LES «AUTOCHTONES» SOMMENT LES «ETRANGERS» DE QUITTER LE VILLAGE
POINTE SAINT GEORGES
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L’affaire de Robert Antoine Sambou du nom de cet homme tué par des éléments de l’Armée est loin de connaitre son épilogue. En effet, depuis dimanche, les habitants du village de la Pointe Saint Georges ont sommé les pécheurs et mareyeurs (considérés comme des étrangers) de plier bagages et quitter le village. Motif : des sacrifices, voire des libations à faire pour leur défunt fils.
C’est la panique et le sauve-qui-peut à la Pointe Saint Georges ces temps-ci. En effet, des hommes armés de coupe-coupe et d’armes à feu ont fait une incursion dans l’île sommant les «étrangers» à quitter le village avant qu’il ne soit trop tard. Pris de panique, ces derniers ont récupéré ce qui pouvait l’être laissant derrière eux, fortune et maisons, fruit d’un long travail de plus de 30 ans.
«Nous sommes très déboussolés. Nous ne parvenons pas à nous expliquer l’attitude des populations autochtones avec qui nous avons vécu ensemble de plus de 30 ans. Tous mes enfants sont nés dans ce village. Je ne vois pas pourquoi, elles nous considèrent comme des étrangers, alors que moi-même je suis né dans ce village», explique Malick Diop, mareyeur dont les parents sont originaires des îles du Saloum.
A en croire notre interlocuteur, c’est depuis vendredi dernier que des individus armés leur avaient donné l’ultimatum de quitter, mais c’est lundi qu’il a plié bagages avec ses deux femmes et ses enfants qui sont tous nés à la Pointe Sainte Georges.
Tapha Sarr, son collègue mareyeur, d’enfoncer le clou. «On ne nous a même pas donné le temps de faire nos bagages. Des hommes armés entraient dans les maisons et invitaient les pères de familles à quitter coûte que coûte sans explication», peste Tapha Sarr qui s’inquiète pour sa fille qui doit reprendre les épreuves du deuxième tour du Bfem. «Je crains pour ma fille qui devra faire les épreuves du deuxième du Bfem. Elle ne cesse de pleurer ; c’est une fille studieuse. Nous déplorons ce fait et demandons aux autorités de réagir le plus rapidement possible», plaide-t-il avant de fulminer :«c’est comme si nous étions dans un pays étranger.»
Ces personnes rencontrées dans des familles d’accueil à Ziguinchor, déplorent l’absence de l’Etat à leur coté. «On n’a pas senti la présence de l’Etat à nos côtés. Depuis le week-end dernier, beaucoup de pécheurs et mareyeurs ont quitté la Pointe Saint Georges pour s’installer dans les villes et villages environnants. Aucune autorité n’est venue s’enquérir de notre situation», déplore Salif Ndiaye.