VIDEOL’EXHORTATION DE DIOMAYE AUX MAGISTRATS
"Pour que plus jamais la récente histoire ne se reproduise". Ces mots du président ont résonné dans l'enceinte de la Cour suprême ce jeudi. Le chef de l'État a choisi la voie de la franchise pour évoquer les zones d'ombre de la justice sénégalaise
Dans un discours prononcé ce jeudi 16 janvier 2025 à la rentrée solennelle des Cours et tribunaux, le président Bassirou Diomaye Faye a adressé un message sans équivoque à la magistrature sénégalaise, faisant explicitement référence aux événements troublés de 2021-2024. "Pour que plus jamais la récente histoire qui a traversé la période 2021-2024 ne se reproduise", a martelé le chef de l'État devant un parterre de magistrats et d'avocats.
Cette prise de position forte s'inscrit dans un vaste programme de refondation de l'institution judiciaire. Dès les premières semaines de son mandat, le président Faye a convoqué des assises de la justice, marquant ainsi sa volonté de transformer en profondeur un système qu'il souhaite plus humain et plus performant. Un comité de rédaction a déjà été mis en place pour concrétiser les recommandations issues de ces assises.
Le message présidentiel résonne comme un avertissement : la justice doit redevenir "un rempart contre l'arbitraire et non un instrument d'arbitraire". Cette formule cinglante traduit la détermination du chef de l'État à restaurer la confiance entre les citoyens et leur justice. Il a d'ailleurs appelé chaque juge à "interroger son propre rapport à l'éthique et à la vérité" dans l'intimité de sa conscience.
Le président n'a pas limité son intervention à ce rappel à l'ordre. Il a également annoncé des réformes concrètes, notamment sur le droit de grève et l'assistance judiciaire. Cette dernière sera étendue aux victimes et aux affaires civiles, corrigeant ainsi une pratique qui la limitait essentiellement aux accusés en matière pénale.
L'accès à la profession d'avocat n'a pas été oublié. Face à l'attente de nombreux jeunes diplômés, le président a exhorté le Bâtonnier à engager rapidement des discussions avec le ministre de la Justice pour mettre en place les formations nécessaires, conformément aux normes de l'UEMOA.
"La justice doit être garante en dernier ressort de la stabilité sociale", a insisté le président Faye, dessinant les contours d'une institution judiciaire rénovée, gardienne effective des libertés et protectrice contre l'arbitraire. Ce discours marque indéniablement un tournant dans les relations entre l'exécutif et le pouvoir judiciaire au Sénégal, avec une feuille de route claire : restaurer la confiance et garantir l'indépendance de la justice.
Ce premier face-à-face entre le président Diomaye Faye et la magistrature sénégalaise restera comme le moment où le chef de l'État a posé les jalons d'une nouvelle ère judiciaire, tournant résolument la page d'une période troublée de l'histoire récente du pays.