VIDEOSAUVER LES CARS RAPIDES
Assane Niang et son collectif luttent pour préserver les cars rapides de Dakar, véritables œuvres d'art ambulantes aux décorations riches de messages culturels. Un patrimoine sénégalais menacé de disparition

À Dakar, un symbole culturel emblématique est menacé de disparition. Les cars rapides, ces fourgonnettes Renault aux couleurs vives qui sillonnent les rues de la ville depuis une soixantaine d'années, font face à une modernisation progressive des transports urbains.
Assane Niang, un Dakarois engagé, refuse de voir s'éteindre ce qu'il appelle des "œuvres d'art volantes". Il a créé un collectif, "Car Rapide Tour", pour sensibiliser à la valeur culturelle de ces véhicules. "Souvent à partir des cars rapides, on connaît un peu la mentalité des Sénégalais", explique-t-il.
Ces minibus colorés sont bien plus que de simples moyens de transport. Leurs décorations extérieures, réalisées par des artistes locaux, véhiculent des messages de foi et des valeurs traditionnelles. Les inscriptions comme "Baril" pour évoquer la générosité maternelle ou "Ni deu" pour rappeler les vertus de discrétion et d'ouverture d'esprit sont des expressions visuelles de la culture sénégalaise.
À l'intérieur, les cars rapides offrent un espace social unique. Contrairement aux transports modernes, ils favorisent les conversations entre passagers, créant une ambiance conviviale typiquement sénégalaise. "C'est un peuple de contact et c'est le car rapide qui nous permet d'avoir cet espace", souligne Niang.
Si les autorités jugent ces véhicules trop vétustes et polluants, ils restent l'un des moyens de transport les plus abordables de Dakar et les seuls disponibles la nuit pour les travailleurs nocturnes. "C'est un moyen qui aide beaucoup de compatriotes à pouvoir survivre face au temps difficile", défend l'Observateur de France 24.
Face à cette disparition programmée, le collectif d'Aassan Niang s'efforce de valoriser ce patrimoine auprès des touristes et mobilise artistes et stylistes pour sa préservation. Son message aux autorités est clair : "C'est un patrimoine à préserver. Si il disparaît, c'est une partie de notre patrimoine que nous n'allons plus voir."