LE PIT NOTE MACKY SALL
GESTION DE LA CASAMANCE, FINANCES, DÉCENTRALISATION
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Le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) a fait de graves révélations sur la situation sécuritaire du pays. Les camarades de Dansokho accusent les Etats Unis de vouloir instrumentaliser les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) pour obtenir les bases maritimes de Casamance qu’ils ne cessent de convoiter, pour mieux assurer leur contrôle sur le Golf de Guinée, à l’image des Français au Mali. Le Pit interpelle les autorités sur les risques du rapprochement sécuritaire avec les Occidentaux.
Si les révélations faites par le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) s’avèrent réelles, la situation est grave. Dans leur rapport du secrétariat du bureau politique, Maguette Thiam et ses camarades soutiennent que les Etats Unis veulent instrumentaliser le conflit en Casamance pour avoir les bases maritimes de cette zone. «En prime, nos choix de coopération militaire et sécuritaire font du Sénégal une cible potentielle des «jihadistes », tout en ouvrant la perspective que les Etats Unis se servent des factions armées du Mfdc comme le fait la France avec le Mnla, comme monnaie d’échange pour obtenir les bases maritimes de Casamance qu’ils ne cessent de convoiter, pour mieux assurer leur contrôle sur le Golfe de Guinée», lit-on dans le communiqué du Pit.
Poursuivant, les camarades de Maguette Thiam estiment que «le choix des Etats Unis, qu’une des factions armées vient de faire, publiquement, pour abriter d’éventuelles négociations de paix avec le Sénégal, et même y organiser les «Assises inter- Mfdc», qu’elle présente comme «préalable» aux négociations, confirme les craintes ci-dessus évoquées de voir les Etats Unis instrumentaliser le conflit».
Pour eux, l’attitude bienveillante de la France et des USA visà- vis des factions armées du MFDC constitue une lourde menace pesant réellement sur l’intégrité du territoire sénégalais. De ce fait, le Pit regrette le rapprochement des positions sécuritaires de nos autorités avec celles de Français et des Américains, au risque de voir notre pays «marginalisé» dans la sous région en plus des «relations tendues entre notre Président et celui de la Gambie, et celles difficiles avec la Mauritanie du fait de problèmes liés à la gestion de notre frontière maritime.»
Sur la gestion du dossier casamançais, Maguette Thiam et ses amis dénoncent la situation de «ni paix, ni guerre» engendrée par les factions armées, favorables aux développements d’activités criminelles parallèles de tous genres. A leurs avis, les nouvelles autorités semblent quelque part avoir reconduit la «démarche d’inter-médiation», héritée de Wade, dont les principaux acteurs tournent autour du cercle restreint des cadres originaires de la Casamance.
Les cocos de Khar Yalla dénoncent aussi le fait que «les autorités permettent à la France d’entretenir sur son sol, les éléments les plus radicaux du Mfdc».
LES «ACTIFS» DE MACKY
Appréciant le bilan d’étape de Macky Sall à la tête du pays, le parti de Amath Dansokho estime que l’actif aura été les efforts pour la transparence et la fin de l’impunité. C’est ainsi qu’il se félicite de l’activation de la Crei, la création de l’Ofnac, le renforcement des compétences de l’Inspection Générale de l’Etat par la dotation du pouvoir d’auto-saisine et du droit de rendre directement publics ses travaux, le renforcement des compétences de la Cour des Comptes, avec l’extension de ses compétences de contrôle à la gestion de la présidence de la République.
Ibrahima Sène et Cie citent aussi le traitement judiciaire de l’«affaire Bethio Thioune», la traduction devant les juridictions compétentes de gradés et de non gradés dans les rangs des forces de sécurité, pour des délits de droits communs, de maltraitance de suspects, ou de tortures et même «l’ouverture d’informations judiciaires» dans des affaires de violence dans lesquelles des proches du Chef de l’État sont impliqués.
LES «PASSIFS»
Toutefois, il dénonce le déséquilibre entre les pouvoirs et le fait qu’à tout moment, le président de la République peut «influer sur les poursuites et même sur les décisions du juge en vertu des pouvoirs qu’il détient directement sur la carrière des Magistrats». Aussi, déplore-t-il «un déséquilibre institutionnel qui risque de s’aggraver, dès le lendemain des élections locales du 29 juin, puisque le Chef de l’Etat prendra le contrôle total de l’Assemblée nationale, dès la fin de juillet, en vertu de son pouvoir de dissolution de cette Institution, de façon unilatérale, à volonté, après les deux premières années du mandat de cinq ans des députés».
Ainsi, ils invitent à la mise en oeuvre des propositions de la commission nationale de réforme des institutions (Cnri).
LE SÉNÉGAL ATTEINT PAR LE «SYNDROME DE L’ENDETTEMENT»
L’autre critère de mesure de l’efficacité des politiques publiques, écrivent-ils, c’est le Déficit budgétaire et l’ampleur des charges budgétaires de la Dette publique. Selon les «cocos» de Khar Yalla, le Déficit budgétaire demeure élevé car atteignant 5,4% en 2013, même s’il est en baisse par rapport aux 5,6% de 2012. Les charges de la dette publique, regrettent-ils, se sont alourdies de 358,5 milliards en 2011 à 4012, 97 milliards en 2013, et atteignent 523,4 milliards à payer dans la Loi des Finances de 2014 !
L’ampleur de ces charges, poursuivent les camarades de Dansokho, est à mesurer par rapport aux emprunts de l’Etat pour financer son déficit. «Ils ont été respectivement de 373,25 milliards en 2013 et 544,1 milliards en 2014 ! Le Sénégal est ainsi atteint par le «syndrome de l’endettement », où un Etat emprunte pour payer sa dette, et non plus pour financer son économie.
L’état des finances publiques peu reluisantes héritées de Wade imposait comme défi, selon Magatte Thiam et Cie, aux nouvelles autorités de l’Alternance du 25 Mars de les sortir de l’ornière. «Au résultat, ces dépenses qui étaient de 355,9 milliards en 2011, ont effectivement chuté en 2012 à 320,5 milliards, (soit une réduction de 35,4milliards), avant de remonter à 381,3 milliards en 2013, (soit une augmentation de 60,8 milliards) et d’être programmés à 388 milliards pour 2014, dépassant ainsi largement le niveau décrié de 2011 sous Wade !».
La réduction de l’Impôt sur les Revenus en 2013 a été compensée, déplorent-ils, par la hausse de l’Impôt sur les Bénéfices (IS) qui est passé de 25% à30%, et par celle des prélèvements sur les produits pétroliers, qui sont passés de 187,2 milliards à 193,8 milliards entre 2012 et 2013 !
ACCROISSEMENT DES DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES DES POPULATIONS
L’Ucad et le Coud entre 2012 et 2013 en ont fait les frais. Le Secrétariat politique du Parti de l’Indépendance et du Travail a révélé que le budget de l’Ucad est passé 24,95 milliards à 20,38 milliards, tandis que celui du Coud est passé de 19,9 milliards à 16,6 milliards, «en dépit de l’augmentation drastique du nombre d’étudiants dans la période».
Dans le secteur rural, poursuivent- ils, la baisse des subventions pour l’engrais et les semences en 2013, a sevré bon nombre de producteurs à faible revenu de ces facteurs de production, au point de générer un stock invendu d’engrais que l’Etat a offert généreusement à la Guinée Bissau, plutôt que de les mettre à la portée des bourses des petits producteurs ! Ils expliquent que la campagne agricole de cette année est rendue doublement difficile par la baisse des productions, notamment en mil, et la mauvaise campagne de commercialisation des arachides.
En guise de conclusion, ils indiquent que «globalement l’année 2013 s’est terminée sur un accroissement des difficultés économiques et sociales, devenues insoutenables pour les populations, du fait du niveau «exorbitant» des Dépenses de train de vie de l’Etat, du retrait de cet Etat dans le soutien des productions agricoles, même si des avancées certaines sont à noter dans l’élevage, illustrées par son taux de croissance de 3,7%.
«VÉRITABLE RÉGRESSION DE LA DÉCENTRALISATION»
Par ailleurs ils considèrent que les attentes des Sénégalais en matière d’approfondissement de la décentralisation n’ont pas été prises en compte dans l’acte 3 de la décentralisation. «En effet, la suppression des régions comme collectivité locale a enlevé aux citoyens concernés le droit acquis depuis 1996 d’élire ceux qui doivent prendre en charge le développement local dans les régions. De même, les Villes sont soit vidées de toute compétence, au profit de la Commune Départementale, comme c’est le cas à Thiès et Rufisque ou bien elles échappent aux citoyens n’élisant plus directement leur conseil ! C’est donc à une véritable régression de la Décentralisation que nous assistons, doublée d’un affaiblissement en moyens de financement », pestent-ils.
S’agissant des élections locales, le Pit est favorable à un rassemblement de la coalition Benno Bokk Yakkar. Mais à leurs yeux, «L’Apr, piquée par le «virus de l’hégémonisme», veut aussi conquérir les 26 Communes et 91 communautés rurales entre les mains de BSS depuis 2009, une circonstance qui risque de sonner la fin de la stabilité du pays, dans un contexte et avec un bilan d’étape pas totalement favorables à la coalition BBY». De ce fait, ils n’écartent pas l’idée d’appeler massivement à un vote utile pour éviter qu’une seule formation politique ait une mainmise exclusive sur toutes les collectivités locales «même si c’est en perspective d’un second mandat pour le Président Macky Sall...»