PLANIFICATION FAMILIALE, 433 000 NOUVELLES UTILISATRICES ENREGISTRÉES ENTRE 2023 ET 2024
La 13e Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou (RAPO) qui a débuté ce 3 décembre à Dakar, met en lumière les avancées et défis en matière de planification familiale en Afrique de l’Ouest.
La 13e Réunion Annuelle du Partenariat de Ouagadougou (RAPO) a débuté ce mardi 3 décembre 2024 à Dakar, réunissant plus d'une centaine de participants, en présentiel et en format hybride. Cet événement vise à évaluer les progrès accomplis en matière de planification familiale, partager des expériences et renforcer la coopération régionale pour atteindre les objectifs ambitieux fixés à l'horizon 2030.
Le Partenariat de Ouagadougou, lancé en 2011, regroupe neuf pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo) engagés à accroître l’accès aux services de planification familiale. En Afrique de l’ouest, 225 femmes meurent tous les jours en donnant la vie, selon la RAPO. Ces taux de morbidité et de mortalité entraînent dans la sous-région près de 5 milliards de dollars de perte de productivité, renseigne la même source.
Face aux défis de mortalité maternelle et infantile élevée, de prévalence contraceptive faible et de financement insuffisant, l’initiative de la RAPO agit comme un catalyseur pour sauver des vies et promouvoir un développement durable.
Des progrès salués et des défis persistants
Marie Ba, directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat, a présenté les chiffres sur l’évolution du Taux de Prévalence Contraceptive Moderne (TPCM). Celui-ci a progressé de manière constante entre 2011 et 2024, avec une augmentation moyenne de 0,6 point par an, atteignant 19,5 % en 2024. Cette évolution reflète les efforts déployés pour élargir l’accès aux méthodes contraceptives modernes, bien que des disparités subsistent entre les pays membres.
Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire comptent le plus grand nombre d’utilisatrices, tandis que le Burkina Faso et le Togo affichent les taux les plus élevés. Cependant, certains pays comme le Niger stagnent, tandis que des avancées plus marquées ont été enregistrées au Burkina Faso, avec une progression d’un point par an.
En termes d’objectifs, la Guinée, le Mali et le Burkina Faso ont dépassé leurs cibles pour 2024, atteignant des taux supérieurs à 120 %. À l’inverse, des retards ont été observés au Bénin, en Mauritanie et au Sénégal, où des lacunes dans le suivi des plans d’action budgétisés ont été identifiées comme obstacles majeurs. La Côte d’Ivoire et le Togo se rapprochent de leurs objectifs avec plus de 90 % de réalisation, explique Marie Ba.
Un défi à l’horizon 2030
Avec l’ambition d’atteindre 13 millions d’utilisatrices de méthodes contraceptives modernes d’ici 2030, les projections actuelles indiquent que 10,2 millions pourraient être atteintes, laissant un écart de près de 3 millions d’utilisatrices. Entre 2023 et 2024, environ 433 000 nouvelles utilisatrices ont été ajoutées, une progression qui, bien qu’encourageante, demeure insuffisante pour atteindre la cible fixée.
En parallèle, d’autres avancées notables ont été enregistrées. Les besoins non satisfaits en contraception ont lentement diminué, passant de 24 % en 2011 à 18 % en 2024, tandis que la demande satisfaite avec des méthodes modernes dépasse désormais les 50 %.
Pour Marie Ba, il est essentiel de maintenir le cap en renforçant les mécanismes de suivi et en mutualisant les ressources. "Nous souhaitons que le financement domestique, qui reflète la souveraineté des pays dans le financement de la planification familiale, puisse augmenter. Il s'agit de financer les contraceptifs et les produits contraceptifs, C'est un point clé que les participants ont souligné lors de la réunion : investir dans la communication pour le changement de comportement afin que les femmes soient informées de la disponibilité des services de planification familiale et de leurs avantages", a plaidé la directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou.
Cette 13e RAPO qui se tient sur 3 jours à Dakar (du 3 au 5 décembre 2024) marque une étape décisive pour consolider les acquis et redéfinir les stratégies nécessaires. Pour Perri Sutton de la Fondation Bill & Melinda Gates et Dr Fadima Kaba, directrice de la santé familiale et de la nutrition en Guinée, la collaboration régionale, soutenue par un financement accru et une volonté politique renforcée, reste la clé pour relever les défis et réaliser la vision d’une Afrique de l’ouest où chaque femme peut accéder à des services de planification familiale de qualité.