MANSOUR SORA WADE DÉROULE SON SCÉNARIO
Relance du cinéma, Fopica, Centre panafricain, association des cinéastes...
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Il est un enfant terrible du cinéma sénégalais. Réalisateur, producteur, scénariste, Mansour Sora Wade est l’auteur de plusieurs œuvres filmiques dont : Contrastes, Fary l’ânesse, Taal Pexx, Picc Mi, Aïda Souka, Iso lo (documentaire sur la tournée de Ismael Lô), Ndeysaan ou Le Prix du pardon, Les feux de Mansaré... Connu pour son franc-parler et son style assez particulier dans un milieu culturel gangréné entre autres maux, par la langue de bois, ce lébou, qui a fait ses humanités à l’Université Paris VIII où il a obtenu une maîtrise en cinématographie, se confie sans détour et sans tabou, sur le cinéma sénégalais et son avenir.
Le cinéma marocain est aujourd’hui une référence pour l’Afrique. Comment en tant que cinéaste, vous expliquez cette ascension fulgurante ?
(Enthousiaste) Je pense que l’expérience marocaine est une expérience très importante et il y a des pays qui s’en sont inspirés pour développer leur cinéma. Et ces pays, sont des pays européens. Je pense que le Maroc a compris très tôt que le cinéma est un vecteur d’emplois et que sur le plan économique, le cinéma pouvait apporter énormément de choses. Nous avons vu aujourd’hui les studios. Il y a énormément de films à travers le monde qui sont des films américains et qui se tournent ici au Maroc.
Pourtant on ne sait pas que c’est au Maroc. Les studios marocains sont également mis à contribution. Le Maroc a su développer son cinéma sur le plan national et international. Déjà national en créant un festival du cinéma national. Le Maroc produit au moins une vingtaine de films par an voire plus. Et puis c’est grâce au Maroc que beaucoup de cinématographies africaines sont restées debout aujourd’hui. Le Maroc a aussi su développer des relations de coproduction avec d’autres pays africains. Cela a été une priorité pour eux.
Et chose extraordinaire, le Maroc se trouve à 3h de nous (Ndlr, du Sénégal). Donc nous pouvons développer des accords de coproduction et aussi pour la postproduction au lieu d’aller en Europe. On est à 3h ! On peut quitter ici, faire un travail et retourner le lendemain. Et nous sommes dans la même atmosphère sur le plan du climat. Nous ne nous sentirons pas dépaysés.
Tout cela, ce sont des choses extrêmement importantes. En même temps, le Maroc a compris qu’il faut qu’il développe des relations avec d’autres festivals du cinéma africain pour voir comment ils travaillent, pour voir comment travailler et avancer ensemble.
Quand vous dites que le Maroc a beaucoup aidé le cinéma africain est-ce aussi sur le plan financier ?
Ce sont des accords de coproduction qui sont signés et ces accords permettent de venir faire la postproduction ici au Maroc. Et la post-production englobe une partie du financement du film. C’est donc extrêmement important d’avoir ces accords. Ce n’est pas de l’argent frais mais c’est de l’argent disons sur le plan technique. L’apport est extrêmement important. Quand on a cela, c’est déjà un pas important.
La post-production est chiffrée au niveau des travaux du laboratoire et sur cette base-là, le Maroc signe l’accord de coproduction en disant d’accord pour la post-production et on la fait ici. Il y a plein de films. Il y a eu celui de Sembène, de Ben Diogaye, et moimême j’ai déjà eu cet accord de coproduction mais je n’ai pas fait ma post-production ici.
Pour des problèmes d’organisation, j’ai dû le faire en France mais j’avais déjà cet accord et d’autres réalisateurs l’ont eu aussi. Pas seulement au niveau du Sénégal mais aussi au niveau du Mali, de la Côte d’Ivoire,...
Le Maroc a des ambitions hollywoodiennes et des acteurs de Hollywood, de grands noms du cinéma, fréquentent ce pays. Est-ce que le Sénégal peut arriver à ce niveau bientôt ?
Le Sénégal peut arriver à ce niveau. Parce que le Sénégal est aujourd’hui une grande métropole africaine. Le Sénégal a été le pionnier au niveau du cinéma. Mais je pense qu’il suffit d’une bonne organisation, d’une politique cinématographique réelle. Il faut que cela soit réel, que cela ne soit pas du vent. Qu’on fasse les choses comme ça cette année et que l’année prochaine qu’on fasse autre chose. Il faut que cela soit une politique écrite et mise sur du papier et que les gens respectent.
Les fonctionnaires qui sont chargés d’appliquer ces choses-là, ils doivent respecter ce qui a été dit. Sinon, qu’on n’hésite pas à les sanctionner. Qu’on oublie ces problèmes de personnes et faisons un travail qui est pour l’intérêt commun et du Sénégal. Le cinéma est quelque chose qui peut rapporter sur le plan économique. Le cinéma peut faire rayonner l’image d’un pays.
Aujourd’hui, le Maroc a créé un festival national mais aussi international. Regarder le festival de Marrakech qui est aujourd’hui un festival où toutes les grandes stars du monde viennent. Donc le cinéma peut permettre de vendre un pays. Aujourd’hui, en plus du ministère de la Culture, le ministère du Tourisme du Sénégal devrait s’impliquer dans la production du cinéma. Aujourd’hui, le Sénégal est un beau pays. Il y a des endroits inimaginables qui peuvent servir de décor de films.
Le Sénégal est un pays encore vierge sur le plan des décors. Il y a des endroits où si vous tournez un film, ce serait fantastique. Au Sénégal, il y a des jungles. Vous voulez faire un film sur la jungle. Vous voulez faire un film sur l’eau, il y a des endroits où la nature est fantastique dans notre pays. Donc nous pouvons utiliser cela. Tout cela permet de vendre. Et le tourisme doit s’impliquer.
Au Maroc, Ourzazate est devenu un coin de tournage idéal de films. Est-ce qu’on peut trouver un tel lieu au Sénégal ? A quel endroit vous pensez par exemple.
(Air sérieux) Aller par exemple regarder les magnifiques îles du Saloum. C’est magnifique. Moi j’ai déjà tourné à Djiffère du côté de Palmarin. Regarder les îles du Saloum, vous circulez en bateau dans des îles. Aller vers la pointe de Sangomar.
Aller en Casamance, il y a de jolies forêts. Si vous avez besoin de désert, vous l’avez au Sénégal. Vous avez la savane. Aller vers Kédougou, vous avez le parc de Niokolokoba... Au Sénégal vous avez la mer et absolument tout. C’est extraordinaire ! Vous pouvez retrouver ces endroits au Sénégal. Au Sénégal le problème du décor ne se pose pas.
N’est-ce pas aussi le rôle des festivals de vendre ces destinations. Ceux du Sénégal arrivent-ils véritablement à vendre la destination Sénégal... ?
Au Sénégal, on n’a pas encore réussi à avoir un véritable festival qui nous permet de vendre ces destinations. Un festival de cinéma, c’est toute une organisation. Il faut qu’ils aient des objectifs d’abord.
Le festival qu’on a eu, c’étaient les Rencontres cinématographiques de Dakar (Recidak). C’était très bien parti. C’était le festival qu’on a eu et qu’on n’a pas su tenir... Moi je vivais à l’époque en France mais chaque année, les Recidak me payaient le billet d’avion. Je venais à Dakar assister au festival et je retournais à Paris. Mais nous n’avons pas su le tenir. Je le dis souvent, il faut que les fonctionnaires qui sont nommés au niveau du cinéma aient le même amour que nous pour ce métier. Qu’ils aient l’amour de vouloir réellement faire quelque chose pour développer leur pays.
Le cinéma que nous faisons aujourd’hui, fait partie du développement d’un pays. Le directeur de la Cinématographie disait que dans le programme Sénégal émergent, il y avait un volet pour le cinéma (Ndlr, c’était lors des débats au festival de cinéma de Khouribga). J’espère qu’on aura des résultats. Parce que le Sénégal est champion pour mettre en place des projets. Mais c’est le suivi de ces projets qui est le véritable problème. Aussi y a-t-il aussi le problème de la formation continue...
Justement, parlant de formation. N’est-il pas temps de faire quelque chose au Sénégal ?
Au Sénégal on n’est jamais formé suffisamment. Même dans le métier d’une manière générale. Aujourd’hui il y a quelque chose de nouveau que moi, je n’ai pas connu. J’ai été formé dans l’argentique. J’ai fait mes films en 16 super 16. 35mm.
Aujourd’hui, nous sommes dans le numérique. Il y a des choses qui se développent. Il y a une nouvelle génération qui est là et qui a été formée dans cela. Et cette nouvelle génération, moi qui suis vieux, j’ai besoin de cette nouvelle génération. Le cinéma est un travail collectif.
Nous devons faire les choses de façon collective. Le cinéma est un métier de partage. Nous si nous faisons des films, dès l’instant qu’on commence à travailler avec des personnages sur le scénario, nous sommes déjà dans ces personnages et nous devons tout partager avec eux. Et après le film, nous devons continuer à partager.
Les gens avec qui nous travaillons, les techniciens et toute l’équipe, c’est le partage continu. Et il faut être sincère. Le cinéma c’est de la générosité. Il faut être généreux, c’est extrêmement important.
Rabat, Ouagadougou et d’autres capitales africaines ont des studios et des écoles de cinéma. Et Dakar dans tout ça ?
(Regard peiné) Je pense qu’à Dakar il faut qu’il y ait une école mise en place par l’Etat. Il faut que l’Etat mette sur pieds une école. Même si c’est un partenariat public-privé. Mais que ça soit quelque chose aussi ouvert à la sous-région, même sur le plan international. Comme c’est le cas au Burkina-Faso. Ce sont des écoles privées mais qui sont ouvertes sur l’international. Il y a même des Sénégalais qui vont se former làbas. Nous avons les gens pour former au Sénégal.
Nous avons d’éminents intellectuels chez nous qui peuvent former, des techniciens qui peuvent former, on peut s’organiser et faire venir des gens de l’extérieur pour faire des ateliers. Tout cela est possible. Il s’agit C’était une première phase avant de développer le reste du projet. J’ai moi-même essayé d’organiser au Sénégal, des ateliers de cinéma. Je suis directeur artistique d’un festival pour l’Afrique à Rio.
Tous les ans depuis 8 ans, nous entrons dans la neuvième année. J’ai organisé au Sénégal, des ateliers de formation pendant 15 jours dans le domaine de la musique de film, le montage, la prise de vue, le costume...
Il y avait 11 techniciens brésiliens qui sont venus et on l’a organisé à la place du Souvenir. On a eu comme partenaire, la direction de la Cinématographie qui a payé les repas de 150 personnes tous les jours. On a voulu continuer...
Moi j’ai eu des relations avec des gens de l’école de Cuba qui voulaient aussi venir faire des ateliers par exemple sur le cinéma d’animation et destinés aux gens qui sont déjà dans le métier. Ce sont des choses comme cela qu’il faut développer. Je me dis aujourd’hui ce qui m’intéresse, c’est de savoir ce que je peux apporter à mon pays. Parce que ce que j’apporte reste demain pour mes enfants
Il faut reconnaître qu’il y a un effort qui est en train d’être fait par l’Etat du Sénégal dans le domaine du cinéma, avec la création du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica)...?
Ce fonds a été créé. L’argent a été donné, même si je ne suis pas d’accord avec la manière dont ça a été distribué. A mon avis, il ne s’agit pas de donner de l’argent de cette manière, mais il fallait choisir trois bons longs métrages, les courts métrages peut-être trois, les documentaires peut-être deux, bien les financer pour que ça soit un excellent départ pour notre cinéma. Il ne fallait pas distribuer l’argent comme ça.
Pour moi, il fallait que ce soit un excellent départ. Si on prenait suffisamment pour le donner à trois réalisateurs qui ont des projets de longs métrages, financer peut-être cinq longs métrages et deux documentaires avec cet argent, cela aurait été mieux. Les autres attendent la prochaine section...Après, il faut qu’il y ait un suivi de tout ça. C’est comme cela que je voyais la chose.
Ilyauncomitéquiaété formé pour réfléchir là-dessus. Pourquoi vous n’avez pas donné votre avis en ce moment ?
Non ! Non ! Pour l’instant je préfère rester en dehors de tout ça. Mais, vraiment si on avait donné à chaque film, à chaque long métrage deux cents millions et faire trois longs métrages, bien encadrés et aller avec les accords de coproduction avec le Maroc pour diminuer les frais, venir faire la postproduction ici..., cela aurait été bien. Je pense que dans un premier temps, il fallait éviter des films qui sont trop chers, ce n’est pas la peine. Ce n’est pas pour travailler au rabais.
Mais faisons des films pas chers, c’est de cette manière qu’on peut avoir un excellent départ et je pense que si on accepte un excellent départ avec des films pas chers, on arrivera à se positionner sur les marchés internationales : Fespaco, Carthage... C’est ainsi qu’on peut prétendre demain dire : voilà nous ce que nous avons fait, nous demandons que cette dotation soit augmentée.
Dans un premier temps, on peut même se permettre de demander 500 millions en plus, les 500 millions c’est-à-dire l’année d’après, peuvent nous permettre de former, de financer plus des films. Ça ne sert à rien aujourd’hui un milliard. C’est rien du tout. Parce qu’aujourd’hui, on peut faire un film avec un milliard.
Donc, ce n’est pas la peine d’applaudir. Je trouve que c’est très bien, ce que le Président a fait. Mais, entre nous (Il coupe). Bon ce n’est pas la peine. (Il refuse de continuer sa reflexion malgré notre insistance)
Vous pensez vraiment que tel que le Fopica s’est organisé, ça ne va pas marcher ?
Non ! Non ! Je n’ai pas dit que ça ne va pas marcher. Je souhaite que ça marche, mais je dis à mon avis ce qu’il fallait faire pour stimuler nos réalisateurs, stimuler le cinéma en leur donnant le maximum, pour qu’il fasse le maximum de travail...
Vous avez piloté il y a quelques années, un projet cinéma pour technopole Dakar ..., aujourd’hui on n’entend plus parler de ça. Qu’estce qui s’est réellement passé ?
Vous savez le projet des technopoles, c’était un projet du Président Wade qui, à l’époque, avait dit qu’il avait envie de faire quelque chose pour le cinéma sénégalais. A partir de ce momentlà, je lui ai parlé de l’expérience marocaine qui a inspiré beaucoup de pays. A l’époque, il m’a demandé d’aller voir ce qui se faisait au Maroc et c’est comme ça que je suis entré en contact avec le directeur du Centre nationale du cinéma marocain qui m’a demandé de venir là-bas. La mission a été organisée par le ministère de la Culture.
Et quand je suis allé expliquer notre volonté et nos ambitions, le directeur du Centre nationale du cinéma m’a dit : «Je viens à Dakar la semaine prochaine (... ).» Il est venu et il a dit : «Nous serons votre partenaire, nous allons vous accompagner pour mettre en place ce projet-là.»
Ensuite, le Centre national du cinéma marocain, nous a invités à venir au Maroc pour présenter le projet au Maroc. Nous l’avons présenté aussi au Fespaco, nous l’avons présenté pendant le Fesman.... C’était un projet très ambitieux, un projet énorme, mais c’était impossible dans un premier temps de mettre en place tous ces projets qui devraient être mis en place au Technopole.
Il y a quelque chose qui se mettait en place. Si ce projet avait été tout simplement du vent, je pense qu’on n’aurait pas dépensé autant d’argent pour essayer de le mettre en place. Je pense que le nouveau directeur du Centre national a envie aujourd’hui de réveiller ces projets et maintenant on verra ce qui va se passer.
Qu’est-ce qui a vraiment bloqué le projet puisqu’il était en bonne voie ?
(Il rit à grand éclat et relève l’insistance sur la question) Oui, mais le projet était en bonne voie, c’est-à-dire on l’avait déjà développé. Des partenaires indiens avaient été trouvés et il fallait aller à la rencontre justement de ces partenaires. La mission était prête à partir, les dates ont été arrêtées. Il fallait maintenant s’occuper de la mise en place de la délégation qui était déjà faite. Mais c’est arrivé entre les mains d’un fonctionnaire du ministère de la Culture qui a bloqué ce départ.
Pourquoi ?
(Il raconte avec une certaine frustration) On était prêts à partir. Ce n’est pas lui qui financé, ni le ministère de la Culture du Sénégal. C’était un organisme sénégalais qui devait financer cette mission pour aller rencontrer ces partenaires parce que notre ambassadeur avait déjà tout organisé. Mais lui, ce fonctionnaire qui était à l’époque l’un des bras droit du ministre (Ndlr, nous avons fait le choix de ne pas divulguer son nom), a tout bloqué. C’est comme ça qu’il n’y a pas eu de départ pour l’Inde et depuis, je n’ai plus jamais entendu parler de ce projet jusqu’au départ du Président Wade.
Donc tout est tombé à l’eau ?
Tout est tombé à l’eau. Et je pense qu’il est important aujourd’hui que nous les sénégalais, nous oubliions ces problèmes d’intérêts personnels. Nous devons œuvrer pour l’intérêt de toute la collectivité. C’est-à-dire nous dans notre métier, ce que nous faisons est différent de ce que font les fonctionnaires ou autres. Nous, nous travaillons pour toute une collectivité que ça soit au plan national ou international. Nous devons travailler pour l’intérêt commun. Nous devons être solidaires entre nous. Je pense que c’est fondamental et il faut que les fonctionnaires qui ont en charge notre secteur comprennent qu’ils sont là pour nous acteurs culturels.
Et nous, nous sommes là aussi pour eux et leurs familles. Il faut qu’ils regardent l’intérêt de notre travail. Ce qui est important pour nous, c’est l’héritage qu’on a laissé et on va en parler pour l’éternité. Mais ce fonctionnaire, une fois qu’il a pris sa retraite c’est terminé. Il sera oublié. Nous, nous faisons quelque chose pour notre patrimoine national. Aujourd’hui, je sais qu’il y a des Sénégalais qui ont réalisé des œuvres qui sont considérées comme des patrimoines du monde.
Et ça fait partie du rayonnement de notre pays. Mais il y a trop de problèmes d’intérêts personnels. Ce qui fait que des gens bloquent un projet parce qu’ils ne sont pas sur la liste de la mission. On a vu ça combien de fois ? Tout ça pour avoir des frais de mission.
Est-ce que vous souhaitez que le Président Macky Sall reprenne ce projet du centre panafricain du cinéma ?
Je souhaite effectivement que le Président reprenne le projet du centre panafricain de cinéma. C’est un bon projet. Et, nous avons des endroits pour le faire. Il faut qu’il reprenne ce projet, ça nous permettra d’être indépendants par rapport à d’autres pays.
Parce que nous avons besoin d’infrastructures cinématographiques qui appartiennent à notre pays. Je pense que plus tard, l’Etat pourrait arriver à se désengager petit-à-petit pour laisser la place et continuer à gérer le cinéma sur le plan institutionnel et permettre ainsi à des privés de venir investir. Aujourd’hui, il est important d’avoir un centre de formation, de poste production, etc.
Le cinéma sénégalais a été ovationné pour son effort ici à Khouribga. Avez-vous espoir quant à l’avenir ?
(Il répond avec force et conviction) Je souhaite que l’avenir du cinéma sénégalais soit radieux. Parce qu’il y a des gens qui ont choisi de faire ce métier. Si on choisit et qu’on n’a pas de travail, ce n’est pas la peine. Je ne suis pas pessimiste, mais je préfère attendre les résultats de ce qui est déjà posé pour applaudir des deux mains. Pour l’instant, je reste optimiste mais je préfère dire wait and see (Ndlr : attendons de voir). Je continuerai toujours à mettre ma main à la pâte. Si on a besoin de moi, je serai là, je me considère comme un ambassadeur de mon pays. Donc forcément, je dois continuer à œuvrer pour que les choses marchent. Il faut être optimiste.
Au Sénégal, les gens parlent beaucoup mais il est important de lier les actes à la parole. On crée beaucoup de projets. Nous sommes très forts pour ça. Mais le problème, c’est qu’il faut qu’il y ait un suivi d’une manière définitive. Mettre les bonnes personnes à la place qu’il faut. Dans ce métier, il faut être honnête. Mais j’ai bon espoir.
Parce qu’il y a une mentalité qui est en train de se développer aujourd’hui au niveau de la nouvelle direction de la Cinématographie et les professionnels sont associés dans des activités. Je trouve que cette relation est bien partie. Je souhaite franchement que ce directeur-là continue sur cette lancée.
Certes, il est un fonctionnaire et il est appelé à partir un jour, mais il faut que ça continue, il ne faut pas qu’une autre personne arrive et détruise ce qui a été mis en place. Il faut qu’il continue ce qui a été fait de bon. Vous savez, dans nos pays, on a l’habitude de tout changer.
Quand un ministre est nommé, dès qu’il arrive dans son nouveau bureau, il enlève tout, même les carreaux. Pourtant il y avait de belles choses. C’est du gaspillage. Evitons le gaspillage verbal et matériel !
A quand le renouvellement de l’Association des cinéastes du Sénégal ?
Ça c’est un gros problème. Vraiment un gros problème. Et je vous assure que je trouve anormal que depuis 2007, il n’y ait pas d’Assemblée générale ni de renouvellement de bureau. Je ne suis contre personne. Et ce n’est pas un problème de personne. Mais disons-nous la vérité, on ne peut pas faire tourner une association autour d’une ou trois personnes pendant plus de 10 ans. Il faut qu’il y ait une Ag. Car, il nous faut une association forte. Il est temps que l’Association nationale marche.
Nous devons être l’interlocuteur crédible de l’état. Le Président actuel a fait ses deux mandats. Il n’est plus élu et ne devrait plus l’être depuis son dernier mandat. Il faut qu’il convoque l’Assemblée générale et que les choses avancent. Il y a eu une dissidence à un moment donné et j’ai été élu.
Mais la Panafricaine a joué les médiations et tout s’est apaisé. Mais sans rancœur, vraiment sans animosité, ni rien, il est temps que le président cède le fauteuil à ceux qui font le cinéma actuellement.
Il n’a plus le temps. Il est occupé par d’autres choses. Mais, il n’a qu’à convoquer l’Ag et laisser ceux qui veulent s’en occuper prendre les rênes de cette association. Notre association doit vivre et être dynamique comme les autres structures du 7e art. Cela est très important. Nous devons être un interlocuteur valable et crédible. Cela n’est pas encore le cas actuellement. Et c’est vraiment dommage.