RETOUR SUR LES LIEUX DU SINISTRE
INCENDIE DE LA MEDINA, UN AN APRES
03 mars 2013, 03 mars 2014, il y a juste un an, jour pour jour, qu’un incendie d’une rare violence emportait neuf (9) enfants dont sept (7) talibés ainsi qu’un brûlé grave à la rue 19x6 de la Médina. Les victimes sont tous des enfants dont le plus âgé n’avait que 12 ans. un an après, les mesures de fermeté annoncées par le Chef de l’Etat pour que jamais pareil situation ne se produise errent dans le vent.
Le lourd bilan du sinistre qui s’est déclaré dans la nuit du dimanche 03 à lundi 04 mars 2013, s’explique en partie, par le fait que sur place, les maisons sont tellement enchevêtrées qu’il serait même difficile pour une moto de s’y faufiler.
En atteste, les sapeurs-pompiers alertés à 23 heures 26 minutes, ont eu du mal à accéder au lieu du
sinistre. Il leur a fallu casser un mur et enlever les grilles de protection d’une maison mitoyenne
pour aboutir aux flammes. Car, «Le pompier s’adapte par rapport à la situation. Ce n’est pas parce que c’est difficile d’accès que nous allons croiser les bras, nous avons usé de nos capacités
professionnelles pour aboutir aux flammes. Nous avons mobilisé beaucoup de moyens humains et
beaucoup d’engins d’incendie. Le feu a été maîtrisé à 00 heures 38 mn», avait déclaré alors le capitaine Bâ, commandant de la 11ème compagnie des Sapeurs-pompiers.
Cette maison en baraque nichée entre de grands bâtiments en dur, comptait 11 chambres en plus d’un hangar où dormait la quarantaine de «talibés» dont les 7 victimes. De même, le taudis accueillait
également deux familles d’origine guinéenne, des familles sénégalaises mais aussi un couple d’handicapés moteurs qui ont pu échapper aux flammes, grâce au courage des voisins. Au total, ils étaient entre 60 à 70 à se réveiller chaque jour dans cette maison de fortune.
Venu s’enquérir de la situation, Macky Sall avait annoncé des mesures draconiennes. Alors mis
au parfum par le Commissaire de police du 4ième arrondissement, Mme Aïssatou Ndiaye, le président
de la République, dans l’optique du «plus jamais ça» avait décliné une série de mesures allant dans le
sens de mettre un terme à l’exploitation des enfants par la mendicité, notamment des jeunes talibés,
mais aussi et surtout, un encadrement plus strict des daaras.
Mieux, se voulant clair et précis, Macky Sall qui avait affirmé n’avoir rien contre la charité, qui est recommandée par toutes les religions révélées, avait lancé: «Nous sommes contre la mendicité des enfants. Nous ne tolérerons plus que des gens organisent la mendicité, au nom de l’Islam, jusqu’à entrainer la mort d’enfants comme on l’a vécu avec la perte de 9 talibés! Je dois dire que nous ne sommes pas contre la charité mais nous sommes contre la mendicité des enfants. Il faudra organiser la charité (…)».
Et, «cette situation, cet enclavement et les conditions dans lesquelles ces enfants vivent dans cet espace montrent que des mesures urgentes seront prises pour sécuriser les populations, surtout des mesures très fortes pour mettre un terme à l’exploitation des enfants, surtout des jeunes talibés exploités sous le prétexte de l’islam », avait décrété le président de la République.
D’ailleurs, avait ajouté le chef de l’Etat, le gouvernement ayant pris un «certain nombre de mesures qui sont en application présentement », «sera obligé d’intervenir et d’identifier partout où des sites comme celui-ci existent qu’ils soient fermés et que les enfants soient récupérés et remis soient à leurs parents lorsqu’ils en ont la possibilité de leur garde et ceux venus de la sous région remis aux leurs, en concertation avec les autorités des pays concernés», avait-il averti. Et, «le Premier ministre et le gouvernement communiqueront dans les prochains jours. Il s’agira de soutenir des établissements qui répondent aux normes et de fermer les autres», avait garanti Macky Sall.
Un an après, il n’en est rien. Ces mesures de fermeté annoncées par le premier des Sénégalais
résonnent encore. Des centaines, voire milliers, d’enfants de la rue et des talibés, vêtus de haillons, mal chaussés ou pieds nus, continuent de squatter les grandes avenues, boulevards, rues et feux-rouges de la capitale à la recherche de pitances, pardon, de versements quotidiens, dans l’indifférence totale.
Pis, 82,5% de la population de Dakar considèrent la mendicité des enfants comme le 3ième problème
social au Sénégal, selon un sondage de l’UNICEF publié en décembre 2013. Pourtant, les textes (loi, Convention, Charte) pour l’encadrement et la protection des enfants existent déjà. Ils ne souffrent que de l’ineffectivité de leur application, du ‘’maslah’’ et du lobby maraboutique.