LE DR ALIOUNE SARR, STOP OU ENCORE ?
FIN DU MANDAT OLYMPIQUE DU CNG EN NOVEMBRE

C’est en novembre prochain qu’expire le mandat olympique du Comité national de gestion de la lutte (Cng). Le président de cette structure d’exception, le Dr Alioune Sarr a, à plusieurs reprises, dit son souhait de passer le témoin à cette date. Mais tiendra-t-il sa promesse, à l’heure où les défis à relever sont encore immenses ?
1994-2014. Cela fait 20 ans que le Dr Alioune Sarr dirige, sans discontinuer, le Cng de lutte. Une éternité. Entre-temps, l’homme aura- t- il faut le reconnaître – apporté un souffle nouveau à la lutte ; une discipline qui se débattait dans l’informel avant que lui et son équipe n’en prennent les rênes.
Son plus grand mérite est d’avoir réussi à organiser la discipline en la dotant de textes qui lui faisaient défaut jusque-là ; puis de l’avoir élargie aux promoteurs privés. Une politique de modernisation-professionnalisation qui a permis de rendre la lutte plus attrayante et plus attractive.
Du coup, ce qui était jadis considéré comme « un sport de brutes », est devenu un véritable gagne-pain ; au même titre que le football et les autres sports de combat. C’est ainsi qu’on assistait à l’arrivée massive de jeunes lutteurs dans l’arène, preuve de l’attractivité de l’arène.
Avec la médiatisation à outrance des combats, les sponsors firent leur entrée dans la lutte qui, forte de son public, offrait désormais une belle vitrine pour vendre et faire la promotion de ses produits. Conséquence : les cachets, naguère dérisoires, connurent un coup de fouet. Pour le plus grand bonheur des lutteurs.
Un homme, Mohamed Ndao dit Tyson, fort de son slogan « Boul Faalé » et de son style « American way of life » s’engouffra dans cette brèche (la professionnalisation de la lutte), pour théoriser et vendre le concept sport-business, à coups de millions.
En 1999, lui et Manga 2 empochèrent 35 millions de FCfa, chacun, lors de leur face-à-face. Un cachet alors historique. Une première dans les annales de la lutte qui ne faisait que traduire la bonne sante de cette activité sportive. Jamais avant, un lutteur n’avait touché une telle somme dans une confrontation.
Sous le magistère d’Alioune Sarr, l’équipe nationale de lutte du Sénégal a aussi affirmé et consolidé sa suprématie dans la sous-région et même en Afrique. De la génération de Yékini à celle d’Usine Doolé, en passant par celle d’Auguste Mbagnick Sène, les « Lions » ont toujours dicté leur loi à leurs adversaires. Reste que tout n’est pas rose dans le bilan de l’actuel président du Cng et son équipe.
Ces dernières années, l’arène a été particulièrement secouée par la violence et l’insécurité. Des cas d’agression, incidents opposant partisans de camps rivaux, se sont en effet souvent invités, lors des face-à- face. Aussi, l’arbitrage a-t-il souvent été décrié par les amateurs. Toutefois, la plus grande préoccupation reste le retrait des principaux bailleurs de la lutte.
Si l’on sait le rôle combien important qu’ils jouent pour la bonne marche de cette discipline, un départ définitif de l’arène de ces sponsors serait une mauvaise chose pour, à la fois, les lutteurs et les promoteurs.
Déjà, le jeu d’échec entre les « match-makers » et les ténors relatif aux cachets est révélateur des conséquences dommageables qu’une telle décision pourrait induire pour la lutte.
Alors que l’actuel mandat de l’instance dirigeante prend fin en novembre prochain, les défis à relever restent donc importants. Le Dr Alioune Sarr qui a, à maintes reprises, promis de quitter à cette échéance, respectera-t-il sa promesse ou restera-t-il pour relever ces nouveaux défis ?
En homme de challenge, il pourrait opter pour cette seconde hypothèse. D’autant que l’appétit vient en mangeant.