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"JE NE ME DÉROBERAI PAS"

La maire socialiste de Podor Aïssata Tall Sall a laissé entendre, ce dimanche 11 mai, qu’elle sera candidate pour le poste de secrétaire général du Ps. "Je ne me déroberai pas, si la base m’investit", a-t-elle déclaré.

Candidate à sa propre succession à la tête de la mairie de Podor, Aïssata Tall Sall du Parti socialiste (Ps) n’en reste pas moins intéressée par la bataille pour la direction de sa formation. Celle-ci se profile avec le congrès des Verts fixé du 23 mai au 1er juin prochain. Invitée de l’émission "Objection" (Sud Fm), ce dimanche 11 mai, l’avocate a déclaré à propos de son éventuelle candidature pour la succession d’Ousmane Tanor Dieng, patron des socialistes depuis 2000 : "Je ne me déroberai pas."

Cependant se voulant "légaliste", elle s’est empressée d’ajouter que la décision appartient à la base, la coordination régionale de Podor, seul organe habilité à porter sa candidature, le cas échéant. "J’irai aussi loin que le combat (politique) me mènera", a-t-elle confié.      

Pourquoi un congrès à la veille des Locales ?

Mais la tenue du congrès du Ps à la veille des Locales pose question à Aïssata Tall Sall. "Quelle est l’opportunité de se disperser au moment où beaucoup de maires socialistes jouent leur survie politique ?" interroge-t-elle. À la relance interrogative de Baye Oumar Guèye, animateur de l’émission, "Y a-t-il anguille sous roche ?", la maire de Podor donne sa langue au chat tout en martelant ses "appréhensions".

La responsable socialiste est d’autant plus sceptique que "beaucoup de coordinations Ps (instances qui valident les candidatures pour la direction du Ps) n’ont pas fini leurs renouvellements". Si la future direction socialiste est mise en place dans ces conditions, aura-t-elle la légitimité pour mener la barque verte à bon port ? "C’est l’alpha et l’oméga de la question", a-t-elle indiqué.

Mais bien que souhaitant que le Comité central du Ps de mercredi prochain décide de reporter le congrès, Aïssata Tall Sall se dit prête à se "plier à la décision de la majorité" au cas où le calendrier initial (23 mai au 1er juin) est maintenu pour l’élection du nouveau secrétaire général des Verts.

"Benno, un géant aux pieds d’argile"

Pour l’heure, la maire de Podor mobilise son énergie pour les Locales. "Je suis candidate, je conduis la liste majoritaire (constituée autour du Ps).  C’est ma responsabilité, et j’ai un bilan à défendre", a-t-elle clamé. Tout en fustigeant la fissure au niveau de Benno bok yakaar, qui va la pousser à affronter un candidat issu de cette coalition présidentielle, Racine Sy (soutenu par l'Apr).

Me Sall s’est dit "déçue, mais pas surprise" par cette situation. Laquelle, de son point de vue, est de toute façon une preuve que "le Ps n’était pas bien accepté’’ dans la coalition et que Benno est "un géant aux pieds d’argile".

La députée a confié avoir toujours pensé que la coalition autour de Macky Sall au second tour de la présidentielle de 2012, n’irait pas au-delà de ce scrutin. Malgré tout, lorsque l’idée d’aller ensemble aux Législatives avait été émise en son sein, elle y a adhéré sans réserve. "Il fallait donner au chef de l’État une majorité", justifie-t-elle en défendant que le compagnonnage devait en revanche s’arrêter après la conquête de l’Assemblée nationale.

Les choses ne se passeront pas ainsi. Malgré les réserves sur la pertinence de l’architecture, la coalition Benno est maintenue. Mais l’unité ne tiendra pas longtemps. Les dissensions internes se font plus audibles. Certaines icônes (Idrissa Seck, Youssou Ndour, notamment) ayant claqué la porte avec fracas pendant que des partis comme la Ld et le Pit ratent rarement une occasion de critiquer sévèrement la gestion de Macky Sall.

Les dissensions notées au sein de Benno en vue des Locales ne sont donc, aux yeux de la maire de Podor, que la démonstration que cette coalition n’était pas faite pour résister au temps et aux ambitions personnelles de certains de ses membres.

"Après les Locales, une page va se tourner"

Dans la dernière demi-heure de l’interview accordée à Sud Fm, Aïssata Tall Sall a abordé les questions nationales : situation du monde rural, Plan Sénégal émergent, Casamance, etc. La maire de Podor, dans sa posture de "ni opposant ni courtisan", a invité Macky Sall à redoubler d’efforts, à "satisfaire la demande sociale", non sans esquisser des solutions.

Une façon pour elle de se projeter vers la présidentielle de 2017 ? La responsable socialiste esquive. Préférant se garder d’évoquer cette échéance, mobiliser son énergie pour les Locales. Une élection charnière de son point de vue.

"Au lendemain des Locales, une page va se tourner, clame-t-elle. De nouvelles forces vont émerger. Cette élection a montré comment les états-majors ont échoué à domestiquer les bases. Il faudra tenir compte de cela."

ifall@seneplus.com