LA POLICE VEUT UN NOUVEAU TYPE DE POLICIERS
Eclaboussée par le scandale de la drogue

La cérémonie de sortie de la 39e promotion de l’Ecole nationale de police a été une occasion pour les autorités de faire passer un message de remobilisation des troupes. Après le scandale né des révélations sur la drogue impliquant l’ex-Dgpn, la police veut se faire une nouvelle image avec l’émergence d’un nouveau type de policier.
La police est depuis quelques temps éclaboussée par une affaire de trafic de drogue qui impliquerait des cadres hauts gradés. Du coup, son image en a pris un sacré coup. Cette situation, à bien des égards, semble affecter la corporation. Du moins si on en croit le discours tenu hier par le directeur de l’Ecole nationale de police et de la formation permanente. Au cours de la cérémonie de sortie de la 39e promotion de cet établissement, l’adresse du commissaire Papa Mafall Ndiaye aux récipiendaires a été plus qu’édifiant sur le besoin de la police sénégalaise de faire une introspection.
«Vous avez fait le serment de servir dans l’honneur et dans le respect de la loi. Cela signifie en clair qu’en exécutant les missions régaliennes qui vous seront dévolues, vous devez en toutes circonstances de temps et de lieu avoir votre honneur en bandoulière et vous couvrir d’un manteau de dignité. Vous devez évoluer dans une serre de vertus et constituer des modèles qui pourront, le cas échéant servir de couloirs de transmission de certaines valeurs citoyennes», prodigue le directeur à ces hommes et femmes qui sont appelés à opérer sur le terrain.
Après deux ans de formation et sortis dans un contexte assez mouvementé pour la police nationale, les 229 récipiendaires sont très attendus pour relever les défis. «Nous voulons que vous soyez des pionniers pour le nouveau type de policiers que nous souhaitons voir émerger. Un policier imbu de ces mots qu’ils incarnent», lance le commissaire Ndiaye. Sous ce rapport le directeur de l’école les invite à avoir un viatique de ce professionnel assez averti selon qui «un policier doit être un mélange de tous les hommes. Il doit être à la fois un pasteur, un travailleur social, un diplomate, un dur et un gentil homme. Il doit savoir où sont commis les péchés du monde, mais n’en faire aucun».
A travers cette promotion, c’est toute la corporation qui est interpellée. «Nous devons en notre sein faire des efforts pour ne plus voir prospérer ici et là certaines attitudes inadéquates, le pari étant pour nous de présenter une image beaucoup plus lisse, qui suscite moins de méfiance mais plutôt un respect et une considération plus accrue de la part des populations», a soutenu le directeur. C’est là, de l’avis du directeur, «le gage d’une confiance plus considérable à notre endroit».
Le pari d’une image plus lisse de la police
Pour ce faire, des mesures innovantes doivent être prises. Ce qui explique que l’établissement de formation de ces garants de la sécurité des biens et des personnes ait intégré de nouveaux modules dans les enseignements. «Certaines préoccupations partagées au sein de la corporation nous ont amenés à mettre un accent particulier sur le renforcement des capacités des élèves en matière d’éthique, de déontologie et de droits humains», a dit Papa Mafall Ndiaye.
D’un autre côté, l’Etat a également un rôle à jouer pour relever le moral des troupes. «Il s’avère impérieux et nécessaire de revisiter entre autres le décret 2010-1500 du 11 novembre 2010 modifiant l’article 75 du décret 2009-490 du 28 mai 2009 fixant les modalités d’application de la loi 2009-18 du 9 mars 2009 relative aux statuts des personnels de la Police nationale», estime M. Ndiaye. Par ailleurs, le Directeur de l’école de police a plaidé pour une activation de la mise en place de l’Académie de police et le relèvement du taux des heures de vacation. Ce qui pourrait avoir un impact positif sur la formation des ressources humaines.
La cohorte 39 de l’Ecole nationale de police forte de 229 agents est composée de 12 élèves commissaires de police, 8 élèves officiers de police, 55 élèves sous officiers de police et 154 élèves agents de police. Dans cet effectif, figurent 32 filles dont la majore des élèves-commissaires et neuf personnes de nationalité comorienne.