VENDEURS ET CONSOMMATEURS ENTRE IGNORANCE ET CRAINTES
LES TELEVISEURS A L’HEURE DU NUMERIQUE

A un peu plus de deux mois du passage de l’analogie au numérique, des conteneurs remplis de téléviseurs réformés venant d’Europe continuent d’inonder Dakar. Ils sont échangés à des prix à la limite dérisoires. Certains des vendeurs et consommateurs ignorent que ces matériels ne seront plus d’actualité, tandis que d’autres s’y lancent à leurs risques et périls. Seules les grandes surfaces vendent des téléviseurs répondant aux normes en perspective du «tout numérique».
Niarry Tally, Bourguiba, Bopp et Hlm, ces quartiers sont considérés comme de véritables dépotoirs de matériels électroménagers, surtout venant de l’étranger. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un conteneur ne soit déchargé quelque part. Dans ce bazar, on y retrouve des téléviseurs non adaptés au numérique. Ce matériel vendu à petit prix, attire des clients qui viennent s’en procurer à cœur joie. A deux mois du passage de l’analogique au numérique, certains font des affaires avec ces marchandises réformées, pour l’essentiel.
A Niarry Tally, ces postes téléviseurs sont trouvables un peu partout. Les prix varient entre 50.000 et 10.000 F Cfa. «Avoir un téléviseur n’est plus un luxe», dira le vendeur. Et de poursuivre que «les affaires, malgré la baisse des prix, ne marchent pas bien. C’est uniquement pendant les manifestations sportives comme la Can (Coupe d’Afrique des nations-ndlr), que les gens viennent en masse acheter des téléviseurs.» Interrogé sur le fait que ces téléviseurs ne seront plus aptes d’ici deux mois environ, avec le passage au numérique, Moustapha Sall répond: «je ne suis pas au courant. Je ne suis qu’un vendeur qui met à exécution les ordres de son patron.» Cette réponse est la même servie par certains vendeurs rencontrés à Bopp et Bourguiba.
Par contre, d’autres connaissent bien cette donne, mais ne croient pas à la disparition totale de ces matériels. «C’est vrai que nous allons être dans l’ère du numérique, mais je ne pense pas que ces téléviseurs puissent disparaitre. Les familles gardent ces modèles dits anciens parce qu’ils n’ont pas les moyens de se payer des écrans plats. Alors, l’Etat devra-t-il leur privé d’images? Si c’est le cas, ca sera chaotique», fait remarquer Amath Dieng, rencontré à Bopp.
Chez les consommateurs, le doute et l’ignorance planent dans les esprits. Ceux qui s’en procurent ne sont pas nantis, ils achètent ces téléviseurs juste pour satisfaire leurs progénitures, tout en gardant l’espoir qu’ils ne vont pas les perdre avec le numérique. Un sentiment partagé par ce père de famille venu aux Hlm acheter un téléviseur. «Je veux faire plaisir à ma femme et aux enfants. Même avec ces prix dans les bazars, il n’est pas évident d’avoir à un bon téléviseur, de qualité et à bon prix. J’ai acheté ce poste à 40.000 F Cfa, mais le vendeur a accepté de me le faire payer en tranche. Et je pense que c’est une bonne partie», explique Marion Mouligan rencontré au Hlm.
Concernant la disparition de ces téléviseurs analogiques au profil de ceux numériques, notamment les écrans plats, l’homme déclare que « c’est impossible, peut-être dans le long terme, oui. L’Afrique n’est pas développée comme l’Europe pour suivre la marche forcée du monde». M. Mouligan est le seul consommateur qu’on a pu approcher. Dans les autres sites, les vendeurs on refusé que l’on s’approche de leurs clients de peur de «gâter» leur commerce. Au niveau des grandes surfaces comme les boutiques agréées Samsung, LG, chez les marocains, etc. tout est à l’ère du numérique. Aucun téléviseur analogique n’est exposé dans les rayons.