TCHAD : LE VOILE INTEGRAL BANNI POUR LE RAMADAN
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N'Djamena, 18 juin 2015 (AFP) - L'armée tchadienne a mené des "frappes aériennes" au Nigeria sur des positions des islamistes de Boko Haram en représailles au double attentat meurtrier commis lundi à N'Djamena, où le gouvernement a également interdit le port du voile intégral pour des raisons de sécurité. "En réaction aux actes lâches et barbares perpétrés par les terroristes de Boko Haram contre l'école de police et les abords du commissariat central de police (...), les forces armées et de sécurité ont mené ce mercredi des frappes aériennes en représailles, sur des positions de ces terroristes en territoire nigérian", a indiqué jeudi un communiqué de l'état-major. Les raids ont détruit "six bases" des islamistes et "causé dans leurs rangs de nombreux dégâts humains et matériels", assure l'état-major.
Parallèlement, le gouvernement tchadien a interdit mercredi, en invoquant des raisons de sécurité, le port du voile intégral cachant le visage, une mesure dont l'entrée en vigueur coïncide avec le début du mois de jeûne du ramadan dans ce pays majoritairement musulman. "Le port de la burqa doit cesser immédiatement à compter de ce jour, non seulement dans les lieux publics et les écoles mais sur toute l'étendue du territoire", a annoncé mercredi le Premier ministre Kalzeube Pahimi Deu dans une adresse aux leaders des différentes communautés religieuses.
Le Premier ministre fait en fait référence au niqab, un voile le plus souvent de couleur noire qui couvre le visage à l'exception des yeux. Le port du niqab est relativement courant dans les rues de N'Djamena. "Le port de la burqa, ou tout autre système de port de turban où on ne voit que les yeux: ce camouflage est désormais interdit", avait ajouté le Premier ministre, demandant aux chefs religieux de relayer le message dans leurs "prêches", "lieux de cultes" et "mosquées". Boko Haram a perpétré de nombreux attentats-suicide au Nigeria depuis six ans, utilisant notamment des femmes kamikazes dissimulant des explosifs sous leurs burqas. Le Premier ministre a précisé que "des instructions ont été données aux services de sécurité d'entrer dans les marchés et de ramasser toutes les burqas qui y sont vendues et de les brûler".
Mesures de sécurité supplémentaires
Il a prévenu que "tous ceux qui refusent d'obtempérer et qui se hasarderaient à braver la mesure en portant la burqa doivent être arrêtés, jugés en référé et condamnés (...) Des mesures supplémentaires (de sécurité) ont été prises par le chef de l'État", Idriss Déby Itno. La capitale tchadienne était déjà placée sous haute surveillance policière depuis le début de l'intervention militaire contre Boko Haram, mais cela n'a pas suffi à empêcher les attentats. Mardi, M. Déby avait estimé que ce type d'attaque était prévisible: "Je ne suis pas trop surpris puisque depuis notre engagement le 17 janvier 2015 aux côtés des pays qui sont menacés par les terroristes (Nigeria, Niger, Cameroun, NDLR), j'ai continuellement dit au gouvernement de ne pas baisser la garde".
Le Tchad a suspendu ses opérations militaires de grande envergure au Nigeria contre Boko Haram en mars, pendant la campagne de la présidentielle nigériane remportée par Muhammadu Buhari face au sortant Goodluck Jonathan. M. Déby critiquait alors le manque de coopération de l'administration Jonathan dans la lutte contre les islamistes. La donne a changé avec l'investiture fin mai de M. Buhari et les pays de la région ont annoncé que la force régionale contre Boko-Haram, longtemps annoncée et forte de 8.700 hommes, serait opérationnelle en juillet.