LA COHABITATION : ENTRE ILLUSION DEMOCRATIQUE ET BLOCAGE INSTITUTIONNEL
Pour un nouvel élu, la responsabilité et la sagesse demeurent dans la cohérence, en lui accordant une majorité absolue à l’Assemblée nationale
En France, bien que le régime d’Emmanuel Macron ait expérimenté une forme de cohabitation en 2022 et en 2024, cette situation n’est pas systématique.
En effet, après son élection en 2017, Macron a bénéficié, la même année, d’une large majorité à l’Assemblée nationale avec 350 sièges sur 577,soit 60,65 %. Les Français avaient alors décidé de lui accorder un soutien parlementaire pour qu’il puisse mettre en œuvre son programme de campagne. Il a fallu presque six ans, lors de son second mandat, pour que sa majorité parlementaire s’effondre, ouvrant ainsi la voie à une cohabitation.
Cependant, même dans une démocratie aussi mature que celle de la France, cette cohabitation a révélé certaines faiblesses. Face à des dysfonctionnements institutionnels, entravant les actions de son gouvernement, Macron n’a eu d’autre choix que de dissoudre le Parlement dans l’espoir de rétablir une majorité stable.
Aux États-Unis, les élections de mi-mandat représentent une opportunité d’évaluer la gouvernance du président en place à travers la composition du Congrès. Deux ans ne suffisent-ils pas pour juger de l’efficacité des actions d’un régime et décider de lui accorder, ou non, une majorité au Sénat ? Sans doute que si !
Dans le contexte sénégalais, Macky Sall, élu en 2012 lors du second tour, s’est vu accorder la même année une majorité absolue à l’Assemblée nationale, avec 119 sièges sur 150, soit 79,33 %. Ce soutien s’est quelque peu effrité en 2017, avec 125 sièges sur 165, représentant 49,47 % des suffrages, mais lui permettant néanmoins de continuer à déployer son programme pour la période 2012-2019. Ce n’est qu’en 2022, après dix ans au pouvoir, que sa majorité s’est réellement effondrée, reflet d’un mécontentement croissant des citoyens vis-à-vis de ses dernières années de gouvernance
Aujourd’hui, au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye est devenu le président de la République le mieux élu de l’histoire du pays, et peut-être même de l’Afrique, avec 54,28 % des suffrages dès le premier tour. La majorité des électeurs a donc clairement choisison programme au détriment des autres propositions. Pourtant, cinq mois après cette élection historique, lorsque le président présente un projet de réformes visant à supprimer des institutions budgétivores telles que le Haut Conseil des Collectivités Territoriales et le Conseil Économique, Social et Environnemental, il se heurte à une opposition parlementaire. Quel paradoxe ! Où se situe la responsabilité dans un tel Parlement ?
Une telle opposition, s’opposant à des réformes pourtant approuvées par la majorité des électeurs, non seulement va à l’encontre des volontés populaires récemment exprimées, mais menace également la démocratie représentative.
La leçon à tirer pour le peuple sénégalais est que la cohabitation ne prend tout son sens que lorsqu’un chef d’État a déjà fait ses preuves, comme lors du second mandat de Macron en 2022. Pour un nouvel élu, la responsabilité et la sagesse demeurent dans la cohérence, en lui accordant une majorité absolue à l’Assemblée nationale. D’où l’importance de voter pour la liste Pastef dirigée par le Premier ministre, Ousmane Sonko
Souleymane Ciss est Coordonnateur de l’Alliance Démocratique pour la Justice et l’Équité Sociale (ADÉJE).