«LES PROFESSEURS D’UNIVERSITE AU SENEGAL GAGNENT 5 FOIS PLUS QUE LES PROFESSEURS D’UNIVERSITE AUX USA»
LA BANQUE MONDIALE INVITE L’ETAT A REVOIR EN BAISSE LE SALAIRE DES ENSEIGNANTS DU SUPERIEUR
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La Banque mondiale voudrait que l’Etat rationnalise la masse salariale de certains de ses agents. Elle ne comprend pas que le Sénégal se dise pauvre alors qu’un professeur d’université y gagne un salaire qui quintuple celui de son collègue servant dans la première puissance de la planète.
La Banque mondiale (Bm) s’inquiète des salaires «élevés» que l’Etat paie aux professeurs d’universités. Vera Songwe, directrice de la Bm au Sénégal l’a dit, hier, devant son Directeur général Bertrand Badré, qui terminait une visite de 48 heures à Dakar. «Les professeurs sénégalais à l’université gagnent cinq fois plus que les professeurs à l’université aux Etats unis», a regretté Mme Songwe. Une situation que son Dg a trouvée insensée. Pour M. Badré, il n’est pas concevable d’allouer autant de ressources à un corps si minime surtout dans le contexte macroéconomique actuel.
«Dans un contexte de ressources rares, il faut se poser la question à savoir si c’est la meilleure allocation de consacrer autant de ressources sur des différents seuils de rémunération pour une population somme toute assez étroite. Est-ce que ça fait du sens?», a-t-il demandé alors qu’il faisait face à la presse en début d’après-midi.
Vera Songwe pense que l’Etat a tout intérêt à revoir cette rémunération à la baisse. Et au plus vite. «Le Sénégal a réussi les Omd en augmentant l’accès à la scolarité, ce qui veut dire que d’ici 10 ou 15 ans, nous aurons une population assez forte à l’université donc il va falloir augmenter le nombre de
professeurs. Et à ce rythme-là, le budget de l’Etat ne pourrait jamais supporter des salaires aussi élevés.
Donc, il faut revoir ça», a fermement indiqué Mme Songwe. La cause d’une telle situation est considérée comme une générosité excessive de l’Etat du Sénégal qui, semble-t-il, a trop souvent cédé aux revendications syndicales. «Le problème qui est encore plus important, c’est que dans ces rémunérations, le salaire de base n’est pas très élevé, c’est des primes et des indemnités qui créent des différences et des inégalités qui ne sont pas nécessairement les meilleures», a tenu à préciser la directrice des opérations de la Bm pour le Sénégal.
Et selon elle, l’enseignement supérieur n’est pas le seul secteur où on retrouve ce problème. «C’est la même chose dans le corps de la santé. Et aujourd’hui, ce que nous avons au Sénégal, c’est dans différents corps, des indemnités et des incitations différentes», a-t-elle ajouté.
La Banque mondiale invite ainsi l’Etat du Sénégal à revoir la manière dont elle rémunère les enseignants du supérieur. Le Dg estime que ce n’est simplement pas une bonne décision. «Dans un contexte de ressources rares, le budget du pays est contraint, la capacité de la Banque mondiale et des autres institutions sont limitées. L’éducation primaire, secondaire et universitaire sont des sujets très importants. Alors, estce que c’est la bonne allocation des ressources? Notre avis est que probablement non», a déclaré M. Badré.