L'AFRIQUE, ENCORE À LA TRAÎNE
Il est temps que le continent dispose d'une monnaie unique forte, à l'image des devises internationales tels l'euro ou le dollar, au lieu de s'arrimer comme c'est le cas actuellement à la monnaie européenne avec une soi-disant garantie de la France
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"Ensemble, nous serons forts. Divisés, nous serons faibles", Martin Schulz, président du Parlement européen.
Les États-Unis sont un pays-continent. Ils s'étendent sur une superficie de 9,6 millions de km2 et se placent au quatrième rang mondial. Avec une population estimée à 320 millions d'habitants en 2014, le pays de l'oncle Sam est le plus peuplé de la planète, derrière la République populaire de Chine et l'Inde, qui, selon le nouveau rapport des Nations unies, "Perspectives de la population mondiale : révision 2015", publié le 29 juillet, seraient au coude-à-coude avec respectivement 1,38 milliard et 1,31 milliard d'habitants (soit 19% et 18% de la population mondiale). D'après la même source, ces deux pays d'Asie devraient, l'un et l'autre, compter 1,4 milliard d'individus avant 2022.
L'Union européenne, avec ses 28 pays membres depuis le 1er juillet 2013, s'étend sur 4.382.629 Km2 pour une population de 514.059.445 en 2015. Quant à l'Afrique, qui s'étend sur 30.353.212 km2, elle a atteint 1 milliard d'habitant en 2015. Comment un tel continent peut-il être à la remorque des autres dans les relations d'affaires ?
La principale faiblesse de l'Afrique, c'est sa balkanisation, son morcèlement, sa division qui est loin de s'estomper. Dans la mesure où après la lutte pour l'indépendance, avec des frontières héritées de la conférence de Berlin de 1885, où aucun pays africain n'avait d'ailleurs été convié, ce continent est encore confronté aux principes d'auto-détermination. On peut citer, à cet effet, le Katanga, le Somaliland ou encore le Biafra. Le Soudan du Sud, lui, a fini par prendre ses ailes.
Paradoxalement, on assiste pendant ce temps, à la construction de grands ensembles qui se liguent pour ne pas disparaître face à la férocité de la mondialisation. C'est le cas de l'Alliance atlantique pour le libre échange (ALENA) entre les États-Unis, le Canada et le Mexique. Que dire du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et l'Afrique du Sud) ?
Barack Obama l'a même fait savoir publiquement aux Britanniques, en "votant" le maintien de la Grande Bretagne dans l'Union européenne. Ce qui a déclenché l'ire des partisans du Brexit, notamment l'exubérant désormais ex-maire de Londres, Boris Johnson, qui s'est fendu d'un article dans le Sun en se permettant même de revenir sur les origines kenyanes du président américain, qui avait déclaré ceci : "Certains pensent peut-être qu'il y aurait un accord commercial USA-Royaume-Uni mais cela n'arrivera pas de sitôt. Parce que notre objectif est de négocier avec un bloc important, l'Union européenne, pour parvenir à un accord".
Il ne fait l'ombre d'aucun doute que ce n'est pas par pure philanthropie que le président américain a traversé l'Atlantique pour "sauver" l'Europe. Les États-Unis trouvent aussi leur compte dans cette UE. Surtout face à la montée du populisme dans certains pays européens, en plus de la lutte contre le terrorisme, que l'Amérique ne pourrait pas vaincre, toute seule.
Quant aux Britanniques, ils savent parfaitement que ce n'est pas pour rien que la Grande Bretagne est la 4ème puissance économique mondiale. Elle doit une telle position à son accès au marché européen.
Pour que l'Afrique puisse, elle aussi, s'inviter à la table des grands, il faut nécessairement qu'elle tende vers une union économique.
Hélas, nos dirigeants arrivent toujours divisés dans les grandes rencontres internationales, chacun prêchant pour sa chapelle. Pis, ils n'hésitent pas non plus à se crêper le chignon, pour la conquête des strapontins, comme ce fut le cas lors du sommet de la CEDEAO le week-end dernier à Dakar.
Alors que pour s'en sortir, l'Afrique devrait plutôt agir fondamentalement sur deux leviers : le marché et la monnaie.
Il est temps que le continent dispose d'une monnaie unique forte, à l'image des devises internationales tels l'euro ou le dollar, au lieu de s'arrimer comme c'est le cas actuellement à la monnaie européenne avec une soi-disant garantie de la France.
L'autre levier et pas le moindre, c'est le marché. Que vaut le marché sénégalais comparé à celui de l'Europe, des États-Unis, de la Chine ? Absolument rien du tout. Mais l'Afrique cessera de subir les lois du marché quand elle unira ses forces. Pour ce, la Côte d'Ivoire devrait voir au-delà de sa richesse en café et cacao. Le Nigeria cessera rapidement d'être un géant aux pieds d'argile. Quant au Ghana, il sera plus qu'une petite embellie dans une grisaille.