LE CANDIDAT AU VOYAGE SE FAISAIT PASSER POUR UN GENDARME
VISA POUR L’EUROPE

Pour rallier l’Europe, Bocar Diallo s’est fait passer pour un gendarme dans ses documents de demande de visa. Une mise en scène qui n’a pas prospéré devant les autorités consulaires eu égard au profil du candidat au voyage qui ne sait ni lire ni écrire. Il a été attrait hier à la barre des flagrants délits en même temps que sa co-prévenue pour association de malfaiteurs, usurpation de fonction entre autres délits. Le duo encourt deux ans dont six mois ferme. Délibéré demain.
Tous les subterfuges sont mis en branle par certains pour obtenir le visa pour l’Europe. Bocar Diallo, originaire du Boundou et voulant rallier l’Italie, a réussi avec ses démarcheurs à ficeler un dossier de demande de visa sur la base de faux documents. En effet, le candidat au voyage s’est prévalu de la qualité de gendarme en congé pour motiver sa demande de visa. Dans les documents déposés : une carte professionnelle de gendarme avec une photo où le prévenu est en tenue de gendarme ; des bulletins de salaire et d’autres documents.
Une prétention qui contraste avec le profil du candidat au voyage qui est analphabète. Des incohérences notées par l’autorité consulaire qui a du coup saisi la direction de la documentation de la gendarmerie pour l’identification du supposé gendarme. Une enquête a mis à nu le manège du mis en cause qui sera interpellé lors du rendez-vous pour le visa.
Outre le candidat au voyage, Aminata Bâ sera installée dans la cause, tandis que les autres complices ont pris la clé des champs. Ces derniers sont poursuivis pour association de malfaiteurs; usurpation de fonction et usage de faux pour Bocar Diallo, et usage de faux dans un document administratif pour la dame. Devant le juge hier, le candidat au voyage s’est présenté sous les habits d’une victime.
A l’en croire, c’est sa sœur établie en France qui lui a proposé le voyage avant de le mettre en rapport avec Oumar Niang. C’est ainsi qu’il a quitté son village pour rencontrer le démarcheur. Ce dernier lui a présenté Aminata Bâ qui devait lui trouver le sésame. La dame lui a réclamé un passeport et deux photos, avant d’installer dans le circuit les sieurs Abdoulaye Sarr et Abdou Ndiaye. Le duo a accompagné le candidat au voyage à faire des photos supplémentaires. Des photos avec la tenue de gendarme ! En tout cas, Bocar Diallo dégage en touche et révèle n’avoir jamais porté un costume durant les démarches.
Avant de poursuivre pour souligner qu’il n’a fait que recevoir une enveloppe du duo Sarr/Ndiaye, qu’il a déposée à l’ambassade d’Italie. Aminata Ba, entendue à la barre, a déclaré qu’elle est étrangère à cette entreprise délictuelle. En fait, elle n’a fait qu’aider son oncle Oumar Niang qui était à la recherche d’un démarcheur avec Abdoulaye Sarr et Abdou Ndiaye.
A la fin de l’opération, la bande devait recevoir 3,5 millions, révèle Bocar Diallo. Pour le maître des poursuites, l’association de malfaiteurs est établie à leur encontre. Néanmoins, il a demandé la relaxe de la dame pour faux dans un document administratif, car il ne ressort pas dans le dossier que la mise en cause a fabriqué les faux documents.
Ce qui n’est pas le cas pour l’usage de faux et l’usurpation de fonction, constants à l’encontre du principal mis en cause. Pour la répression, le représentant du parquet a requis deux ans dont six mois ferme pour les prévenus. Le défenseur de Bocar Diallo a peint son client comme une victime de personnes malintentionnées et plus avisées.
Concernant la photo en tenue de gendarme, l’avocat estime que c’est un montage effectué par les démarcheurs. Seul le délit d’usage de faux peut être reproché à son client qui n’a pas agi en connaissance de cause, renchérit l’avocat. Une posture de victime empruntée par le conseil de la dame qui a plaidé la relaxe. Délibéré demain.