POLICE CONTRE GENDARMERIE
SANCTIONS APRES LA VIREE D’OUMAR SARR EN MAURITANIE
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Ça grogne dans les rangs des policiers. La Police n’apprécie pas de payer pour une faute qu’elle n’a pas commise. Elle pense que c’est à la Gendarmerie nationale d’assumer l’entière responsabilité du voyage d'Oumar Sarr en Mauritanie, car ayant fait preuve de faiblesse dans une zone qui est la sienne.
La visite du Coordonnateur du Parti démocratique sénégalais (Pds), Oumar Sarr, en Mauritanie, n’a pas encore fini de livrer ses secrets. Au ministère de l’Intérieur, le limogeage du Directeur général de la Police nationale et du Directeur de la Police de l’air et des frontières a laissé un goût amer chez les limiers. Mais, le malaise semble être encore plus profond.
Les policiers sont très remontés contre les autorités. Et ça grince des dents dans leurs rangs. La raison n’est pas à chercher loin. Les hommes du Général Pathè Seck affirment ne pas être responsables de la sortie d'Oumar Sarr du territoire national. Les limiers disent avoir vécu une injustice, estimant que les vrais responsables de cette bévue ne sont autres que les gendarmes.
Les policiers disent, en fait, ne pas comprendre l’attitude des autorités qui ont décidé de sanctionner leur corps, mais pas celui de la gendarmerie.
Pour ce haut gradé, qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat, «si Oumar Sarr a pu voyager vers la Mauritanie, sans être inquiété, c’est parce que la gendarmerie n’a pas bien fait son travail». «La Police gère les villes et les points d’immigration. Tous les autres points sont gérés par la gendarmerie. Si Oumar Sarr est passé par un point obscur au niveau de la frontière, il est passé entre les mailles du filet de la gendarmerie», argumente l’officier de police.
Sur un ton dur, le policier dénonce l’attitude des gendarmes en déclarant : «Quand la Gendarmerie a arrêté des soi-disant terroristes dans ce secteur-là, ils ont vite fait d’appeler la presse et de se pavaner. Alors, ils devraient avoir l’honnêteté de comptabiliser cette faute-là».
Une autre source proche du ministère de l’Intérieur ira plus loin pour dire que, «si la Gendarmerie a été déchargée de cette affaire, c’est parce que le ministre appartient au corps des armées. La Police n’a rien à voir dans cette histoire. On n’a jamais demandé à la Police d’arrêter Oumar Sarr. Ce dernier a été interdit de sortir du territoire, pas d’y entrer. Les ordres sont formels».
Nombre d’officiers de la Police pensent que leur corps a été l’agneau du sacrifice. Une voix autorisée du Cabinet de Pathé Seck confie que «c’est parce qu’Oumar Sarr a nargué l’Etat du Sénégal, au vu et au su de tout le monde, qu’il fallait nécessairement trouver une tête à couper».
Mais, toujours selon la source, «beaucoup de personnes qui ont bénéficié de liberté conditionnelle sont souvent sorties du territoire national, sans que cela ne choque personne».
Du côté de la Gendarmerie, on bat en brèche ces accusations de la Police. Au bureau de la communication des pandores, on ne veut pas trop s'épancher sur le sujet.
Toutefois, on tient à rappeler que c’est à la Police de gérer les points d’immigration.
A en croire toujours les gendarmes, Oumar Sarr a soigneusement évité les postes frontaliers qui sont sous la responsabilité des gendarmes, car ayant voyagé à bord d’une pirogue.