ÊTRE DEPUTÉ POUR MOI
Après 37 ans dévoués aux belles pages de la presse de noblesse, je souhaiterais à présent ouvrir le prochain chapitre de mon parcours en me faisant la voix consciencieuse et véridique des préoccupations des Sénégalais et Sénégalaises au sein du parlement
Une citoyenneté égale pour toutes et tous.
En tant que citoyenne majeure et indépendante, chef de famille monoparentale, j’emploie des jeunes filles et femmes comme aides pour le ménage uniquement. Tout n’est pas toujours rose dans ce partenariat de travail, mais j’essaie cependant de me placer comme aînée, sœur, tante ou mère d’adoption pour mes employées de maison. À ce titre, j’ai, en fonction des cas, payé la poursuite d’études, ou participé à la création de micro-entreprises ou été médiatrice pour un appui plus conséquent. Être journaliste, intellectuelle ou avoir des fonctions de responsabilité ne vous épargne pas d’avoir à gérer les vicissitudes du ménage. Combien de fois ai-je dû me résoudre à arriver en retard ou à reporter un rendez-vous parce que les tâches ménagères se sont imposées à moi. Beaucoup de Sénégalaises, de mères, d’épouses, de sœurs, de femmes, de filles me comprendront.
A part certains cas de mères de famille matures qui subviennent volontairement aux besoins de leur foyer (mari absent, chômeur ou en incapacité) par l’emploi salarié de ménagère, la majorité des employées de maison sont des jeunes filles ou femmes sans formation et sans qualification. La plupart viennent du prolétariat rural et urbain, vivier de main-d’œuvre pour les classes moyennes et supérieures de notre société. En dehors de se caser avec un époux ou d’un miracle, il n’existe, à court ou moyen terme, aucune sorte de revalorisation professionnelle ni d’amélioration de leur condition humaine et socio-économique. Se marier et avoir des enfants est souhaitable et bénéfique pour notre société, mais cela n’assure pas toujours un épanouissement entier à la femme ni ne garantit son autonomie financière. Une épouse et mère autonome assure au foyer et à la progéniture un accès à la nourriture, aux soins et à l’école. Une mère respire par ses enfants, il n’y a pas de bonheur pour son instinct maternel en dehors de la protection de ses enfants. Sauf dans les cas pathologiques de femmes handicapées de l’instinct maternel…
Ce qui est le plus révoltant dans ce prolétariat féminin dans les villes est que la plupart de ces jeunes filles ont abandonné leur scolarité, même en cours d’année, à la demande de leur famille. Pour l’une, la mort de la mère l’a obligée à arrêter de fréquenter son collège de Mbafaye (Sine) parce que quelqu’un devait subvenir aux besoins de ses petites sœurs de jeune âge, laissées à la tutelle de la grand-mère maternelle.
Pour l’autre, c’est tout bonnement l’absence du frère pourvoyeur de bien-être et momentanément indisponible…Alors sa mère a décidé que la petite sœur devait quitter sa classe de Terminale au lycée de Niakhar (Sine) pour travailler et combler l’absence de revenus. Dans le Baol aussi, les jeunes filles sont données en petites employées à des patronnes, tellement jeunes qu’elles ne sont presque jamais allées à l’école. Ainsi, alors que nos filles, nos sœurs, nos mères, constituent la condition d’un développement national durable, leur épanouissement et leur citoyenneté se heurtent aux structures économiques, politiques, culturelles et religieuses.
La domination des croyances sexistes et patriarcales, la violence et la misogynie font que beaucoup de nos filles et nos sœurs ont intériorisé ces tares, succombent aux critères infériorisants (t’es qu’une femme !) ou valorisants (sois belle et claire-xessal) et s’opposent même à l’amélioration de leur condition. Jusques et y compris dans les associations féminines, supposées soutenir résolument les victimes de toute forme de discrimination et de violence fondée sur le genre. Hélas, trois fois hélas, dans mon cas personnel, j’ai plutôt bénéficié de la pleine et entière solidarité et du soutien constant et habituel du défenseur des droits de l’homme Alioune Tine de Afrikajom Center, de ses successeurs à la RADDHO Sadikh Niasse et Alassane Seck, du fondateur d’Africtivistes Cheikh Fall, et de tout ce que le Sénégal compte de défenseurs masculins des droits humains. Mais d’associations féminines, pourtant bien sollicitées et informées, nenni, point de soutien ni de solidarité. Peut-être une timidité due à l’intériorisation des critères de dévalorisation ou au syndrome de Stockholm. Une dirigeante féminine d’association de presse, supposée protéger la démocratie, les droits humains et les journalistes, m’a même conseillé « d’arrêter de faire du bruit car cela me dévaloriserait ». Quel sort imaginer pour les autres victimes féminines de menaces psychologiques et physiques, et qui n’ont pas la même chance que moi de pouvoir se défendre toute seule ? Le changement drastique ne doit pas seulement s’effectuer dans les mentalités masculines, mais aussi surtout féminines. Si les associations féminines disposaient du droit de se porter partie civile dans tout cas de discrimination, elles seraient sans doute plus efficaces et moins timorées.
Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ du professeur Aziz Salmone Fall, que les hommes et les femmes sont certes différents, mais égaux en droits et devoirs. Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ, que l'éducation et la mise en place d'institutions donnant un égal accès démocratique aux savoirs, savoir-faire, savoir-être, savoir critique et au travail, permettra d’atteindre et de garantir l’égalité des droits et devoirs des hommes et des femmes. Au demeurant, des savoirs et savoir-être endogènes peuvent être historiquement convoqués pour légitimer cette égalité des droits et devoirs. Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ, qu’il n’y aura pas de changement structurel dans le développement du Sénégal ni celui de l’Afrique sans le changement positif de la condition féminine, car la dimension féministe est transversale. Waaw Goor, waaw Kumba, disaient nos parents.
Je suis, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ, clairement pour l’égalité des droits, des opportunités et des chances pour nos filles, nos sœurs et nos mères. Le progrès et la justice sociale dépendent de leur épanouissement et leur capacité de sortir de leur sujétion, et de participer pleinement aux décisions et à la direction du pays. Un changement du modèle démocratique et des mentalités permettra aux femmes de participer pleinement aux mécanismes de décision et d'exécution, et surtout d’obtenir la même place que les hommes dans les instances de décision, de délibération et d’exécution des politiques. En cas de violence basée sur le genre, la sanction prévue par la loi doit être exemplaire et dissuasive. Aucune impunité contre les violations des droits de nos filles, sœurs, et mères n’est acceptable. Cela commence par combattre le vocabulaire et les comportements sexistes dans la sphère domestique, à l’école et au travail, comme dans tout le reste de la société. L’image de la femme dans les médias et les ouvrages scolaires doit être digne et à la hauteur des changements préconisés.
Avec internet, les jeunes sont plus exposés à la pornographie. Il est nécessaire de mieux les éduquer, pour leur permettre d’appréhender positivement la sexualité et de respecter les femmes. Pour cela, un plaidoyer progressiste et un débat social inclusif autour des sujets encore tabous - l’avortement, le mariage forcé, la polygamie, l’excision, l’éducation sexuelle, les critères dégradants de beauté, etc - touchant à la féminité et à leurs droits permettrait d’informer les jeunes filles et garçons, et de les affranchir de l’ignorance. Cela implique de même l’information des femmes les plus vulnérables sur leurs droits et la formation des filles à l’éducation professionnelle et technique. L’information sur le droit de la famille doit être mieux vulgarisée, la loi appliquée strictement et l’accessibilité des femmes aux ressources légales facilitée. C’est le sens de la proposition de loi de Renforcement et de Protection des Droits des Femmes en matière de Code de la Famille et de parité faite par la coalition Jàmm Ak Njariñ. Les femmes divorcées et leurs enfants, ainsi que les mères monoparentales doivent être davantage protégées au niveau du partage du patrimoine. Elles ne doivent pas assumer seules les désavantages économiques de s’occuper d’enfants communs.
Lors de la crise du Covid, l’autonomisation révolutionnaire des femmes leur a permis de dépasser les disparités qui les confinent dans la sphère subalterne.
Le caractère indispensable du travail des femmes nécessite cependant des transformations radicales aux niveaux culturel, économique, démographique, politique et social.
En augmentant les chances économiques des femmes, les travailleuses et travailleurs partageraient les bénéfices de leur travail, à travers des emplois décents qui régénèrent l’environnement naturel au lieu de le dégrader. Dans notre pays, les femmes assurent 80% du travail agricole. L’accent doit être mis sur l’accès à la propriété foncière et au crédit, l’encadrement pour la productivité et contre la pénibilité des tâches, et l’agro-écologie en faveur des femmes. Pour faire accéder les PME féminines aux réseaux, financements et compétences, il faut également ici réduire les obstacles réglementaires et socio-culturels.
À cet effet, Jàmm Ak Njariñ propose la Loi pour l'Accès des Femmes au Foncier Rural, aux Logements Sociaux et pour une Stratégie d'Inclusion Territoriale.
La priorité doit être donnée au relèvement de la condition de la femme rurale et celle des milieux informels précaires. Le salaire moyen de 7000 F CFA dans le secteur informel est intenable, face à une hausse des prix à la consommation de plus 11% et de ceux des denrées de base de l’ordre de 8%. L’enquête de l’ER-Esi (Enquête régionale sur l’emploi et le secteur informel, réalisée par Afristat) estimait en 2017 que le secteur informel non-agricole comptait 1.689.506 chefs de production informelle, employant 809. 606 personnes, soit 2. 499.219 emplois. Plus globalement, c’est plus de 60% de l’emploi au Sénégal qui se situe dans le secteur informel. On voit bien comment l’organisation efficiente de ce secteur, la réduction des pénibilités, la santé et sécurité du travail et l’amélioration des conditions globales permettront d’en maximiser la productivité et aussi la contribution au secteur fiscal.
Au préalable, la protection sociale du secteur informel, sa régularisation, en ciblant les femmes au bas de l’échelle du marché du travail, permettra de relever le niveau de vie.
C’est aussi une proposition de loi pour le statut du travailleur du secteur informel de Jàmm Ak Njariñ. Les conjoint-es des personnes travaillant dans le secteur informel et dans les zones rurales devront être considéré-es comme des travailleurs et travailleuses et non comme sans-profession. L’égalité de rémunération entre hommes et femmes doit être garantie. Le travail domestique doit être reconnu comme un vrai travail et en soulager la pénibilité et le temps gaspillé. Les travailleuses exploitées dans les manufactures et dans la sphère domestique doivent être protégées et la justice sévir sévèrement contre la violation de leurs droits. À cet effet, la syndicalisation des emplois occupés majoritairement par des femmes doit être encouragée.
Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ que le protocole de Maputo du 11 juillet 2003, doit être appliqué et qu’il faut même aller au-delà. Ce protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine est relatif aux droits des femmes en Afrique. Le Sénégal a ratifié, le 27 décembre 2004, ce protocole international. Ce protocole dit que États prennent toutes les mesures appropriées pour « protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l'avortement médicalisé, en cas d'agression sexuelle, de viol, d'inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ». Où sont les mesures appropriées prises par l’Etat du Sénégal lorsque, de façon répétitive, angoissante et lancinante, des jeunes filles sont dans cet état et qu’elles commettent l’irréparable en assassinant leur fœtus ou bébé ?
Rien, sinon l’emprisonnement de la fille enceinte, sa marginalisation de l’école et de la société tandis que le père du fœtus ou bébé suit impunément le cours de sa vie…
Je ne saurais terminer sans lancer un appel à l’unité et à la paix, face aux défis que nous devons relever ensemble, dans notre diversité, pour la croissance et la prospérité de notre Nation.
Je vous appelle à rejoindre notre dynamique de changement pour un Sénégal de paix, géré dans la transparence, la compétence, la démocratie et la bonne gouvernance, au sein d’une Assemblée nationale représentative du meilleur de nous-mêmes.
Après 37 ans dévoués aux belles pages de la presse de noblesse, je souhaiterais à présent ouvrir le prochain chapitre de mon parcours en me faisant la voix consciencieuse et véridique des préoccupations des Sénégalais et Sénégalaises au sein de l’hémicycle.
Je vous invite toutes et tous à voter massivement pour les candidats de la liste départementale de Dakar de notre coalition Jàmm Ak Njariñ, le 17 novembre 2024.
Dié Maty Fall est candidate socialiste, liste départementale de Dakar, Coalition Jàmm Ak Njariñ.