L'UE VA S'ÉLOIGNER DES EAUX SÉNÉGALAISES
L’Union européenne n’envisage pas de renouveler le protocole de pêche signé en 2019 avec le Sénégal, en raison de “défaillances” constatées dans la lutte menée par les services de pêche sénégalais contre la pêche
L’Union européenne (UE) n’envisage pas de renouveler le protocole de pêche signé en 2019 avec le Sénégal, en raison de “défaillances” constatées dans la lutte menée par les services de pêche sénégalais contre la pêche INN, c’est-à-dire la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, a déclaré, mardi, à Dakar, son représentant dans le pays, Jean-Marc Pisani.
Le protocole de pêche en question, d’une durée de cinq ans et comprenant “14 accords” touchant notamment à l’économie et à l’environnement, va expirer le 17 novembre prochain à minuit.
“En raison des défaillances constatées dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, l’UE ne peut envisager le renouvellement du protocole tant qu’il n’y a pas de progrès suffisants du Sénégal dans ce domaine”, a soutenu son ambassadeur au Sénégal.
“Le Sénégal ne recevra plus de contribution financière…”
Le 27 mai dernier, l’Union européenne a identifié le Sénégal comme un “pays non-coopérant” en matière de lutte contre la pêche INN, a rappelé M. Pisani.
Il ajoute que la Commission européenne, par “souci de cohérence politique, a adopté pour principe de surseoir à tout renouvellement d’un protocole […] de pêche avec un État côtier” présentant des “défaillances” dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
Selon son ambassadeur au Sénégal, l’UE a une politique de “tolérance zéro” vis-à-vis des États où il est possible de pratiquer la pêche INN.
Jean-Marc Pisani signale toutefois qu'”un dialogue formel entre les autorités sénégalaises et européennes sur les questions de pêche INN s’est ouvert, avec l’objectif de résoudre les problèmes identifiés”. “Il faut que le Sénégal et l’UE fassent le bilan de ce protocole.”
En raison de la décision de l’UE, “les bateaux [des pays membres de l’Union européenne] ne pourront plus pêcher dans la zone économique exclusive du Sénégal, à partir du 17 novembre prochain à minuit”, a-t-il précisé.
“La priorité, à partir du 17 novembre à minuit, ce ne sera plus le protocole de pêche mais l’accompagnement de l’Union européenne en faveur du Sénégal…” a expliqué M. Pisani.
Il déclare que “le Sénégal ne recevra plus de contribution financière” en vertu du protocole de pêche.
“Remédier aux faiblesses du système de contrôle des produits de la pêche”
Selon la délégation de l’Union européenne au Sénégal, l’UE et l’État sénégalais entretiennent une coopération en matière de pêche depuis le début des années 1980.
Mais l’absence d’un protocole ne serait pas une première à partir du 17 novembre, s’il n’est pas renouvelé, car cette coopération avait été rompue entre 2006 et 2014 par le Sénégal, a-t-elle rappelé.
Cette rupture du protocole avait permis aux deux parties de le “renégocier”, selon la délégation de l’UE au Sénégal.
Elle signale qu’une réunion de représentants des deux parties a eu lieu les 5 et 6 novembre 2024 à Bruxelles, ce qui leur a permis d'”avoir des échanges constructifs”.
“La Commission européenne prend note des engagements du nouveau gouvernement sénégalais à remédier aux faiblesses du système de contrôle et de traçabilité des produits de la pêche et reste à sa disposition pour l’accompagner et l’assister dans ces efforts”, affirme la délégation de l’Union européenne, sur la base de la rencontre de Bruxelles.
L’UE déclare avoir fourni au Sénégal une contribution de 8,5 millions d’euros, soit plus de 5,5 milliards de francs CFA, de 2019 à 2024, sur la base du protocole de pêche.
S’y ajoutent les redevances versées par les armateurs européens, qui sont espagnols et français pour la plupart, signale l’Union européenne.
Elle ajoute avoir financé des projets de développement de la pêche au Sénégal, à hauteur de 590 millions de francs CFA, dont la construction des quais de pêche de Ndangane Sambou, dans la région de Fatick (centre), et de Hann, à Dakar.
Au cours de l’exécution du protocole devant expirer le 17 novembre, les captures des armateurs européens dans les eaux sénégalaises représentaient moins de 1 % des captures totales déclarées au Sénégal, selon l’UE.