"LE SOMMET DE L'OIF EST UN GRAND MOMENT INTELLECTUEL"
PENDA MBOW, REPRÉSENTANTE DU CHEF DE L’ÉTAT AUPRÈS DE LA FRANCOPHONIE
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Mme Penda Mbow, représentante personnelle du chef de l’Etat auprès de la Francophonie, a qualifié les interventions du forum de « très grands moments intellectuels ». Elle a mis en exergue l’expertise des intervenants qui « ont une expérience du développement de l’institution ».
Depuis avant-hier, vous suivez les interventions sur le colloque, quelle appréciation faites vous sur la qualité des débats ?
C’est un très grand moment intellectuel, un moment d’échanges entre sommités qui ont surtout une expérience de la Francophonie, une expérience du développement de l’institution. Et, je crois que c’est cela qui est intéressant au- delà de la réflexion intellectuelle. L’apport des uns et des autres, a porté sur ce que chacun a vécu.
Parce que cette organisation, on la voit, s’est formée. Elle s’est forgée, développée grâce à la capacité, à la générosité mais surtout à l’imagination de personnalités qui ont voulu faire de cette organisation ce qu’elle est aujourd’hui.
L’histoire de la Francophonie, c’est la rencontre d’individualités qui ont voulu créer un espace de dialogue, d’échanges, d’expertises mais surtout un espace de solidarités entre peuples qui ont eu un vécu historique, ont été liés par l’histoire à travers cette langue commune.
Et, c’est cette volonté individuelle, la rencontre de ces individualités, qui a fait ce destin collectif de la Francophonie jusqu’à ce qu’on ait l’organisation incarnée dans sa volonté politique actuelle par Abdou Diouf. Cette organisation est en train de prendre une autre orientation parce qu’on va avoir un rôle économique avec de nouveaux acteurs, les jeunes, les femmes et cela me parait fondamental.
Aujourd’hui, on a rendu hommage au président Abdou Diouf surtout par rapport à son action dans l’institution et la manière dont il l’a élevée au point de lui donner cette stature.
Ce que j’ai le plus retenu, c’est que si le président n’avait pas un vécu au Sénégal, il n’allait peut-être pas donner à l’organisation cette dimension et tout le monde l’a souligné. Les qualités exceptionnelles de l’individu aussi ont fait qu’il a pu surmonter tous les obstacles et œuvrer avec beaucoup d’humanisme pour faire de l’organisation ce qu’elle est. Aujourd’hui, la grande question qui se pose est qui après Diouf, et comment perpétuer l’héritage.
Il a beaucoup été question des défis à relever à l’occasion de ce forum. Quels sont les plus importants ?
Le défi le plus important est d’abord économique. Comment créer une plus-value à l’intérieur de cet espace francophone fondé sur une volonté réelle de développement et de solidarité ?
C’est un premier défi. Le deuxième a trait aux acteurs qui se renouvellent par les femmes et les jeunes. Il y a également les défis qui fondent même les valeurs de la Francophonie, à savoir la démocratie, les Droits de l’Homme. Tout le monde sait que les pays n’évoluent pas de la même manière, par rapport à ces valeurs. Il est donc important de tout faire pour que celles-ci soient des valeurs communes qui puissent être vécues de la même manière.
Il y a aussi le défi de la circulation dans cet espace francophone. Tout le monde se pose des questions: comment développer cette solidarité s’il n’y a pas une circulation facile à l’intérieur de cet espace ? Un autre défi que nous rencontrons, c’est par rapport à la mondialisation. Comment faire en sorte que la voix de la Francophonie puisse exister dans cet espace mondialisé où la diversité culturelle n’est pas toujours valorisée.
Je crois que nous devons valoriser cette diversité à l’intérieur de l’espace francophone et on l’a rappelé avec les discussions sur les langues nationales, la question linguistique. Tout cela doit être repensé et le renouvellement des idées doit continuer à l’intérieur de la Francophonie. L’avenir de la Francophonie, c’est un avenir très important dans l’évolution de nos sociétés.
Etes-vous rassurée et optimiste à un mois de la tenue du 15ème Sommet ?
Je suis absolument optimiste notamment quand on voit déjà tout ce que le Sénégal a fait, l’engagement du président Macky Sall, pour accueillir le sommet. Cela est le reflet même de ce que représente cette institution. Je l’ai dit, le destin de la Francophonie est intimement lié au destin du Sénégal quand on voit le rôle que notre pays a joué pour la bonne marche de la Francophonie.
On l’a dit, le Sommet de Dakar en 1989, a marqué un tournant dans l’histoire de cette institution. Beaucoup d’instruments sont issus de cette rencontre. Dans un mois, le sommet reviendra à Dakar et va encore opérer un tournant décisif dans l’organisation.
Nul doute que le Sénégal continuera à jouer un rôle important pour promouvoir le message d’espoir aux peuples de la Francophonie.