«ON NE PEUT PAS ATTEINDRE L’EMERGENCE AVEC UN TAUX DE CROISSANCE DE 7 A 8%»
MODOU DIAGNE FADA DEMONTE LE PLAN SENEGAL EMERGENT
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Le ministre de l’Economie et des Finances a rencontré hier les députés membres de la commission des finances de l’Assemblée nationale. En prélude au prochain groupe consultatif de Paris, les parlementaires ont exprimé leurs points de vue sur le Plan Sénégal émergent (Pse) qui leur a été présenté. Le président du groupe parlementaire de l’opposition a souligné son inquiétude quant à l’atteinte des objectifs en 2017. Selon Modou Diagne Fada, il est impossible d’atteindre l’émergence avec le taux de croissance de 7 à 8% fixé par l’Etat du Sénégal.
Plus que quelques semaines avant la tenue du groupe consultatif de Paris, où le président de la République et le ministre de l’Economie et des Finances présenteront le Pse auprès des bailleurs. Le Sénégal qui recherche un gap de financement de 2.964 milliards de F Cfa compte sur l’appui des partenaires techniques et financiers à hauteur de 1.853 milliards et sur le secteur privé pour 1.111 milliards de F Cfa.
Les députés qui ont pris connaissance des principaux axes de ce programme de développement ont exprimé certaines inquiétudes quant à l’atteinte des objectifs fixés par l’Etat. Selon Modou Diagne Fada, le Pse présente des incohérences. «Nous avons de nombreuses inquiétudes concernant ce Pse, même si nous saluons l’initiative du ministre. A partir de maintenant, on sait au moins à quoi s’en tenir. On ne parle plus de ‘’Yoonu Yokkuté’’ ni de Stratégie nationale de développement économique et social (Sndes), on parle maintenant du Plan Sénégal émergent. On a tergiversé pendant 18 à 19 mois avant, apparemment, de trouver ce plan-là qui nous a coûté excessivement cher», souligne l’ex-ministre de la Santé. Le député libéral estime que l’Etat devrait se limiter à l’expertise nationale pour un plan moins coûteux et beaucoup plus adapté aux réalités et au contexte sénégalais.
«Personnellement, l’orientation trop sociale du gouvernement m’inquiète»
Pour le président du groupe parlementaire Libéral et Démocratique, le Pse qui s’étale jusqu’en 2035 va durer plus de 20 ans et plusieurs régimes se succéderont certainement au pouvoir. «L’habitude que nous avons ici, c’est que chaque régime vient avec sa stratégie et sa politique économique. Ce qui veut dire que toutes les projections qui sont faites jusqu’en 2035 vont avoir des difficultés à être tenues. De plus, tout le monde sait que pour arriver à une émergence il faut un taux de croissance à deux chiffres pendant au moins dix ans. Les plus optimistes parlent de 7 à 8% d’ici 2017, et on sait qu’avec un taux de 7% on ne peut pas décoller ni arriver à l’émergence», tempère-t-il. «Je vois que les autorités parlent également de réduction du déficit budgétaire, alors qu’elles continuent à trop dépenser autour des programmes sociaux, de subventions de certaines denrées. Cela ne peut pas continuer. Si nous voulons avoir une véritable économie qui peut nous amener à l’émergence, il faut bien qu’on puisse arrêter ces subventions. Personnellement, l’orientation trop sociale du gouvernement m’inquiète. Ça ne peut pas marcher. Cela me semble être un frein pour le développement», ajoute Modou Diagne Fada.
Ce dernier précise également que le développement économique d’un pays passe nécessairement par la maîtrise de l’eau. «La mauvaise campagne agricole que nous avons eue cette année aura certainement un impact négatif sur le taux de croissance projeté à plus de 4% en 2013-2014», affirme-t-il.
Même s’il est de l’opposition, Modou Diagne Fada souhaite tout de même à l’Etat d’atteindre ses objectifs lors de ce groupe consultatif, pour pouvoir au moins continuer dans ses projets. «Je salue également l’option de l’ancien régime qu’ils ont adoptée, consistant à insister sur les infrastructures. Ils vont consacrer plus de 42% des financements aux infrastructures et seulement 7% à l’agriculture qui semblait être leur cheval de bataille dans le programme Yoonu Yokkuté», se réjouit-il.