VIDEOIL FAUT ABSOLUMENT SE MÉFIER DU POPULISME
"La justice n'est pas un justicier", lance Maurice Soudieck Dione face aux pressions populaires sur le traitement des dossiers concernant l'ancien régime. "L'application excessive du droit conduit fatalement à l'injustice", rappelle-t-il

Selon le professeur agrégé de Science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione la justice ne doit pas être rendue de manière populiste. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 13 avril, le professeur agrégé de Science politique se démarque des critiques de certains partisans du régime en place sur le fonctionnement de la justice qu’ils jugent lent dans le traitement des procédures impliquant des personnalités de l’ancien régime du Président Macky Sall.
Le professeur agrégé de Science politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis se démarque des critiques de certains partisans du régime en place sur le fonctionnement de la justice qu’ils jugent lent dans le traitement des procédures impliquant des personnalités de l’ancien régime du Président Macky Sall. Interpellé sur ce débat hier, dimanche 13 avril lors de son passage à l’émission Objection de la radio Sudfm (privée), Maurice Soudieck Dione a été clair. Quoique admettant que «la justice est rendue au nom du peuple sénégalais », il a précisé que « cela ne veut pas dire que la justice est rendue de manière populiste ». « La justice n'est pas un justicier. Il ne faut pas oublier que l'opinion n'est pas la science, et comme dit Gaston Bachelard, l'opinion a un droit d'avoir toujours tort. Ça veut dire que la justice ne va pas fonctionner sous le diktat de l'opinion, parce que l'opinion est par nature capricieuse et instable, fluctuante et mouvante », a-t-il souligné. Sous ce rapport, il a recommandé une méfiance absolue du populisme dans le traitement des dossiers judiciaire.
« Les procédures judiciaires doivent être respectueuses des droits et libertés des mises en cause, et de ce point de vue, il faut absolument se méfier du populisme, parce que comme disaient les anciens à travers cet aphorisme, « l'application excessive du droit conduit fatalement à l'injustice »
Poursuivant son analyse, l’enseignant agrégé en Science politique a également souligné qu’il ne faudrait pas oublier que l'opinion peut être facilement manipulée, comme l'ont exprimé avec beaucoup de pertinence tous les théoriciens de la psychologie sociale, comme Gustave Lebon, comme Gabriel Tarde, comme Serge Tchakhotine dans « Le viol des foules par la propagande politique » publié en 1939, où il parle de cette « théorie de la seringue hypodermique ».
« Donc il faut naturellement se méfier des pressions populaires et populistes sur la justice, et que la justice, certes, doit être une justice efficace, une justice diligente, mais aussi une justice respectueuse des droits et libertés des mis en cause, parce qu'autrement ce n'est plus une justice. Eh bien, on entre dans une optique où la justice devient un justicier, un bras vengeur etrevanchard. Et de ce point de vue-là, on n'est plus dans la justice, mais on est dans le règlement de comptes », a-t-il conclu.
De la "théorie de la seringue hypodermique"
La "théorie de la seringue hypodermique" postule que le message propagandiste est reçu passivement par les individus, sans résistance ni esprit critique, comme une injection directe dans le subconscient. Tchakhotine s’appuie sur les méthodes utilisées par les régimes totalitaires, notamment le nazisme, pour démontrer l’efficacité redoutable de ces techniques. Il s’insurge contre l’utilisation de la science au service de la manipulation idéologique. Pour lui, seule une éducation à l’esprit critique et une presse libre peuvent immuniser les sociétés contre ces dérives. Son œuvre reste d’une étonnante actualité à l’ère des réseaux.