LE BRAILLE À L’HONNEUR
Journée internationale de la langue maternelle

L’adaptation de l’écriture des langues nationales en braille a été au cœur de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle à Thiès. A ce titre, le secrétariat d’Etat à l’Alphabétisation et à la promotion des langues nationales annonce qu’un plan de développement de l’écriture braille dans les langues nationales vient d’être élaboré au Sénégal.
La Capitale du Rail a abrité ce dimanche les festivités de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle. Une occasion pour le secrétariat d’Etat à l’Alphabétisation et à la promotion des langues nationales d’annoncer qu’un plan de développement de l’écriture braille dans les langues nationales a été élaboré samedi dernier au Sénégal. Mme Rokhaya Niang d’expliquer que l’adaptation de l’écriture braille aux six premières langues nationales entre dans le cadre d’un processus qui a été retenu au Sénégal pour assurer l’éducation de qualité pour tous.
Pour la directrice de Cabinet du secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation et à la promotion des langues nationales, «la langue constitue un instrument important dans l’éducation étant donné que les non-voyants ont toujours été formés sur la base de l’approche de la méthodologie braille et que cela ne se faisait qu’avec les langues étrangères. Et pour répondre aux besoins de ces populations, nous avons pensé qu’il faudrait adapter l’écriture braille aux langues nationales. C’est un processus qui va continuer. Nous sommes à six langues. Et nous envisageons de le faire dans les autres langues codifiées pour que tout un chacun puisse s’y retrouver».
S’exprimant en marge de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle à Thiès, Mme Niang de souligner : «Il est facile d’adapter une écriture aux langues nationales, mais il y a un autre aspect. Il faut développer des outils et accompagner ces populations pour qu’elles puissent disposer de tous les moyens pédagogiques pour une éducation de qualité.»
En ce sens, indique-t-elle, «un plan de développement de l’écriture braille dans les langues nationales est élaboré hier (samedi) au cours des travaux scientifiques. Et nous allons veiller à ce que ce plan de développement soit appliqué pour que la langue nationale puisse bénéficier de tous les supports et documents, pour que la formation puisse se faire dans les meilleures qualités».
L’auteur du projet d’adaptation de l’écriture des langues nationales en braille, Youssoupha Faye, de revenir sur son initiative pour dire que l’idée lui est venue en 1981 lors de la célébration de l’Année internationale de la personne handicapée. «Je venais de terminer ma formation d’enseignant spécialisé à la méthode braille et aussitôt ma pensée est allée vers ces aveugles qui n’avaient pas la chance d’aller à l’école française comme moi et qui avaient tout le droit de s’alphabétiser dans les langues maternelles. J’ai pris alors les six premières langues codifiées : wolof, diola, sérère, soninké, mandinka et puular pour trouver une écriture dans le cadre de la méthode braille.»
Un travail qui n’était pas très difficile, explique l’expert en langue nationale sur caractère braille, parce que «comme vous le savez, la plupart de nos langues nationales auraient pris des lettres latines. Et donc, le braille étant un système qui présente 63 combinaisons, c’était de trouver par exemple : quand il y a un signe étranger dans une langue, de lui trouver un signe adapté en braille».
Et de se réjouir : «De nos jours, l’aveugle appartenant à ces six langues peut apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle.» M. Youssoupha Faye de conclure : «Nous allons l’étaler partout où on parle ces six langues au Sénégal pour ouvrir des classes d’alphabétisation. Mais aussi la plupart de ces langues étant parlées dans la sous-région, nous pensons donc que c’est un travail qui s’étendra au-delà même des frontières du Sénégal.»