« Cultures populaires en Sénégambie. L’exemple des Fulbee (1512-1980) »
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Cultures populaires en Sénégambie. L’exemple des Fulbé (1512-1980) ». Tel est le titre de l’ouvrage que vient de publier Daha Chérif Bâ, Maître de conférences au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Dans le livre préfacé par son maître (comme il aimait le dire), le Pr. Ousseynou Faye, l’auteur analyse les configurations et les significations des cultures dites du « bas » travaillées par les ordres Ceddo, islamique, colonial et postcolonial. Il en dévoile les chorégraphies, les chansons et poèmes articulés à la guerre, aux armes, au sang, à la mort. « Avec ce travail, nous (re)découvrons que les cultures populaires de l’ère Ceddo rendent compte de l’intensité du recours à l’imagination et à l’imaginaire pour résoudre les angoisses existentielles, faire l’éloge de l’entre-soi et de l’individualité, exprimer colères, espérances et besoins de ré-enchantement de la vie sociale », écrit l’auteur. Poursuivant, il avance : « Nous comprenons aussi les influences des dynamiques de changement portées par les triomphes respectifs de l’islam Toroodo, du projet colonial français et l’instauration d’un ordre postcolonial. Ce sont ici autant de coups de boutoir qu’ont subi les fêtes et les folklores guerriers, désormais transformés par la révolution musulmane et par l’entreprise coloniale française ».
Les cultures Fulbe du « bas », selon l’auteur, sont déroulées dans de nouveaux sites, comme les escales et les villes, les agendas de fêtes corrélés aux nouvelles cartographies du temps des récoltes et des échanges marchands. De fait, l’espace urbain a retraité le folklore agropastoral sérieusement mis en épreuve par la modernité tout en se montrant favorable à la culture islamique.
Le livre participe ainsi à la connaissance des aspects « aussi négligés voire ignorés que les ingénieuses inventions culturelles, festives, folkloriques, « carnavalesques » des sociétés sénégambiennes, en général, et des entités Fulbe, en particulier. Ce travail de très grande qualité constitue un apport majeur à la connaissance des cultures populaires du Sénégal qui ont été loin d’avoir fait l’objet d’études comme d’autres secteurs de nos sociétés », lit-on sur la page de présentation du livre.