QUE VISE LE SUTSAS ?
GRÈVES RÉPÉTITIVES, RÉTENTION D’INFORMATIONS

Après évaluation faite, au lendemain de son troisième plan d’action matérialisé par une grève de 2 jours les mardi 2 et mercredi 3 juin dernier, le syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale a brandi la menace d’aller vers une rétention d’informations. Une forme de lutte à laquelle s’est frotté l’état pendant de longues années et qui a valu au Sutsas des acquis.
Même si pour le Sutsas la rétention d’informations sanitaires ne traduit pas l’échec des grèves répétées, elle semble être le seul moyen pour les syndicalistes de la santé de gagner le bras de fer avec l’état.
Si le syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale met sa menace en exécution, le système de santé du Sénégal va droit vers le pilotage à vue. Ce qui rappelle les mauvaises pages de l’histoire de la santé vécue au Sénégal plusieurs fois pendant des années.
En effet la rétention d’informations sanitaires est une arme à efficacité prouvée que les syndicats de la santé ont testé pour l’utiliser comme dernier recours. On se souvient des longues années de rétention d’informations sanitaires décré- tées en 2010 par la convergence Sutsas-Sas qui a duré trois ans.
Une arme de guerre que les syndicalistes avaient volontairement utilisé pour pousser les autorités à matérialiser les accords de 2009.Conséquences : Le bulletin épidémiologique sé- négalais n’existait plus au plan international, le Sénégal était devenu aveugle dans son système sanitaire.
Cette rétention d’information avait fortement impacté sur les relations entre l’état et ses partenaires de la santé. Certains bailleurs avaient menacé de quitter le pays parce que n’ayant pas suffisamment d’informations pour continuer à nous aider. En effet l’absence de données sanitaires empêche l’état et les partenaires de bâtir une stratégie pertinente et fiable en matière de santé.
Les nouvelles autorités à l’époque ayant reconnu les impacts de la rétention d’informations sanitaires sur le système de santé s’étaient engagées à tout faire pour que les accords signés avec le régime précédent soient appliqués. Un engagement qui avait poussé la convergence Sutsas-Sas à lever le mot d’ordre de rétentions d’informations. Et voilà que le Sustas, menace aujourd’hui de faire revivre au système de santé du Sénégal ces mauvais souvenirs.
« Le Sutsas n’a pas pour objectif de laisser les gens mourir» Après trois plans d’actions concoctés par le Sutras depuis le début de l’année, matérialisés par des débrayages, des grèves générales, une marche sur toute l’étendue du territoire, le Sustas ne serait-t-il pas aussi convaincant.
Est-ce parce que ces grèves répétitives n’ont pas impacté sur le système de santé que le Sutsas aurait opté pour la rétention d’informations sanitaires. Joint au téléphone, Mballo Dia Thiam en a profité pour répondre à ses détracteurs qui doutent de l’efficacité de leurs grèves « il ne faut pas se fier à certaines déclarations pour minimiser l’impact de notre plan d’action, à chaque fois que nous faisons des grèves cela a impacté sur le système de santé.
On ne peut se baser sur l’hôpital de Grand Yoff pour dire que notre plan d’action est sans effet, c’est un hôpital où le Sutsas ne compte que 25 membres. » Les grèves du syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (SUTSAS) ont à coup sûr occasionné des perturbations dans l’offre de soins dans certaines structures de santé si l’on en croit à Mballao Dia THIAM.
«Lors de nos deux derniers jours de grève, à l’hôpital Aristide le Dantec, la directrice a fait des réquisitions pour combler le manque de bras à cause de notre grève, à l’intérieur du pays dans les structures de santé de Thies, Ziguinchor ou Tambacounda c’était vraiment le service minimum qui était assuré avec le respect des urgences. »
Le secrétaire général du Sutsas précise par ailleurs que même si les populations ont toujours souffert des conséquences de leurs grèves, « le SUTSAS n’a pas pour objectif de laisser les gens mourir».
Tout en restant convaincu que l’état n’est pas dans une logique de les ignorer malgré leurs plans d’actions, Mballo Dia et ses camarades regrettent l’incapacité de l’état à apporter des réponses à leurs revendications « l’état est entré dans des rouages qui font qu’ils sont dans l’incapacité de régler nos problèmes ».