NYT), le système électoral américain repose sur un mécanisme unique et sur mesure que "personne ne créerait aujourd'hui", comme le souligne Wendy R. Weiser, vice-présidente pour la démocratie au Brennan Center for Justice de la faculté de droit de N.Y.U.
Le Collège électoral, pièce maîtresse de ce système, comprend 538 membres élus, reflétant la composition du Congrès : un électeur pour chaque sénateur et représentant, plus trois pour Washington D.C. Pour remporter la Maison Blanche, un candidat doit obtenir une majorité simple de 270 voix.
L'histoire de cette institution remonte à l'été 1787, lors de la Convention constitutionnelle de Philadelphie. Face à l'impasse sur le mode de sélection du président, les délégués ont opté pour un compromis : un système d'électeurs plutôt qu'une élection directe par le Congrès ou par les citoyens - qui à l'époque n'incluaient que les hommes blancs propriétaires.
"Quand nous votons, même si nous ne voyons pas leurs noms, nous votons pour ces électeurs", explique John F. Kowal, co-auteur de "The People's Constitution", cité par le Times.
Le système fonctionne selon des règles précises : dans 48 États, le vainqueur remporte la totalité des grands électeurs. Le Maine et le Nebraska font exception, avec une répartition proportionnelle basée sur les districts congressionnels.
Cependant, le New York Times relève que ce système a montré ses limites : deux fois lors des six dernières élections, des candidats ont accédé à la présidence malgré leur défaite au vote populaire. Cette distorsion s'explique par la surreprésentation des États ruraux, tendant républicains, donnant à leurs électeurs plus de poids que ceux des grands États.
Une réforme est-elle envisageable ? Le journal évoque deux possibilités : un amendement constitutionnel, nécessitant une super-majorité au Congrès et la ratification par les trois quarts des États, ou le Pacte interstate du vote populaire national. Cette dernière initiative, qui compte déjà 17 États plus Washington D.C. totalisant 209 grands électeurs, vise à attribuer les voix électorales au vainqueur du vote populaire national.
L'Electoral Count Reform Act de 2022, précise le quotidien new-yorkais, a renforcé le système en clarifiant le processus de décompte et en compliquant la soumission de faux électeurs, désignant le gouverneur comme seule autorité de certification des électeurs de l'État.