ME EL HADJI DIOUF «ALLUME» LES CHAMBRES AFRICAINES
PERQUISITION AUX DOMICILES DE HABRÉ
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C'est un Me El Hadji Diouf, toutes griffes dehors, qui s'est entretenu, hier, avec la presse, à propos de l'affaire Hissène Habré qui a connu un coup d'accélérateur, ces derniers jours. Il a assimilé la perquisition effectuée aux domiciles de son client de «grand banditisme».
C’est un violent réquisitoire que Me El Hadji Diouf a fait, hier, à l’endroit des Chambres africaines extraordinaires, après que les domiciles de son client, Hissène Habré, ont été perquisitionnés et qu’il a été malmené par les policiers qui lui ont refusé l’accès des maisons de l’ancien homme fort de Ndjamena.
Pour le tonitruant avocat, ce qui s’est passé, mercredi dernier, aux domiciles de l’ancien Président tchadien était tout, sauf de la perquisition. «Ces Chambres sont vraiment extraordinaires. La perquisition obéit à des règles. Ce n’était pas de la perquisition, mais du grand banditisme. Ce dossier est un dossier fou. Il pue la corruption, la soumission servile, le colonialisme, l’impérialisme», tonne Me Diouf.
Faisant dans la dénonciation, le leader du Parti des travailleurs et du peuple (Ptp) – qui précise avoir été briefé par Hissène Habré sur les conditions dans lesquelles s’est déroulée la perquisition - assène : «De 7 heures du matin à 19 heures, ils ont empêché à mon client de manger, de boire, d’aller aux toilettes, de faire ses ablutions, de prier. Ils étaient encagoulés. Ils ont cassé des coffres-forts, parce qu’ils croyaient trouver de l’argent. Ils ont pris l’or de Mme Habré. Mais également des ordinateurs d’élèves et d’étudiants. Ils savaient qu’ils allaient violer les droits de Habré, c’est pourquoi ils se sont opposés farouchement à ma présence dans les deux demeures de Habré. Ils n’avaient pas de mandat».
Et d’enfoncer le clou: «Il y avait des bandits dans les deux maisons de Habré qui ont empêché à ses enfants qui revenaient de l’école d’entrer. Ils ont même empêché à Mme Habré d’assister à leur soi-disant perquisition.
Aucun droit-de-l’hommiste n’a élevé la voix pour dénoncer la violation des droits de Habré. C’est pourquoi je n’ai aucun respect pour ces gens-là». Selon Me Diouf, c’est Idriss Déby qui est derrière les misères qui sont faites à son client. «Qui paye commande. Il paye tous les salaires des juges et du personnel des Chambres africaines qui sont vraiment extraordinaires. De même que les perdiems et les frais d’hôtel. S’il y a bien un criminel, c’est bien Idriss Déby. Les juges n’osent pas interpeller Déby, parce que c’est qui les paye. Tous les ennemis de l’islam sont avec Déby qui est un franc-maçon», argumente l’avocat qui assure que le verdict a déjà été écrit par l’actuel Président tchadien.
Très en verve, Me El Hadji Diouf annonce qu’ils vont mener une campagne de sensibilisation, «pour alerter l’opinion», mais aussi porter plainte contre X, arguant qu’«il y a des bandits qui se sont infiltrés dans les maisons de Habré et qui ont fait des actes de violences, même sur son avocat».
«C’est la stratégie du silence et de mépris de Habré qui les a rendus fous et déstabilisés. On nous tue, on ne nous déshonore pas», conclut Me Diouf.