LE KHEUD DU 8 MARS
Le quartier de Ton’s est le paradis des mosquées. La densité de ces lieux de dévotion, comparée à celle de la population n’a pas d’égale. Il y a le diaka wolof, le diaka sérère, le diaka diola, le diaka mandiack, le diaka balante, le diaka naar,...

Le quartier de Ton’s est le paradis des mosquées. La densité de ces lieux de dévotion, comparée à celle de la population n’a pas d’égale. Il y a le diaka wolof, le diaka sérère, le diaka diola, le diaka mandiack, le diaka balante, le diaka naar, le diaka mandingues. A les citer tous, on attraperait un mal de gorge. Les anciens douaniers, policiers, pénitenciers, braconniers s’y sont mis pour ériger leur propre mosquée. Les origines de cette dispersion se perdent dans la nuit des temps.
Aujourd’hui à chacun sa chapelle, au grand bonheur des hirondelles de ndogou et de kheud qui parcourent les mosquées, les yeux rivés sur les différents menus proposés. Après tout c’est le restaurant du Bon Dieu. Une table ouverte à toutes et à tous.
Le malheur et le bonheur de Ton’s sont que toutes ces mosquées ceinturent sa maison et n’affichent pas la même heure de l’appel à la prière.
Samedi dernier, fête de la femme, Ton’s avait à cœur de décorer Tata, pour lui montrer que « tiofél dafa baré doolé ». Il avait pour le kheud du 8 mars, dressé une jolie table sur laquelle se croisaient toutes sortes de fromages : fromage à pâte molle et croûte fleurie, à pâte molle et croûte lavée, à pâte persillée, formage de brebis, de chèvre, sans oublier le fromage blanc. Pain, croissant, tacos et petits fours, le palais de Tata sera aux anges. Rien que du bon. Les premiers rayons du soleil apparurent laissant derrière eux le salaatou. Et Tata, malgré l’heure tardive de dire : « ku kheudoul, mane kheudena, teyla 8 mars » et Ton’s d’affirmer : kheudou 8 mars lu dagan la. Sargal djiguen ci diamou Yalla la bok ».
BABA DIOP