TRUMP TOURNE LE DOS À 250 ANS D’HISTOIRE AMÉRICAINE
Selon Bernie Sanders, le président américain considère les dictateurs du monde entier comme ses amis, nos alliés démocratiques comme ses ennemis et le recours à la force militaire comme le moyen d’atteindre ses objectifs

(SenePlus) - Dans une tribune d’une rare gravité publiée initialement par The Guardian et reprise ce jour par Le Monde, Bernie Sanders, sénateur indépendant du Vermont et figure historique de la gauche américaine, dresse un constat alarmant : selon lui, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont cessé d’être un modèle de démocratie pour le monde. Pire, ils seraient en train de rejoindre, délibérément, le camp des autocraties.
Cette dénonciation directe, frontale, intervient alors que les tensions géopolitiques s’intensifient et que les États-Unis se trouvent à la croisée des chemins : continuer à incarner la défense des droits humains, ou céder à la tentation de l’autoritarisme.
Un reniement historique de l’engagement américain pour la liberté
Dès les premières lignes, Sanders rappelle avec émotion le rôle historique des États-Unis dans la promotion de la démocratie à l’échelle mondiale. Il invoque la Déclaration d’indépendance et la Constitution comme des références universelles ayant inspiré des générations de combattants pour la liberté.
Mais ce passé glorieux est désormais piétiné, affirme-t-il. Donald Trump, par ses actes récents, a tourné le dos à cet héritage pour s’aligner sur des figures aussi inquiétantes que Vladimir Poutine, Kim Jong-un ou Ali Khamenei. Le vote américain contre une résolution de l’ONU condamnant l’invasion russe de l’Ukraine – une résolution soutenue par 93 pays, dont les principaux alliés des États-Unis – en serait la preuve la plus éclatante.
Une rupture inédite avec l’ordre international et les alliés traditionnels
Le 24 février, l’administration Trump a franchi une ligne rouge symbolique. Pour la première fois, les États-Unis ont voté contre une résolution des Nations unies exigeant le retrait des troupes russes d’Ukraine. Une décision qui les place, de facto, du côté des agresseurs et des régimes autoritaires.
« Plutôt que de se joindre à nos alliés historiques pour défendre la démocratie, le président a voté aux côtés de la Russie, de la Corée du Nord, de l’Iran et de la Biélorussie », écrit Sanders, soulignant l’isolement moral croissant des États-Unis sur la scène internationale.
Ce vote constitue selon lui bien plus qu’un simple positionnement diplomatique : c’est un signal clair que Trump rejette le droit international et la solidarité démocratique au profit d’une vision du monde cynique, brutale et dominée par la force.
Trump, Poutine et la fascination pour le pouvoir autoritaire
Sanders ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’attaque au président russe Vladimir Poutine, qu’il qualifie de « dictateur » ayant anéanti les espoirs démocratiques de la Russie post-soviétique. Il dénonce les assassinats politiques, la répression de la presse, le pouvoir des oligarques et les crimes de guerre perpétrés en Ukraine, y compris l’enlèvement de milliers d’enfants envoyés dans des camps de « rééducation ».
Mais ce qui inquiète le plus le sénateur, c’est la proximité croissante entre Trump et ce modèle autoritaire. Il l’accuse de chercher à extorquer les ressources naturelles de l’Ukraine au profit de ses amis milliardaires, sans aucune considération pour le peuple ukrainien ou pour le droit des nations à disposer d’elles-mêmes.
Une vision impériale, délirante et dangereuse du monde
La tribune ne s’arrête pas à l’Ukraine. Sanders élargit son réquisitoire à l’ensemble de la politique étrangère de Trump, qu’il juge incohérente, mégalomaniaque et dangereuse. Il cite plusieurs exemples qui relèvent presque de la satire, mais qu’il présente comme des intentions réelles :
- l’annexion du Groenland, territoire autonome du Danemark ;
- la reprise en main du canal de Panama ;
- l’absorption du Canada comme 51e État des États-Unis ;
- et même l’expulsion de 2,2 millions de Palestiniens pour transformer Gaza en « station balnéaire pour milliardaires ».
Autant d’exemples qui, selon Sanders, trahissent une vision impériale décomplexée, une nostalgie du colonialisme, et un mépris absolu pour les règles internationales.
Le monde face à un tournant historique
Sanders inscrit cette situation dans une perspective historique plus large. Il rappelle qu’au début du XXe siècle, la majorité du monde vivait sous le joug de monarques et d’empires, souvent légitimés par le mythe du « droit divin ». Depuis, une marche difficile mais continue vers la démocratie a été engagée – et les États-Unis y ont joué un rôle central, des champs de bataille de Gettysburg à ceux de Normandie.
Mais aujourd’hui, cette marche est menacée. « Nous sommes à un tournant », avertit-il. Le monde peut encore choisir la voie de la démocratie, de la justice et de la coopération, mais il peut tout aussi bien replonger dans l’autoritarisme, l’oligarchie et la loi du plus fort.
Un appel à la mobilisation des citoyens américains et des démocrates du monde
Le message de Bernie Sanders est clair : ne pas se résigner. Il appelle les citoyens américains à « se battre pour nos valeurs » et à refuser la dérive incarnée par Donald Trump. Il lance également un appel à la coopération internationale entre démocrates, progressistes et défenseurs des droits humains pour préserver l’ordre fondé sur le droit.
Dans une période où les clivages se durcissent et où les voix critiques sont parfois marginalisées, cette tribune constitue un cri d’alarme. Mais aussi un manifeste de résistance. Un plaidoyer vibrant pour la dignité humaine, l’engagement citoyen et la solidarité mondiale.
En conclusion, la tribune de Bernie Sanders est bien plus qu'un texte d'opinion ; c'est un acte politique fort. Elle interpelle les consciences, refuse le cynisme et réaffirme la foi dans une démocratie exigeante, parfois imparfaite, mais essentielle.Alors que les États-Unis sont confrontés à des choix cruciaux sous la présidence de Donald Trump, ce texte pourrait bien devenir l'un des manifestes fondateurs de la résistance démocratique à venir.