MARY TEUW NIANE AU BANC DES ACCUSÉS
CRISE À L’UNIVERSITÉ GASTON BERGER

Pur produit de l’université sénégalaise, Mary Teuw Niane cristallise paradoxalement une aversion de la communauté universitaire. Depuis sa nomination au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, toutes les crises lui sont attribuées à cause de sa gestion jugée «solitaire».
L’Université Gaston Berger de Saint-Louis, qu’il a dirigée pendant un long moment, traverse des moments troubles.
Après la décision des étudiants de déserter le campus et les explications récentes du recteur, les professeurs membres du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) pointent un doigt accusateur sur le ministre de l’Enseignement supérieur considéré comme «responsable de cette situation» à cause de sa gestion.
A travers un communiqué publié après l’Assemblée générale tenue par la section Saes-Ugb, les enseignants étouffent de colère et indexent l’ex-recteur de leur institution.
Ils disent, en effet, avoir constaté «avec regret le blocage de toutes les activités pédagogiques dans les différentes universités sénégalaises. Cette situation s’explique par un ensemble de facteurs prévisibles que sont la massification incontrôlée des effectifs, l’insuffisance des infrastructures pédagogiques, le déficit en enseignants, et les grèves récurrentes des étudiants».
Soutenant avoir alerté depuis le 20 novembre sur les risques de pourrissement et la situation alarmante qui hypothèque l’an- née universitaire, ils rappellent qu’ils avaient attiré l’attention de l’opinion publique sur les risques d’instabilité pesant sur cette année.
«La situation qui prévaut actuellement dans les différentes universités est due uniquement aux méthodes cavalières du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche dont la seule finalité est la remise en cause du principe inaliénable de l’autonomie des universités», dénonce le Saes.
Pour étayer leurs arguments, le syndicat du supérieur évoque «l’examen et l’adoption en Conseil des ministres du projet de loi sur la gouvernance universitaire sans aucune concertation».
Par ailleurs, le Saes «condamne avec la dernière énergie les méthodes utilisées par le Professeur Mary Teuw Niane à savoir l’absence de concertation sur les décisions majeures notamment l’orientation des étudiants, la loi sur la gouvernance des universités et l’accaparement des prérogatives des universités en violation des lois et règlements en vigueur».
Il dénonce en outre les conditions difficiles de travail des étudiants, des enseignants et des personnels administratifs et techniques et de service, et «la mise sous le boisseau» des accords qu’il avait signés avec le gouvernement.
«Nous dégageons toutes responsabilités dans la crise actuelle et ses éventuels prolongements sur le déroulement de l’année académique», annonce le Saes.