LE PAQUET EN MARCHE DANS LE FOULADOU
106,5 MILLIONS DE FRANCS POUR LES ÉCOLES ÉLÉMENTAIRES

Les écoles primaires de Vélingara ont reçu leur enveloppe du Paquet. Une session de formation des gestionnaires des fonds alloués au «Paquet» s’est même déroulée à Vélingara la semaine dernière. Cela, au moment où les syndicats d’enseignants ont invité au boycott des formations continues des enseignants à travers les cellules d’animation pédagogiques.
Enfin ! L’argent du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), attendu depuis 2013, est disponible pour les écoles élémentaires du département de Vélingara.
Jeudi dernier, le préfet de la localité, Amadou Matar Cissé, a même procédé à la remise symbolique d’un chèque de 600 mille francs à l’ordre de l’école élémentaire publique Moulaye Siranding Baldé de la commune de Vélingara. Cet argent servira à dérouler des activités pédagogiques et de formation pour l’amélioration des enseignements-apprentissages en Lecture et en Mathématiques.
Le directeur de cet établissement, Alassane Diao, a informé que le Plan de travail annuel (Pta) de ladite école prévoit de motiver des volontaires qui vont dispenser des cours de renforcement en Lecture et en Mathématiques, aux heures libres des élèves.
En outre, des cellules d’animation pédagogiques internes à l’école et entre enseignants d’écoles de la commune seront organisées pour renforcer les compétences des enseignants en didactique de la Lecture et de la Mathématique. Plusieurs autres axes d’opérationnalisation du «Paquet» sont retenus par cette école.
Au total, 269 écoles primaires de Vélingara ont vu leur compte alimenté par les fonds du «Paquet», soit une enveloppe de 106 millions 473 mille 900 francs, selon l’Inspecteur de l’éducation et de la formation (Ief), El Hadji Kabiné Diané. Il a donné toutes ces informations samedi dernier en marge de la cérémonie de clôture d’une session de formation des gestionnaires des fonds destinés à l’opérationnalisation du «Paquet».
Les enseignants écartés de la gestion de l’argent du «Paquet»
807 acteurs des écoles élémentaires de Vélingara ont suivi une session de formation de 3 jours (de jeudi à samedi) sur le fonctionnement et la gestion des Comités de gestion des écoles (Cge). Ils sont issus des 269 écoles de la circonscription éducative bénéficiaires de l’argent du «Paquet», soit 3 personnes par école : le directeur et 2 parents d’élèves.
Selon l’un des formateurs, l’Inspecteur de l’enseignement, Aliou Touré, venu de Kolda, les directeurs d’école jouent le rôle de secrétaire dans les Cge et les parents sont président et trésorier. A en croire cet inspecteur en service à l’Ief de Kolda, «un nouveau décret indique que les directeurs d’école ne sont pas signataires des comptes des écoles. Ils sont ordonnateurs de dépenses et assurent le rôle de secrétaire, mais ne touchent pas à l’argent».
Alassane Diao, directeur d’école ajoute : «Les enseignants sont écartés de la gestion de l’argent. Les mouvements du compte sont assurés par le président et le trésorier du Cge. Toutes les dépenses à effectuer sont faites par une commission d’achat et les produits achetés sont réceptionnés par une commission de réception sur présentation des factures. Les enseignants ne figurent pas dans ces 2 commissions. Mieux, les dépenses ordonnées par le directeur doivent être conformes au Plan de travail annuel (Pta) et validées par le bureau exécutif.»
Mais «tant mieux», s’écrie le directeur de l’école Moulaye Siranding Baldé qui ajoute : «Cela va nous éviter de faux soupçons de détournement et va donner l’opportunité aux parents de voir de près les exigences liées à la gestion d’une école qui se veut sérieuse et ambitieuse.»
C’est une manière, selon l’inspecteur Elhadji Kabiné Diané, de «promouvoir une plus grande implication des communautés dans la gestion des établissements, dans un contexte de décentralisation marquée par la volonté de l’Etat, dans tous les secteurs, de s’appuyer sur les ressources locales pour une meilleure prise en charge des difficultés en vue d’impulser le développement à la base».
Au cours de cette formation, les 807 participants répartis dans 16 salles de classe se sont familiarisés avec le Plan de travail annuel et le Plan d’action volontariste qui, tous 2, constituent le document de référence pour faire bien fonctionner l’établissement. Le premier est financé par l’Etat (le Paquet en l’occurrence) et le second est financé par des contributions endogènes d’acteurs et de partenaires locaux.
L’autre module de la formation a trait à la passation des marchés, au rapportage, au contrôle et à la gestion des fonds. De même, il y eut une communication sur les modalités d’exécution et de suivi du budget et le remplissage des outils de planification.
«Grévistes ! Vous dites bien formation ?»
Jeudi dernier, début de la formation des enseignants de Vélingara sur le fonctionnement et la gestion des comités de gestion des écoles, était un jour de grève du Cusems et du Grand cadre des syndicats d’enseignants. Nonobstant cette coïncidence, le mot d’ordre des syndicats grévistes est le boycott des cellules d’animation pédagogiques, donc des opportunités de formation continue des enseignants à l’intérieur d’une même école ou entre écoles d’une même zone.
A la vérité, depuis le 17 février dernier, cette directive syndicale a été suivie par les enseignants. Pourquoi alors ont-ils accepté de participer à cette formation sur la gestion et le fonctionnement des comités de gestion dans le cadre du «Paquet» ?
Selon Lamarana Barry, trésorier du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels/Vélingara), «on a parlé de boycott des cellules d’animation pédagogiques, on n’a pas parlé de séminaires, c’est différent».
Le secrétaire général de la section (Sels), Hamady Gano, embraie avec le même tempo : «Ce serait une particularité pour Vélingara si nous demandions à nos camarades de boycotter ce séminaire, alors qu’ailleurs la formation est bien suivie. Il ne s’agit pas d’un mot d’ordre du Grand cadre. Les cellules ne sont pas un séminaire.»
Pour Alassane Diao, directeur d’école : «Ce séminaire entre dans le cadre d’une formation comme les cellules, il ne fallait pas participer, je le reconnais et je l’ai défendu ailleurs.»
Pour ce parent d’élève, la raison de la participation des enseignants à ce séminaire crève l’œil : «Le séminaire est rémunérateur alors que les cellules ne sont pas rémunérées, au contraire c’est l’enseignant qui donne une contribution financière pour le repas et la boisson. La réputation de cupidité des enseignants n’est pas exagérée.» No comment !
On se souvient que pendant l’année scolaire dernière, des syndicats d’enseignants avaient dénoncé l’attitude des inspecteurs de l’enseignement qui, tout en étant en grève, assurent les formations rémunérées et participent à des assemblées bien payées.