ENSEIGNANTE DE CLASSE EXCEPTIONNELLE
PORTRAIT - Adiara Sy, proviseur du lycée Ameth Fall

Adiara Sy, proviseur du lycée Ameth Fall de Saint-Louis, est une femme, qui a marqué l'académie de la Vieille ville où elle a gravi tous les échelons à une vitesse exceptionnelle.
Dans la vie, il y a toujours ceux qui sont à jamais premier. C'est le cadeau du destin, qui décide de les mettre au-dessus de la mêlée. C'est tout ! Adiara Sy, proviseur du Lycée Ameth Fall de Saint-Louis, est logée dans cette chambre de femmes pionnières. Son parcours est atypique.
Enseignante de formation, Adiara Sy ne soupçonnait peut-être pas qu'elle deviendrait un jour l'une des personnalités les plus en vue de la ville de Saint-Louis. Son parcours raconté par elle-même en dit en effet long. Née à Saint-Louis où elle a fait ses humanités à l'école primaire puis au lycée Ameth Fall, cette femme qui pouvait bien devenir basketteuse grâce à sa taille imposante a finalement choisi la craie.
Professeur au lycée Charles De Gaulle de Saint-Louis où elle a servi pendant 19 longues années sans interruption, elle finit par glaner une très grande expérience qui lui a valu d'être nommée proviseur intérimaire du lycée des jeunes filles Ameth Fall de Saint-Louis en 2006 en remplacement de Mme Absa Diallo nommée première femme inspecteur d'académie au Sénégal. A la fin de cet intérim, qui n'a duré qu'une seule année, les excellents résultats obtenus
dans la gestion de l'établissement, poussent l'inspecteur d'académie de l'époque Serigne Abdou Ndar Fall à l'inviter à travailler à ses côtés. Une proposition qui, pourtant ne l'agréait pas, car elle n'aimait pas l'administration et brûlait d'envie de retourner dans les classes pour exercer à nouveau le métier de ses amours, celui d'enseigner.
Elle le souligne d'ailleurs avec fierté : "Je n'étais pas emballée par l'idée de travailler dans des bureaux car je n'ai jamais aimé l'administration, j'aimais enseigner, c'était un sacerdoce pour moi." Mais, elle n'avait pas le choix, car le destin en avait décidé déjà autrement. Femme le plus gradée à l'époque dans le système, elle avait en effet le meilleur profil pour occuper le poste à pourvoir.
C'est ainsi que par la force des choses elle fut nommée en octobre 2007 chef du bureau de l'enseignement moyen secondaire général qui s'occupait au sein à l'Ia de Saint-Louis de l'ensemble des dossiers ayant trait à l'éducation des filles.
Un bureau qui était en quelque sorte un cadre de coordination des interventions sur l'éducation des filles pour fédérer toutes les actions qui se faisaient pour elles. Elle est d'ailleurs la première femme à occuper ce poste. Ce fut alors le début d'une nouvelle carrière pour Adiara Sy.
De l'Ia au provisorat
Après avoir dirigé pendant deux ans ce bureau avec succès, elle va gravir les échelons. L'ancien professeur va en effet se retrouver sur la seconde marche de la hiérarchie dans l'académie de Saint-Louis. Mettant à profit le départ de l'adjoint de l'inspecteur d'académie en 2009, elle postule et remporte le poste.
Elle occupe ainsi le prestigieux poste d'adjointe de l'inspecteur d'académie de Saint-Louis et se fait de plus en plus remarquer par ses prises de position courageuses et ses interventions pertinentes dans les grandes cérémonies.
Mais en 2014 un heureux hasard va à nouveau changer sa trajectoire. Le poste d'inspecteur d'académie adjoint est en effet supprimé et remplacé par celui de secrétaire général. Pas intéressée par ce nouveau poste, Adjara comme l'appellent les familiers décide de retourner à ses premières amours. Elle retourne à son lycée d'origine, le lycée Ameth Fall dont elle redevient avec beaucoup de "plaisir" le proviseur en octobre 2014.
Elle ne s'en cache d'ailleurs pas pour justifier ce choix. "Ma posture m'a permis de surplomber le système éducatif, j'ai alors décidé d'aller travailler pour mon lycée, pour ma ville, pour ma communauté et pour ce que je connais le plus."
La rigueur en bandoulière
La rigueur en bandoulière Adiara Sy engage un autre combat. Elle a la lourde tâche de remettre sur les rails le lycée Ameth Fall dont les résultats étaient tombés très bas. "J'ai décidé avec mon équipe de relever le défi. Le premier défi c'était de mettre de l'ordre en ramenant tous les élèves dont certains avaient été déplacés dans une annexe au sein de l'établissement, le deuxième c'était de travailler lors de ma deuxième année sur la qualité et l'organisation du travail à l'interne", confie-t-elle.
Les résultats ne tardent pas d'ailleurs à suivre car l'année scolaire 2016 sera très riche en moisson. Au Bfem, le lycée est passé d'un taux de réussite de 29 à 34% alors qu'au Bac, de 34% le taux est passé à 61,24% soit un bond de 25%.
A cela s'ajoutent les bonnes performances réalisées dans les séries scientifiques avec un taux de réussite de 100% en S1, une série qui n'existait plus au lycée et 85% en S2. Ces résultats qui ont fait le tour de la ville et du pays ont été accueillis et appréciés à leur juste valeur par les autorités et font la fierté du chef d'établissement et de son personnel.
Défis
Adiara Sy ne compte cependant pas s'arrêter en si bon chemin. Véritable femme de défis, elle se projette déjà dans l'avenir et veut faire de son lycée une vitrine du système éducatif. "Nous voulons aller de l'avant dans la quête de la qualité pour hisser le lycée au niveau des meilleurs lycées du Sénégal", confie-t-elle.
Ce défie ne sera pas le seul car le proviseur du lycée Ameth Fall, militante de l'éducation des filles entend travailler davantage pour le maintien de filles à l'école. Elle dit : "Mon défi en tant que militante de l'éducation des filles est de maintenir les filles titulaires de l'entrée en sixième au lycée jusqu'au Bac, car c'est seulement comme ça que nous pourrons gagner le pari de la lutte contre la déperdition scolaire."
Adiara Sy n'a pas manqué aussi dans son plaidoyer pour une éducation de qualité d'inviter les parents d'élèves à assurer un meilleur encadrement à leurs enfants laissé souvent à eux-mêmes pour réussir à hisser le public au niveau du privé et cela passe pour elle par un équipement des écoles pour mettre les acteurs dans de bonnes conditions de travail mais aussi par un engagement permanent de ces acteurs pour arriver à une bonne exécution des programmes et à un respect strict du quantum horaire. Respect !