La Pointe des Almadies érigée en forteresse américaine
VEILLE DE LA VISITE DU PRESIDENT OBAMA A DAKAR
Un coin du voile semble s’être levé sur le lieu de résidence du couple présidentiel américain et de sa délégation, lors de leur prochaine visite à Dakar. Ce sera entre la résidence de l’ambassade américaine, l’hôtel King Fahd Palace et celui des Almadies. En vue de cette visite, c’est toute la Pointe des Almadies qui a été érigée en forteresse avec des mesures sécuritaires drastiques, au grand dam des occupants habituels.
A moins d’une semaine de l’arrivée du président Barack Obama à Dakar, les préparatifs sont à leur paroxysme. Après la fixation du planning de Barack Obama, les lieux de résidence de la délégation américaine ont été retenus. Déjà des mesures sécuritaires exceptionnelles s’y appliquent. C’est ainsi que la Pointe des Almadies est devenue une forteresse où seul flotte le drapeau américain.
A la Pointe des Almadies, n’entre plus qui veut. Un dispositif sécuritaire impressionnant a été mis en place et ce sont des gendarmes armés jusqu’aux dents qui veillent scrupuleusement à son respect. Ainsi, jusqu’à ce que Barack Obama rentre chez lui, plus aucun véhicule de transport en commun ne va dépasser l’imposante bâtisse de l’ambassade des Etats-Unis. Les minibus de la ligne 47 se voient ainsi interdits d’accès à leur garage de la Pointe des Almadies. Ils devront désormais finir le trajet devant les grilles de l’hôtel King Fahd Palace. Pour les taxis «clandos», il est interdit formellement de faire de longs arrêts. Le stationnement est désormais banni sur tout le périmètre.
Au marché de la Pointe, c’est la désolation et le dégoût qui sont les sentiments les mieux partagés. «C’est pire que ce qui s’était passé à Gorée, nous sommes bloqués dans ce trou avec un gendarme armé à chaque mètre, comme si nous étions des mal propres», se lamente Mandaw, un homme de 30 ans qui tient un commerce près de la plage de la Pointe. Pas loin de sa boutique, les restaurants qui faisaient le plein à cette heure de la journée sont tous fermés. Yaye Nabou, une dame d’âge mûr, s’affaire dans sa cuisine. Elle dit être venue pour faire le ménage. «Si avant qu’il ne vienne on nous fait vivre ça, qu’en sera-t-il à son arrivée», questionne-t-elle.
Un vendeur de «Café Touba» est assis tranquillement sur le trottoir. Il lit un recueil de poèmes écrit en Arabe. Il parle sur un ton posé, mais n’arrive pas à dissimuler la mélancolie dans ses propos. «Nous vivons toujours l’esclavage, car c’est des ‘nassaranes’ (Blancs) qui viennent chez nous dicter leurs lois. Nos principaux clients étaient ceux qui venaient avec les minibus tata. Maintenant, on ne voit plus personne. Autant rester chez soi», fulmine-t-il.
Le dispositif sécuritaire ne veut rien laisser au hasard. L’ambassade des Etats-Unis est quadrillée par des «pick-up» remplis de gendarmes. Ils sont armés jusqu’aux dents et surveillent particulièrement le groupe de femmes qui est en train de nettoyer les alentours de l’hôtel, en face de l’ambassade. Cet hôtel, c’est le King Fahd Palace. D’après nos informations, une partie de la délégation américaine y logera. Aucune information n’est fournie sur leur nombre. Ce qui est sûr, c’est que des ouvriers passent une couche de peinture fraîche sur les balises et portes d’accès. Un technicien vêtu d’un uniforme bleu agite des bras et dessine des croquis en l’air, il est en train de discuter avec un employé de l’ambassade. Après quelques minutes d’échanges, ils sont entrés dans l’ambassade pour y ressortir plus tard.
De l’autre côté de l’ambassade, il y a un autre hôtel. Celui des Almadies. Dès l’entrée, le visiteur tombe sur un véhicule de gendarmes. Un mur sépare cet hôtel de l’enceinte de l’ambassade des Etats-Unis. Approchée, une personne ressource nous apprend que 100 personnes de la délégation américaine résideront à l'hôtel des Almadies.
Rien ne filtre de l’ambassade. Même les demandeurs de visas sont priés de rester de l’autre côté de la rue sous le soleil. Ils s’assoient sur des pierres en attendant leur tour. Les Américains entretiennent toujours le mystère sur certains détails de la visite de leur président.
En attendant, c’est toutes les activités économiques de la Pointe des Almadies qui sont en veilleuse. Le Sénégal est un pays souverain, mais devant la bannière étoilée, on devient volontiers des soumis.