UN DISCOURS DE LEGITIMATION

L’adresse à la nation du Président Macky Sall, à l’occasion du nouvel an, est un moment de communication politique vue sous l’angle de l’échange d’informations entre gouvernants et gouvernés à travers ce canal officiel qu’est le discours du 31 décembre.
En analysant cette prestation et par souci de clarté nous nous sommes intéressés aux deux versants de la communication : la forme et le fond du discours servi par le chef de l’Etat. Du point de vue de la forme, ce sont les symboles de la République et les attributs du pouvoir qui attirent l’attention du téléspectateur calé dans son fauteuil. Comme pour annoncer la solennité du discours, la caméra va s’attarder sur la lumière tamisée, en forme de balises, au pied du bâtiment du Palais servant probablement de résidence au couple présidentiel.
Et devant cette porte donnant sur le jardin, les gardes rouges, droits dans leurs bottes, ont formé deux rangées. Puis, c’est le «Lion», l’autre symbole de la République qui dresse, par la magie de la télévision, sa crinière. Ensuite ce sont les couleurs (drapeau) de la République qui s’imposent à la vue du téléspectateur.
Ces symboles sont loin d’être fortuits. Au contraire, ils jouent le rôle de légitimation et de sacralisation du discours. Et les lignes de construction de l’image présidentielle viennent renforcer cette idée. Le Président a choisi la posture debout (verticale) pour parler à ses compatriotes. Au-delà de l’image de jeunesse qu’il a voulu servir, Macky Sall projette une dimension à la fois spirituelle et intellectuelle.
En se mettant debout, c’est comme s’il servait de cordon ombilical entre le monde divin et celui des mortels. C’est à ce niveau que réside tout le sens de l’appel au respect des valeurs léguées par les anciens qu’il a lancé. Le chef de l’Etat a utilisé, dans la communication non verbale, des gestes d’ouverture, comme les mains centrifuges, celles qui s’émancipent du corps. Il s’est aussi servi des paumes ouvertes, par souci de transparence et de partage d’idées.
La forme a aussi dévoilé un discours rassembleur qui évite les sujets à polémique. Un discours qui a respecté la charpente traditionnelle : le Président a parlé d’abord des disparus, puis des malades, puis des Sénégalais de la diaspora et enfin des forces de défense et de sécurité. C’est après qu’il a embrayé sur les félicitations aux facilitateurs dans le conflit casamançais.
Enfin, pour la réalisation de certains projets, le Président Macky Sall s’est même permis de nous servir un chronogramme. Le discours a obéi aux exigences d’un discours de fin d’année : il est court et ouvre des perspectives, sans tomber dans le piège du bilan.
Concernant le fond, le chef de l’Etat a mis l’accent sur le volet social. En annonçant, pour le privé, l’âge de la retraite à 60 ans. Sans compter les 20 milliards de la bourse familiale. Il accorde une place importante au Programme du Sénégal émergent (Pse). Le choix de parler de l’université se comprend aisément. Il a un souci de pacifier cet espace, c’est pourquoi il a félicité les récipiendaires au concours d’agrégation en faculté de médicine. Sans oublier l’Ugb qui s’est distinguée au niveau régional. Et comme cadeau de fin d’année, il annonce la construction des universités de Dakar et du Sine-Saloum.
Macky Sall a aussi fait la part belle à l’agriculture et à l’artisanat. Mais le socle de tous ces progrès, c’est l’ancrage dans les valeurs léguées par les anciens.