LE SENEGAL SOMBRE, LE MALI BRILLE, L’ENTREPRENARIAT FEMININ RECOMPENSE
BAMAKO: FOIRE DES FEMMES DE LA CEDEAO AU FORUM «GENRE ET DEVELOPPEMENT»

La 2ème édition de la foire des femmes de l’espace Cedeao a pris fin hier, jeudi 15 décembre à Bamako au palais de la culture avec le couronnement du Mali qui a remporté le meilleur prix de l’innovation, le Burkina Faso pour le prix de la diversité. Toutefois, force est de faire remarquer que le Sénégal a manqué à l’appel sur les quatre prix mis en jeu par les organisateurs pour encourager les femmes dans l’entreprenariat. Présidée par la ministre de la promotion de la femme, de la famille et de l’enfant, Oumou Ba Sangaré, elle a souligné que la foire est une occasion pour les exposantes de nouer des partenariats et faire la promotion de leurs produits. A cet effet, elle a appelé les décideurs à valoriser les entreprises locales.
«Favoriser les Entreprises locales». C’est le message de la ministre malienne de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Oumou Ba Sangaré qui a appelé les décideurs et tous les africains à soutenir la promotion des entreprises locales. Un appel lancé hier, jeudi 15 décembre pendant la cérémonie de clôture de la foire du réseau des femmes opératrices économiques de l’espace Cedeao.
Coïncidant avec le Forum : «femme et développement» à Bamako, la ministre, Mme Sangaré a trouvé que c’est une grande opportunité pour les femmes de faire la promotion de leurs produits, nouer des relations mais aussi partager des expériences. « J’exprime ma satisfaction pour la tenue de cette foire. Elle se tient dans un contexte où la femme est au cœur des préoccupations de l’Afrique. Comment faire pour la donner une bonne place dans le développement du continent ? C’est une opportunité pour ces dernières de valoriser ce cadre de concertation qui leur est offert et aux décideurs et partenaires de faire la promotion des entreprises féminines et de leurs produits» a-t-elle soutenu.
Et de poursuivre: «la foire du Mali a montré que la femme est débout et la coopération Sud-Sud, une réalité. » Christophe Joseph Marie Dabiré, commissaire chargé du département du marché régional, du commerce, de la concurrence et de la coopération dans l’espace (Cedeao) a fait remarquer que la foire est un moment pour célébrer le talent, la créativité des femmes qui ne demandent qu’à être plus encadrées. A cet effet, il les a encouragé à la persévérance tout en renouvelant son engagement à les accompagner dans la recherche de financement, l’accès aux technologies. La présidente du réseau des femmes opératrices économiques dudit espace Aissata Touré Coulibaly promeut l’ouverture de cette foire pour permettre aux femmes de partager des expériences.
«Toutes les femmes de l’Afrique ont les mêmes préoccupations. C’est pareil un peu partout. Certes, nous avons ce cadre d’échange dans l’espace Cedeao, mais il serait bien que des femmes regroupées dans des réseaux telles que nous, dans d’autres parties de l’Afrique, puissent se rencontrer, échanger et trouver de part et d’autre des marchés pour développer leurs entreprises» a-t-elle évoqué.
Mme Coulibaly revenant sur le sommet Afrique-France prévu pour janvier à Bamako, avance : « c’est un honneur pour notre pays. Nous avons vécu une crise, cela veut dire qu’avec l’organisation de ce forum, le Mali se relève. Il est important que tous ensemble, nous nous unissons autour d’un même objectif qu’est la paix, la sécurité.»
L’ABSENCE DE PUBLICITE DE LA FOIRE DECRIEE
Le Sénégal, venu prendre part à la foire des femmes de l’espace Cedeao s’est timidement illustrée dans cette 2ème édition qui entre dans le cadre du «forum femmes et développement» ouvert depuis mardi et qui a pris fin hier, jeudi 15 décembre à Bamako.
Parmi les quatre prix mis en compétition par les organisateurs pour encourager les femmes à investir le marché mondial, le Sénégal a brillé par son absence. Cependant, les produits présentés qui tournaient autour de l’habillement et l’agro-alimentaire ont été bien appréciés par les visiteurs. Le prix de la meilleure vente est revenu au Togo qui s’est illustré avec ces pagnes. Le Mali, pays organisateur, a remporté le prix de l’innovation avec sa beurre de Karité et ses ‘’thioub’’. Le prix de la diversité est revenu au Burkina Faso et celui de la mobilisation à la Guinée-Bissau.
Durant cinq jours (du 11 au 15 décembre), ces femmes venues de l’espace Cedeao ont travaillé sur des échanges d’expériences tout en posant leurs problèmes sur la table dont l’accès au financement et au marché national dans certains appels d’offre. Pour cette 2ème édition, les femmes n’ont pas manqué de relever quelques difficultés sur place liées à l’écoulement de leurs produits.
A l’unanimité, elles ont déploré le manque de publicité de l’événement. «La foire n’est pas bien médiatisée. Le travail qui devait être fait en amont n’a pas suivi. Il n’y a pas assez de visiteurs» s’empresse de dire une femme de la délégation sénégalaise et celle de la Cote d’Ivoire de «Absaccessoires» de renchérir : « la publicité a fait défaut pour ladite foire, la population malienne n’est pas sortie. On baisse le tarif pour pouvoir écouler nos produits et rentrer mais malgré tout, on a du mal à vendre».
BAMAKO : «FORUM GENRE ET DEVELOPPEMENT» : Les recommandations des femmes pour l’émergence de l’Afrique
Au sortir du forum «genre et développement» sur le thème : «l’entreprenariat féminin dans l’agrobusiness, clé de l’émergence de l’Afrique» à Bamako, les femmes d’Afrique ont émis leur souhait d’institutionnaliser ledit forum comme mécanisme de concertation entre acteurs de l’agro-business en Afrique en prélude du sommet Afrique France.
Pour la cérémonie de clôture qui a eu lieu hier, jeudi 15 décembre à Bamako, les femmes leaders en prenant en compte toutes les préoccupations de leurs sœurs, ont émis beaucoup de recommandations allant dans le sens de leur implication active dans le développement de l’Afrique. Pour les recommandations issues des conclusions des travaux durant les trois jours (13 au 15 décembre) aux chefs d’Etat d’Afrique et de France, il s’agit de lever les barrières faites aux femmes pour avoir accès aux marchés publics, d’établir des indicateurs clairs pour mesurer les objectifs que les Etats se sont assignés. De créer un fond d’appui au développement des activités des femmes productrices et des femmes entrepreneures pour répondre aux besoins de mise à l’échelle de leurs produits. De faciliter l’accès des femmes rurales et des femmes entrepreneures à la propriété foncière partout où le problème se pose en Afrique ; de doter les services statistiques de ressources humaines et financières adéquates leur permettant de mieux appréhender les données relatives aux activités des femmes productrices et des femmes entrepreneures ; de promouvoir la transformation industrielle des produits jouissant d’un avantage comparatif sur les marchés africains et internationaux selon les potentialités des différents pays africains pour une plus grande valeur ajoutée. Mais aussi promouvoir la création d’une institution financière dédiée à la promotion de l’entreprenariat féminin ; appliquer les textes relatifs à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux en vue du renforcement du processus d’intégration africaine ; de faciliter les échanges entre les femmes du Nord et du Sud, dans le cadre du centre féminin des affaires Afrique Europe avec l’octroi de visa aux femmes productrices et entrepreneures en Afrique, en France et en Europe.
Renforcer la résilience des femmes productrices et entrepreneures face aux aléas des changements climatiques. Promouvoir l’innovation dans le secteur, l’usage des technologies de l’information et de la communication comme catalyseur de l’autonomisation des femmes, de transformation économique et de soutenabilité. Promouvoir la recherche technique et technologique à travers une collaboration avec les centres de recherches et les universités africaines et françaises pour soutenir l’entreprenariat dans le domaine de l’agro-alimentaire et l’agro-business. Accélérer l’atteinte du dividende démographique en investissant massivement dans l’autonomisation des femmes et des jeunes filles.
Impliquer davantage les femmes dans la médiation et la gestion des conflits suivant l’esprit des résolutions des nations Unies (1325 1820). Elles ont en outre demandé aux gouvernants d’accorder une attention particulière aux femmes vivant avec un handicap entrepreneur.