DES EMBUCHES SUR LE CHEMIN DU LEADERSHIP !
8 MARS - journée mondiale de la femme

Ce mercredi 8 mars est célébrée la journée dédiée aux femmes de par le monde. Celles de Sédhiou comptent bien la mettre à profit pour porter le plaidoyer afin de proscrire toutes formes de maltraitances à leur encontre. Sur le chemin du leadership des femmes, se dressent des contraintes majeures affectant leur scolarité et leur apport dans la construction locale nationale du pays. Ce défi passe toutefois par l’unité dans le combat pour créer une synergie dans l’action.
Jusque dans un passé récent, le nombre de filles de Sédhiou qui suivaient leurs études supérieures, était très infime en raison des pesanteurs sociales et économiques qui s’opposaient à leur progression. Entre autres qui ont vu le bout du tunnel, Sokhna Amy Ka, chargée du suivi/évaluation au niveau du conseil départemental de Sédhiou : «j’ai fait tous mes cycles élémentaires, moyen et secondaire à Sédhiou avant d’engager les études supérieures à l’université Cheick Anta Diop de Dakar. J’ai eu mon master II et aménagement du territoire et gestion urbaine. J’ai cru très tôt aux études même si le milieu n’était pas si facile. Je suis de celles-là qui pensent que la fille doit pouvoir réussir au même titre que le garçon. Et par la grâce de Dieu et ma volonté, je suis arrivée à capitaliser quelque chose» dit-elle.
D’autres comme Kenda Diallo n’ont même pas eu la chance de tenir une ardoise à l’école. Aujourd’hui, elle est mariée, gagne difficilement sa vie par des travaux domestiques, mais dans la dignité et à la sueur de son front : «je n’ai jamais fait les bancs de l’école car mes parents n’ont jamais souhaité m’envoyer à l’école. Aujourd’hui j’ai 42 ans et j’éprouve des regrets de n’avoir pas étudié car les femmes qui travaillent dans les bureaux n’ont rien de mieux que moi, sans les études. Je suis une femme de «joomm» (brave) et j’aurais pu devenir une dame de fer », regrette-t-elle, la voix brisée sous l’émotion devant des bassines de linges qu’elle doit nettoyer, à notre passage.
La remontée du sel compromet la riziculture dans les bas-fonds
Elles sont toujours nombreuses les femmes qui emblavent des hectares de riz dans la région de Sédhiou. Cependant, la remontée de la langue salée et l’acidité des sols compromettent les récoltes. C’est le cas dans le Pakao avec la rupture du pont-barrage de Diopcounda. Fatoumata Cissé de Marandan en a souffert ; «nous femmes du Pakao souffrons énormément de la remontée de la langue salée dans nos vallées rizicoles. La rupture du barrage de Diopcounda nous porte un grand préjudice social et économique. Nous sollicitons le président de la République à refaire ce pont barrage, à défaut, ces vallées seront complètement mortes alors que des vies nombreuses en dépendent» a déclaré Fatoumata. A cela s’ajoutent les travaux pénibles auxquels elles sont astreintes à la maison, notamment en milieu rural. Avec l’absence d’équipements à limiter les activités manuelles, la couverture sanitaire et sociale dérisoire, la maternité périlleuse accentuée par l’enclavement routier, la femme de la région de Sédhiou établie en milieu rural peine vraiment à voir le bout du tunnel.
Maltraitances et pratiques néfastes persistantes
Des viols, mutilations génitales féminines et autres constructions sociales jugées néfastes constituent des embuches sur leur chemin. Ce 8 mars, jour qui leur est dédié de par le monde, les femmes de Sédhiou comptent le mettre à profit pour porter le plaidoyer. «Aujourd’hui journée mondiale de la femme nous organisons plusieurs activités de mobilisation sociale pour porter le plaidoyer afin que l’ensemble des acteurs renforcent leur actions en faveur. Nous tiendrons une conférence publique animée par Mme Fatou Bintou Diédhiou dite Miss, des prestations théâtrales, des distinctions à titre posthume décernées aux vaillantes femmes de Sédhiou qui s’étaient illustrées dans le développement local mais aussi aux jeunes générations de femmes qui ont eu des initiatives au service du public », a indiqué Mme Diédhiou Najahanko Sané membre du comité départemental de l’organisation de cette journée. Le succès de cette célébration en est un, mais l’unité entre les femmes de la région de Sédhiou autour de l’idéal de développement est un passage obligé pour arriver à mettre la région sur les rampes du leadership et de l’émergence sociale et économique.