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3 mars 2025
5 ETUDIANTS EN PRISON, LES LYCEENS ENTRENT DANS LA DANSE
Les sept étudiants arrêtés, mercredi, à Matam ont été présentés au procureur, hier. Les deux étudiants de l’Isep ont été libérés tandis que les cinq de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont été placés sous mandat de dépôt.
Bés Bi le Jour |
Amadou Oumar DIALLO |
Publication 28/10/2023
Les sept étudiants arrêtés, mercredi, à Matam ont été présentés au procureur, hier. Les deux étudiants de l’Isep ont été libérés tandis que les cinq de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont été placés sous mandat de dépôt.
Et la tension n’a pas baissé puisque ce vendredi, ce sont les élèves du lycée El Hadj Yéro Bass de Ourossogui qui ont délogé les élèves des autres établissements de la commune. Le préscolaire, le moyen-secondaire et l’élémentaire ont aussi fermé leurs portes. D’après les manifestants, les gendarmes ont procédé à l’arrestation de deux de leurs camarades et des nouveaux bacheliers. École après école, les lycéens n’ont pas hésité à faire sortir les apprenants.
La gendarmerie a dispersé la foule avec des grenades lacrymogènes qui, d’après des professeurs du Cem 1 de Ourossogui, ont fini par affecter quelques élèves qui étaient à l’intérieur. Dans les écoles, c’est la panique totale et les chefs d’établissement ont donné l’ordre au personnel d’interrompre les cours.
L’UCAD SE CHERCHE
Après quatre mois de suspension des cours en mode présentiel, les étudiants sont plongés dans une inquiétude totale sur leur avenir et demandent aux autorités de réagir, afin que les enseignements puissent reprendre dans un bref délai
Alors que certaines universités régionales du pays sont ouvertes depuis quelques temps, celle de la capitale sénégalaise communément appelée Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar n’a pas encore repris les cours. Ce qui suscite le soulèvement des étudiants et certains syndicats de l’éducation, notamment la Coordination du Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (Saes). Ces derniers accusent les autorités de vouloir hypothéquer l’ouverture de l’année universitaire à l’UCAD et d’être les victimes expiatoires de stratégies politiques latentes en année électorale.
L ’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) est fermée depuis le mois de juin dernier, à la suite de violentes manifestations nées de la condamnation à 2 ans de prison ferme du principal opposant de Macky Sall, en l’occurrence Ousmane Sonko du parti dissout Pastef-Les Patriotes. Après quatre (4) mois de suspension des cours en mode présentiel, les étudiants sont plongés dans une inquiétude totale sur leur avenir et demandent aux autorités de réagir, afin que les enseignements puissent reprendre dans un bref délai. Mais ce cri de détresse donne l’impression d’être tombé dans l’oreille d’un sourd.
Pour cause, l’ouverture de l’année universitaire initialement prévue pour novembre prochain semble hypothéquée. En effet, alors qu’une réunion du Conseil académique doit avoir à nouveau lieu à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar à la fin de ce mois d’octobre 2023 pour décider quel sera le calendrier de la reprise des cours en présentiel, la direction de la cité universitaire a décidé de repousser la réouverture du campus où logent une grande partie des 85 000 étudiants, à début janvier 2024. La principale raison officielle invoquée par Maguette Sène, le directeur du Coud, est la nécessité de faire des travaux de rénovation et des aménagements sécuritaires, après la fermeture de l’ université suite à des manifestations consécutives à la condamnation du principal opposant Ousmane Sonko, début juin, et le saccage de l’université par des manifestants en furie. A en croire ainsi Maguette Sène, Directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), «le Conseil d’administration avait fermé, le1er juin, le campus. Aujourd’hui, il a encore décidé de repousser l’ouverture afin de mettre des mesures plus adaptées pour que les casses ne se reproduisent plus.
Mon équipe et moi travaillons pour mettre en place un système de sécurité car il nous faut revoir l’habitation, mais aussi l’accès au campus». Le Directeur du COUD de faire comprendre que la demande est loin d’être réalisée parce que « Le Conseil d’académie, en fermant le campus au mois de juin, avait proposé comme alternative des cours en ligne. Nous pensions qu’on pourrait le poursuivre en attendant de finir les travaux ». Et tout admettant que les études en ligne, palliatifs trouvés à la fermeture des amphithéâtres, avaient des limites, il a fait savoir que « Nous sommes obligés de suivre et de sécuriser le campus».
La proposition qui ne fait pas l’unanimité a soulevé moult tensions, notamment chez les étudiants et les membres du Saes (Syndicat autonome des enseignants du Supérieur), décidés à obtenir la réouverture des amphithéâtres le plus tôt possible. Les nerfs sont encore plus tendus chez les étudiants qui ne demandent que l’ouverture de l’année académique à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD)au moment où certains de leurs camarades des autres universités sont démarré les cours.
C’est ainsi que dans la foulée d’une réunion du Conseil académique de l’Ucad, dirigée par le Recteur Aly Mbaye et arrêtant la fin de ce mois d’octobre pour statuer sur la date de reprise des cours, les étudiants par l’entremise de leurs Amicales, ont cherché à organiser une conférence de presse pour se prononcer sur leur situation. Malheureusement, la police a dispersé à coup de de grenades lacrymogènes, la conférence de presse des étudiants qui devraient se tenir à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, le lundi 23 octobre dernier, précisément à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG). Selon les forces de l’ordre, la rencontre n’avait pas été autorisée, alors que les étudiants soutenaient le contraire. Ces derniers vont finalement tenir leur conférence de presse au lycée Maurice de Lafosse.
La principale décision du jour a été de lancer un appel aux autres étudiants du Sénégal pour bloquer les cours partout dans le pays. « Etudiants, luttez pour vous. Le mot d’ordre, c’est de paralyser le système éducatif, préscolaire, collège et lycée. Que personne ne fasse cours tant que l’UCAD n’est pas ouverte. La police a reçu l’ordre pour qu’on ne tienne pas la conférence. Alors, on est prêts à tout. S’il faut faire un front pour défendre notre avenir, nous sommes prêts». D’ailleurs, le mardi 24 octobre dernier, les étudiants ont même délogé leurs apprenants du lycée Maurice de Lafosse. Et dans la dynamique, ils n’ont pas manqué de dénigrer la non-ouverture de l’université, une décision qui serait purement politique à leurs yeux. L’année électorale et la forte tension politico-sociale seraient pour eux aux entournures de cette décision de maintenir clos les amphithéâtres de la première université publique du Sénégal.
LES ENSEIGNANTS, EN GUERRE CONTRE LA FERMETURE PROLONGEE
Dans la même lancée, le SAES campus Dakar a tapé sur la table en exigeant des autorités la fin de la fermeture de l’UCAD qui, selon eux, augure de lendemains incertains. Dans un communiqué publié avant-hier, jeudi 26 octobre, « la Coordination constate, avec regret, une volonté manifeste des autorités de vouloir retarder la reprise des enseignements en présentiel, remettant ainsi en cause les résolutions fermes des instances syndicales relatives à une reprise immédiate des enseignements. Cet état de fait, qui inquiète la communauté universitaire dans toutes ses composantes, appelle à une mobilisation pour combattre avec vigueur toute intention ou tentative de détourner de cet objectif commun qu'est la reprise en présentiel des enseignements à l’UCAD ». Et de poursuivre : « Au demeurant, la coordination interpelle l'autorité et la met face à ses responsabilités quant aux prochaines perturbations qui découleraient du dilatoire orchestré en vue d'orienter la décision des instances académiques et de saborder la reprise voulue ». Pour finir, la Coordination du SAES a invité ses militants « à rester mobilisés et à se tenir prêts pour l'exécution de plan d'actions d'envergure pour le sauvetage de notre université ». Reste maintenant à savoir quelle sera la décision du Recteur Mbaye et du Conseil académique de l’Ucad à qui revient le dernier mot de l’ouverture ou non de l’université de Dakar !
DAKAR RENOUE AVEC LA RUE
La ville de Dakar a renoué hier, vendredi 27 octobre avec les manifestations politiques autorisées par l’autorité préfectorale après plusieurs mois de confinement
Pari réussi pour les organisations de défense des droits de l’homme qui ont organisé une marche hier, vendredi 27 octobre, pour exiger la libération de Aliou Sané, coordonnateur du mouvement Y’en a marre et de toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, d’opinion et de réunion pacifique. Cette manifestation qui a vu la participation de plusieurs acteurs politiques notamment ceux de l’opposition est une première depuis le 12 mai dernier.
La ville de Dakar a renoué hier, vendredi 27 octobre avec les manifestations politiques autorisées par l’autorité préfectorale après plusieurs mois de confinement. Il s’agit d’une marche pour la libération de Aliou Sané, coordonnateur du mouvement Y’en a marre et membre du Conseil d’administration du réseau ouest africain des défenseurs des droits humains et de toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, d’opinion et de réunion pacifique. Organisée par Amnesty International Sénégal, la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH) et Article 19, cette marche a mobilisé plusieurs personnes dont les leaders politiques membres de l’opposition sur le trajet RondPoint Jet d’Eau – Terminus Liberté 5. Il s’agit entre autres, de Malick Gakou, Déthié Fall, et des responsables du parti Pastef dissout dont le député Ayib Daffé mandataire de Ousmane Sonko par ailleurs secrétaire général par intérim de Pastef.
Le leader du parti Pastef dissout et maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko qui est actuellement au service de réanimation du pavillon spécial de l’Hôpital principal de Dakar et dont l’état de santé s’est considérablement dégradé ces derniers jours, selon une note du Directeur de l’administration pénitentiaire transmis au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, était l’absent le plus présent. En effet, partout on entendait « Libérez Sonko », « Libérez les otages », « à bas la dictature»
Prenant la parole au nom des organisateurs de cette marche pout lire la déclaration finale, le président de la Ligue Sénégalaise des Droits Humains, Alassane Seck, a indiqué qu’ils sont « particulièrement préoccupés par l’arrestation et le placement sous mandat de dépôt de Aliou Sané, coordinateur du mouvement Y’en a marre et membre du conseil d’administration du Réseau africain des défenseurs des droits humains (Rade) ».
Soulignant que « l’emprisonnement de Aliou Sane et les charges que le procureur a retenues contre lui résultent de l’exercice du droit garanti par la Constitution du Sénégal et les conventions régionales et internationales sur les droits humains signées et ratifiées par l’État du Sénégal », il a ainsi exigé au nom de ses collègues « la libération immédiate et sans condition de monsieur Aliou Sané, à l’abandon de toutes les charges retenues contre lui ».
Poursuivant son propos, il a également toujours au nom de ses collègues responsables d’organisations de défenses des droits de l’hommes demandé « à l’Etat du Sénégal de se conformer à ses obligations internationales en matière de droits humains ». Et ce, « en remettant en liberté toutes les personnes détenues parce qu’elles exerçaient leur droit à la liberté d’expression, d’opinion et de réunion pacifiques et d’abandonner les poursuites à leurs encontre ».
Loin de s’en tenir-là, il a également demandé au président Macky Sall et à son gouvernement de « créer un climat propice au plein exercice des droits civiques et politiques pour les citoyens et les partis politiques dans le contexte préélectoral que vit le Sénégal ». « Le président Macky Sall est également invité à mettre en contribution le temps qui lui reste au pouvoir pour initier les réformes et nouvelles lois dans le but de renforcer la démocratie et la protection des droits humains » a-t-il appelé.
LE MANQUE DE STRUCTURES AUGMENTE LA MORTALITE DUE À L'AVC
Au Sénégal, l’accident vasculaire cérébral (Avc) est au premier rang des affections neurologiques tant par sa gravité que par sa fréquence.
Au Sénégal, l’accident vasculaire cérébral (Avc) est au premier rang des affections neurologiques tant par sa gravité que par sa fréquence. Selon une étude menée au Chu de Fann, les Avc sont responsables d’un tiers des hospitalisations et des deux tiers de la mortalité dans le service neurologie de Dakar. Au niveau de la population générale, le taux d’incidence tourne autour de 1 à 2%.
Selon les spécialistes de cette pathologie, l’accident vasculaire cérébral est une maladie neurologique qui touche les artères du cerveau. On distingue deux principaux types d'AVC, ischémique et hémorragique. Ces spécialistes estiment que l’AVC constitue un problème majeur de santépublique, du fait de sa fréquence élevée et de sa gravité. Au Sénégal, au service de Neurologie de Dakar, il représente la première cause de décès, 1/3 des lits d’hospitalisation sont occupés par des patients victimes d’AVC. Face à l’ampleur de la maladie, une journée de sensibilisation est organisée chaque année le 29 octobre par la communauté internationale.
Les principaux facteurs de risque d’AVC sont l’âge avancé, les antécédents familiaux de maladie vasculaire, l’hypertension artérielle, l’obésité́ abdominale, la sédentarité́, le diabète, l’excès de cholestérol dans le sang, le tabac, l’alcool, le stress, les maladies du cœur et des artères du cou. « Même si une mauvaise alimentation (riche en sucre, sel et cholestérol) peut concourir à la survenue de facteurs de risque d’AVC, d’autres maladies, notamment du cœur, des vaisseaux, du sang peuvent également causer un AVC » avait fait savoir Dr Ndiaga Matar Gaye, Neurologue. Selon ce dernier : « il est crucial pour la victime et/ou son entourage de savoir reconnaitre rapidement les signes d'un AVC, compte tenu de l’urgence médicale, pouvant être chirurgicale dans certains cas ».
Les principaux signes de l'AVC sont entre autres un affaissement du visage / déviation de la bouche, une faiblesse dans un bras ou une jambe, une difficulté́ pour s'exprimer verbalement, un trouble de l’équilibre, une perte de la vision. Au Sénégal, selon le spécialiste, le traitement spécifique de l’AVC ischémique existe. « Il s’agit de la thrombolyse qui est recommandée jusqu’à̀4H30 après le début des signes. Elle consiste ̀à administrer une substance dans une veine, pour dissoudre le caillot ayant bouché l'artère du cerveau. Mais le médicament utilisé n’est disponible que dans certaines structures privées et coûte cher ».
Malgré l’existence de ce traitement, peu en bénéficient. Selon une étude de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, la majeure partie des malades arrivent à l’hôpital tardivement. C’est-àdire après plus de 12h. Une situation qui s’explique par l’insuffisance des ressources humaines et matérielles et de l’inaccessibilité aux soins. Pour prévenir ou amoindrir les risques de faire une attaque cérébrale, les spécialistes recommandent 30 minutes de marche par jour. « En pratiquant une activité physique régulière, vous limitez votre prise de poids et diminuez le risque de diabète, d'hypertension artérielle ou de cholestérol. Mieux, vous augmentez votre taux de bon cholestérol et évitez ou retardez le traitement médicamenteux ».
LE COMBLE DE LA MISERE
Entre bombe écologique, catastrophe sanitaire et terreau à la fois de désespoir et d’espoir suscité par le programme de restructuration/modernisation de Mbeubeuss, annoncé par le président de la République au lancement du Promoged
Entre «bombe» écologique, catastrophe sanitaire et terreau à la fois de désespoir et d’«espoir» suscité par le programme de restructuration/modernisation de Mbeubeuss, annoncé par le président de la République, Macky Sall, au lancement du Projet de promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides (PROMOGED), le jeudi 24 juin 2021, les populations riveraines de ce qu’il reste du lac-point de chutes des ordures de la capitale sénégalaise endurent le martyre et attendent d’être relogées. Seulement, l’espoir des habitants cohabitant avec cette décharge géante, située dans la commune de Malika, en banlieue de Dakar, semble s’amenuiser car ils ne trouvent plus d’interlocuteurs. Pendant ce temps, les reptiles et les eaux polluées continuent d’envahir leurs habitations.
Mbeubeuss, la grande décharge des ordures ménagères de la capitale sénégalaise, nichée dans la commune de Malika, en banlieue de Dakar, a fini par céder son nom au cours d’eau voisin, appelé aujourd’hui «Lac Mbeubeuss». Sa proximité avec la plateforme semble expliquer son degré de pollution très élevé. Les fortes précipitations enregistrées et les rejets des eaux usées, notamment par le canal dans le lac, sont à l’origine du sinistre des populations de Thodd Ba, Diamalaye 2 et Extension, Darou Salam. A cela s’ajoutent «les eaux des trois bassins reliés au canal. Alors qu’ils sont faits pour conserver de l’eau», déplore un riverain. Bref, coincée sur une superficie de plus de 200 hectares à la périphérie de Dakar, sur le lac du même nom, la décharge de Mbeubeuss suscite le désespoir des populations riveraines, leur vie étant polluée par les eaux usées, les odeurs pestilentielles et les fumées qui se dégagent du méthane qui brûle en tout temps, ainsi que de l’insécurité... Cependant, l’espoir est aussi nourri, même si, en plus d’une large communauté de milliers de récupérateurs communément appelés «bujumanes», les populations attendent toujours l’effectivité du programme de restructuration/modernisation de Mbeubeuss, promis par le président de la République, Macky Sall, lors du lancement du Projet de promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides (PROMOGED), le jeudi 24 juin 2021. Et le quartier Thodd Ba, qui est un îlot replié sur lui-même, en est un exemple. Les maisons et les terrains nus sont engloutis par les eaux usées. Les fumeurs de cannabis squattent les lieux. La Police effectue des descentes inopinées, à la recherche des délinquants. A notre passage, une camionnette fourgon de la Police s’est enlisée dans la boue. «Les jeunes viennent ici pour fumer de l’herbe prohibé. Mais ils n’ont jamais agressé des gens, nous les résidents et ceux qui travaillent sur ce site, les récupérateurs, appelés ‘’bujumanes’’ (recycleurs), un mot à connotation péjorative», en langue locale wolof pour désigner ces «fouineurs» dans les ordures, explique-t-on.
TOUT EST CORVEE ET MISERE A THODD, UN QUARTIER DE MBEUBEUSS OU LES GENS VIVOTENT
Le sinistre et l’insécurité ont beaucoup pesé sur les activités et la vie des résidents. Tout est corvée et misère à Thodd. Dans ce quartier, à l’image de beaucoup de zones du pays, les gens vivotent. Mais la situation s’est exacerbée avec les inondations enregistrées ces dernières années. «L’arrivée des pluies n’a pas arrangé les choses, les activités sont au ralenti. Les prix des matières ont subi une baisse considérable», a révélé un recycleur.
Les filles du Daara, l’école coranique (internat) de la localité, triment dur pour se procurer de l’eau. L’unique puits où s’approvisionnent les résidents est menacé par les eaux polluées qui remontent en surface. «Il faut voir ces filles tous les matins venir chercher le liquide précieux. Vous ne pouvez qu’être consterné. Le chemin est boueux. Elles se déplacent, munies de leurs récipients, avec beaucoup de difficultés. En plus, il y a des serpents», témoigne Gana Fall, un membre du Collectif «And Aar Sunu Gox» dont la maison se situe tout près du puits. Le tapis herbacé très fourni empiète sur le lac. Des bâtiments en ruines sont le lit des tas d’immondices et des reptiles. Ils offrent un décor piteux. Les dégâts sont considérables. «Ces terres, nous les avons obtenus après de durs labeurs. Aujourd’hui, les eaux ont envahi littéralement toutes nos maisons», déplorent les habitants. Sur les berges, les champs de légumes côtoient les habitations.
SUSPICIONS AUTOUR DE L’IDENTIFICATION, RECENSEMENT ET DEDOMMAGEMENT DES SINISTRES
Quitter la zone inondée, cela n’agrée pas ces pères de familles nombreuses. Dans certains ménages, on peut dénombrer 12 personnes. «Nous n’avons pas où aller. Nous avons tout perdu. Allez louer une maison quelque part en ville, c’est impossible ! La caution que le bailleur vous demande de payer avant de vous installer, c’est au minimum 600.000 FCFA. Nous n’avons pas ces moyens financiers. La mesure pour dédommager les victimes est discriminatoire. Les gens ont préféré nous laisser sombrer, l’écrasante majorité des habitants est dans la misère», a déclaré un sinistré, la gorge nouée. «Parmi nous, les plus chanceux ont bénéficié d’un dédommagement de PROMOGED. Certains ont été contraints de quitter les lieux. Car ils ne pouvaient plus tenir face à la furie des eaux», a déclaré un habitant de Diamalaye 2. Jusqu’à nos jours les populations attendent désespérément un soutien des pouvoirs publics, en vain. Pourtant, «lorsque nous avons bouché la canalisation, le ministre auprès du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, chargé de la Prévention et de la Gestion des Inondations, Issakha Diop, en compagnie des autorités locales, nous a rencontrés pour nous supplier qu’on accepte de déboucher le canal. Nous avons cédé. Depuis lors, personne n’est venu s’enquérir de l’état de la situation». Auparavant, «il n’y avait jamais d’inondation ici, à Malika», a déclaré le président du collectif, par ailleurs maçon, Sangue Mbacké. L’association «And Aar Sunu Gox» compte 200 membres. Les victimes sont tous des démunis.
PRESSION FONCIERE ET PRATIQUE DU MARAICAGE MALGRE L’INTERDICTION DE L’AGRICULTURE SUR PLACE, DU FAIT DE LA POLLUTION
Sur les berges du lac, les champs maraîchers côtoient les habitations. Le degré de pollution du cours d’eau reste encore méconnu. Les prélèvements effectués, après analyse, montrent qu’une agriculture bio ne pouvait être pratiquée. Le risque de contamination des produits étant réel, ces produits maraîchers constituent un véritable danger dans nos plats. Cette étude avait été faite dans le cadre du projet. La pression foncière est aussi une réalité dans ce quartier flottant. Sory Ba, délégué de quartier confirme. Selon ses propres déclarations, «les gens m’ont confié plus de neufs terrains à vendre. Mon terrain, c’est PROMOGED qui l’a rasé. J’ai été dédommagé à hauteur de 33 millions de FCFA». Ces parcelles qui attendent d’être vendues sont submergées par les eaux du lac. En clair, il n’est plus possible d’habiter à cet endroit.
DAROU SALAM 2 ET EXTENSION : INSECURITE, INSALUBRITE ET HANTISE DES SERPENTS EN DIVAGATION
Autre quartier, autres réalités en plus de celles connues à Todd Ba. A Darou Salam, Extension, c’est le règne de l’insécurité et l’insalubrité. Les serpents : boas, couleuvres, entre autres, sont légion. Le réseau électrique, malgré son extension, laisse à désirer à cause de l’inaccessibilité des lieux. Idem pour la Police, témoignent les résidents de Darou Salam 2 qui craignent les morsures de serpents ou de recevoir des coups des gueules tapées. La hantise des reptiles sème la psychose au sein de la population. Un mur de clôture, c’est tout ce que demandent les pères de famille, pour se protéger contre ces reptiles dangereux et venimeux. Pis, les agresseurs et voleurs, après avoir commis leurs forfaits, trouvent refuge dans ce marécage Sexagénaire, Laity Ka, père d’une famille nombreuse (12 enfants), nous présente par devers lui deux actes de cession : l’un appartenant à son épouse, l’autre à lui-même. «Pour prouver : voici les papiers qui m’ont permis d’acquérir ces terrains. Je ne bougerai pas d’ici, sans être rétabli dans mes droits. Nous avons fait l’objet de menaces de la part des autorités, quand nous avions voulu construire la clôture. Nos familles vivent dans l’insécurité totale, à cause des serpents et autres reptiles en divagation.» M. Ka révèle que «les Sapeurs-pompiers sont intervenus ici pour abattre de gros serpents. Environ 5 ont été abattus». Au garage d’une entreprise de la place qui opère dans le débouchage et la réparation des canalisations endommagées, sous-traitant avec l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS), les employés nous ont montré des images des reptiles, filmés à l’aide de leurs téléphones portables. Ils ont ainsi confirmé la présence des serpents.
LES POPULATIONS ENTRE INONDATIONS, REJETS DE LA NAPPE PHREATIQUE ET DEBORDEMENT DES EAUX USEES DU CANAL
Par ailleurs, les rejets d’eau par la nappe phréatique donnent du fil à retordre à Baboucar Sagna, père de cinq enfants. Obligé de sécher les jours de job pour se consacrer à cette tâche pénible : débarrasser les lits, l’armoire et les meubles des eaux. Pour endiguer l’eau, des sacs remplis de sable sont superposés devant la porte de sa maison. Avec ses 1,66 m de taille, il déclare : «mes jambes sont trempées d’eau jusqu’au genou. Tous les jours, il me faut évacuer les eaux pour qu’on puisse respirer. J’ai rempli des sacs de sable pour empêcher l’eau de pénétrer dans la maison. Mais la barrière est inefficace. La nappe continue à rejeter les eaux. D’ailleurs, ça fait des jours, avant votre passage ici, qu’il n’a pas plu. Malgré cela, ma maison est inondée. Ça fait plus de 14 ans que j’habite ici. Ce bâtiment, c’est quelqu’un qui me l’a prêté quand il déménageait. Je n’avais pas le choix. Car là où j’étais, la situation était pire qu’ici», confie M. Sagna. Du canal qui passe devant sa maison se déversent les eaux qui proviennent des égouts des localités de Keur Massar, Pikine et Boune. Pourtant, au Sénégal, il existe une norme de rejet des eaux usées appelée la norme NS.05-061. Elle est incorporée dans le Code de l’Environnement et stipule que «toute eaux usée, avant d’être rejetée, devrait être traitée». Ce qui ne semble être pas le cas ici. En outre, les chauffeurs des camions hydro cureurs Aliou Sow et Daouda Diouf, ont attesté qu’il «il est formellement interdit de déverser des eaux usées sur ce site. Il y a des endroits autorisés : Tivaouane Peulh, Cambérène, Technopole, Pikine et Rufisque. Les contrevenants risquent gros et peuvent séjourner en prison».
85 FAMILLES SINISTREES RELOGEES GRACE A LA SNHLM, 90 AUTRES RECENSEES EN ATTENTE
Des motopompes assurent l’évacuation des eaux. Les 20 litres de carburants ne suffisent pas pour faire fonctionner le moteur pendant 24 heures. Pis, Cheikh Dieng et Bamba Diop, préposés à faire tourner ces machines, travaillent dans des conditions difficiles. Ils ne bénéficient pas de rémunération. Selon eux, «ce travail est un sacerdoce. Sans cette conscience, nous allons lâcher prise», avouent-ils. En attendant, au total 85 familles sinistrées ont pu bénéficier des maisons grâce à la Société nationale des Habitations à loyer modéré (SNHLM), à la cité Tawfekh, Niague et Socabeg, dans le Tivaouane Peulh. «90 familles recensées par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique attendent toujours leurs parcelles», a indiqué le délégué de quartier, Mor Yally.
LAMINE DOUMBIA, INGENIEUR HYDRAULICIEN EN SERVICE A L’ADM : «Pour des raisons de sécurité, il faut délocaliser les populations… au-delà de 120 mm, le risque de débordement est réel»
Interpellé sur la situation des habitants autour du «Lac Mbeubeuss», l’expert hydraulicien, Lamine Doumbia soutient : «Pour des raisons de sécurité, il faut délocaliser les populations. Comment ? Il appartient aux autorités d’examiner cette question. Le lac est classé zone humide par la Convention de Ramsar. Donc, il est protégé». «Toutefois, nous maitrisons la situation et la contrôlons quand les quantités de pluies sont égales à 120 mm. Grâce à la station de pompage, équipée de trois (3) motopompes, installée vers la VDN à Tivaouane Peulh. Sa capacité est 4000 m3/h. Le système a permis de pallier aux inondations des quartiers de la région de Dakar. Par contre, au-delà de 120 mm, le risque de débordement est réel. Cela est lié à l’implantation de nouveaux quartiers après 2013.» Par ailleurs, l’ingénieur a révélé que «le système gravitaire va être mis en place bientôt. En plus, nous allons maintenir la station de pompage. Malgré les coûts élevés des factures». Selon lui, le lac de Mbeubeuss a été «délimité en deux zones : la première, le lit mineur, c’est-à-dire un flanc d’eau permanent et la deuxième, celui dit majeur, lieu de débordement des eaux précisément pendant la saison des pluies. Mais, nous contrôlons ce débordement. Car on l’a calé à 50 cm par rapport au niveau de la mer», a indiqué l’expert hydraulicien en service à la l’Agence de développement municipal (ADM).
Par Cheikh Tidiane GADIO
LA PATRIE OU LA MORT, SANKARA VAINCRA…
Si Nkrumah, Sékou Touré, Lumumba, Cabral, Cheikh Anta Diop ont été incompris, isolés, parfois assassinés ou poussés à faire des catastrophes, c’est que les progressistes africains ont hésité à leur apporter leur soutien. Sankara n’a pas failli à la règle.
Si Nkrumah, Sékou Touré, Lumumba, Cabral, Cheikh Anta Diop ont été incompris, isolés, parfois assassinés ou poussés à faire des catastrophes, c’est que les progressistes africains ont hésité à leur apporter leur soutien. Sankara n’a pas failli à la règle.
Avec le crime crapuleux commis sur la personne de Thomas Sankara, ce n’est pas seulement notre droit à l’espérance qu’on a voulu assassiner, mais c’est aussi et peut-être surtout notre droit au rêve qu’on a voulu anéantir (comme disait Sankara) aujourd’hui, demain et pour toujours. Notre peine est immense. Et elle est à la mesure du rêve gigantesque auquel n’a cessé de nous convier cet homme tout entier fait de sincérité, de dévouement et d’intégrité. Faire du Burkina Faso, dont le poids économique et géopolitique est plutôt insignifiant, un pays respecté, fascinant et attrayant, ou comme le disait un confrère « inscrire simplement le nom de ce pays sahélien sur la carte du monde », constituent sûrement et déjà un grand mérite pour Sankara. II peut être tentant de se lancer dans une énumération des acquis de la révolution intelligente et non dogmatique qui était en cours au Burkina, mais l’heure n’est pas au pointage des acquis et revers et aux comptes d’épicier. Convaincu de la chaîne de solidarité de tous les processus révolutionnaires de par le monde, le véritable bilan de la révolution burkinabé sera, selon nous, l’œuvre d’une autre révolution au Burkina ou ailleurs. L’enjeu principal de la phase en cours, c’est la dénonciation conséquente et intransigeante de la farce tragique que les bourreaux du fameux Front Populaire déroulent sous nos yeux .
A LA RECHERCHE DE L’ESPOIR PERDU
Au plan personnel, nous avions commencé par nous méfier d’abord de Sankara et de ses camarades. Leurs discours si justes et leurs appels si généreux, en ces temps de crise sévère du marxisme et de désarroi idéologique, nous semblaient trop élaborés pour être sincères. Nous exercions alors notre droit légitime à la suspicion par rapport au marxisme-léninisme kaki, par rapport aux marchands d’illusions qui, à la faveur d’un coup d’État, s’érigeaient en messies sauveurs des peuples d’Afrique, traumatisés par la longue nuit coloniale et néocoloniale. Le sort du marxisme en Chine, au Vietnam, au Cambodge, au Bénin et au Congo, avait fini de nous faire accepter la descente aux enfers et l’assumation pleine et entière de la crise des perspectives, mais jamais la renonciation à l’idéal révolutionnaire de progrès et de justice. Ainsi donc méfiance et retenue étaient notre ligne de conduite. Mais seule la vérité étant révolutionnaire et seule la pratique étant critère de vérité, notre résistance a fini par s’étioler laissant progressivement la place à l’enthousiasme et à l’intime conviction que Sankara et son équipe avaient une qualité majeure, la sincérité. C’est ainsi que nous avons pu dire à un ami qui, lui, préférait rester sur ses positions, que le drame des révolutionnaires et progressistes africains consiste à préétablir le schéma du modèle révolutionnaire idéal et à vouloir y conformer toute expérience en cours. Et que, pour parler radicalement, l’impérialisme c’est nous : car si NKrumah, Lumumba, Cabral et même Sékou Touré et Cheikh Anta Diop ont été incompris, isolés, parfois froidement assassinés ou poussés à commettre des catastrophes, le soutien hésitant et trop exigeant des progressistes africains y était pour quelque chose. Ce jeune, en l’occurrence Thomas Sankara, qui est la somme de nous tous, avec nos discours enflammés, généreux, parfois naïfs, et qui a un « plus » décisif (les rênes du pouvoir), essaye de faire bouger des choses; et au lieu de l’épauler sans toutefois renoncer à notre devoir de critiques, nous préférons passer notre temps – en gardiens du temple auto-désignés – à lui exiger des comptes et des explications.
Face à la réalité dramatique du pouvoir, les critiques de salon sont d’un confort incomparable ! Or donc, Sankara nous a convaincu. La touche personnelle et la séduction du romantique et de l’homme intègre ont fait le reste: c’est-à-dire que par-delà son idéal, on s’est mis à aimer l’homme. Car le style Sankara est une gifle pour tous ces présidents-chefs de villages : tyranneaux à la main gantée, pères de nations misérables, hommes providentiels envoyés par le ciel, dirigeants à vie, ivres de pouvoir et d’autorité, petits sergents devenus maréchaux, infaillibles, rustres, peu raffinés, collectionneurs infatigables de voitures de luxe et de maîtresses, meilleurs clients des fameuses banques suisses, et dont la bonne santé physique et matérielle est inversement proportionnelle à la misère morale et matérielle de leur peuple famélique au nom de qui pourtant, ils vont partout faire la manche, une larme hypocrite au coin d’un œil, l’autre lorgnant le montant du chèque que le bienfaiteur du moment est en train de remplir avec délectation. C’est de cette Afrique-là que Sankara ne voulait plus. Et avant de mettre un peuple démobilisé au travail, il avait compris qu’il était d’abord essentiel de lui rendre sa dignité prostituée. Et la patrie des hommes intègres nous a convaincu que cela était possible. Sankara était un style. Un moralisateur d’une fonction qui nous pose problème tant le glissement vers la tyrannie de nos « présidents » parachutés ou imposés ou élus à 99,99 % nous a semblé une malédiction cruelle.
ET L’ANGE GARDIEN DEVINT L’ANGE DE LA MORT
Sur un autre registre, Che Guevara l’impérissable s’était réincarné en Sankara. Le droit au rêve, à la tendresse, au romantisme, à la révolution humaniste par l’homme et pour l’homme, était reconquis. Dommage que l’homme le plus proche physiquement de Sankara ait compris le contraire de ce que toute l’Afrique progressiste avait compris. Et le « beau Blaise », l’ombre fidèle, le petit frère « protecteur » l’ange gardien, est devenu « l’affreux Blaise », l’ange de la mort. Kaboré, « la grande gueule », comme dit Blaise qui renoue ainsi avec la grossièreté, a bien résumé le coup de folie de l’ancien n° 2 devenu n° 1 : trahison, assassinat, mensonge.
LA TRAHISON
Aux yeux de l’opinion mondiale, et jusqu’à preuve du contraire, c’est Blaise, l’ami fidèle, qui a organisé par un processus conscient et «imparable» la destitution-liquidation de Sankara. Ce dernier, se défend-il, voulait nous assassiner. Soit. Mais des preuves Blaise, des preuves ! La réponse de Blaise est alors tombée ahurissante et lamentable (in JA n° 1400) : « Nous sommes en train de rassembler des éléments de preuves ». Ah bon ! Nous qui croyons naïvement que les preuves étaient à portée de main, préalablement rassemblées, vérifiées et solidement établies avant l’exécution du camarade président « traitre à la révolution et à ses amis » !
L’ASSASSINAT
Sur cette question, les incohérences de Blaise Compaoré font mal et poussent au dégoût. Mais, ce qui est encore plus irritant ce sont les gesticulations de ces avocats du diable qui, à travers la presse parlée ou écrite, au Sénégal et ailleurs, essayent avec indécence et arguments aventuristes, de nous convaincre que Blaise ne voulait pas la mort de son « ami ». Les faits sont pourtant constants. Qui mieux que Blaise savait que Sankara resterait fidèle au slogan « la patrie ou la mort » ? Blaise pensait-il que Sankara qui, là encore jusqu’à preuve du contraire, ne se reprochant rien de fondamental, accepterait de suivre tranquillement les mains dans les poches, les gardechiourmes de Blaise, pour être arrêté, humilié, insulté. Ceux qui n’ont pas hésité à couvrir son cadavre encore chaud d’un linceul d’injures n’auraient sans doute pas hésité à ce faire, une fois le « PF » mis aux arrêts et chargé de toutes les bassesses. Le courage a-t-il manqué à Blaise pour venir lui-même neutraliser sans effusion de sang son « ami » qui s’était juré de ne jamais rien faire contre lui et qui a tragiquement tenu parole ? Et ce, en dépit des mises en garde répétées de ses proches, y compris son épouse. Qui donc, sans l’avis et l’aval des grands chefs militaires du Faso, a tendu un guet-apens à Sankara pour le neutraliser mort ou vif, de préférence plutôt mort que vif?
La réaction du peuple Burkinabé traumatisé, les marches vers la tombe de Sankara, en dépit du déploiement des forces dans la rue, n’est-ce pas une preuve que Sankara vivant et en prison, serait vite libéré par tous ceux qui ne connaissent ni ne partagent les vues du fameux Front Populaire. Et ces soldats qui n’ont pu retenir leurs larmes, et ces officiers en désarroi, seraient-ils tous restés impuissants si Sankara le charismatique était encore en vie après le coup de force de Blaise ?
Quant à la rubrique des mensonges, on n’a que l’embarras du choix. Blaise, «l’homme accablé», qui «vit des heures de peine » et dont la grippe est d’origine psycho somatique», a d’abord signé le premier communiqué qui se voulait une rupture de gauche avec Sankara «traitre à la révolution», « autocrate» qui exerçait «un pouvoir personnel» tout en favorisant la restauration du processus néocolonial». Quand le peuple appelé à manifester son enthousiasme et son soutien a pointé un regard dégouté sur le Front Populaire, et quand les «amis du Burkina» ont manifesté leur horreur, Blaise qui est «resté prostré pendant 24 heures» a opéré son virage déroutant : «Sankara est un camarade révolutionnaire qui s’est trompé. Il mérite une sépulture digne à la dimension de l’espoir qu’il a incarné un moment de sa vie». Et ce n’est pas fini, car l’indignation au Burkina et dans le monde, prenant les allures d’une lame de fond risquait d’engloutir le troublant et troublé Blaise. Qu’à cela ne tienne ! L’alibi massue sera alors «c’était lui ou nous. Sankara voulait nous liquider le même jour … Il a joué et il a perdu ... » Comment ? On n’a pas compris … ?» Non c’est vrai, c’est un accident tragique. J’ai même cru que c‘est moi qu’on attaquait ... Quand, à 18 heures, j’ai vu le corps de Thomas à terre, j’ai failli avoir une réaction très violente contre ses auteurs». Excusez le français, car Blaise est ému ou feint de l’être et d’ailleurs poursuit-il», mais quand les soldats m’ont expliqué les détails de l’affaire, j’ai été découragé et dégoûté». Donc jusqu’à 18 heures, Blaise n’avait rien décidé, n’était au courant de rien. Il ne savait même pas le pauvre qu’il lui restait quelques petites heures à passer ici-bas. Et pourtant dans l’heure qui suivait, il avait eu le temps de consulter militaires et civils, de mettre en place le Front Populaire et de signer le communiqué n° 1 du nouveau pouvoir … Et toujours sans que Blaise ne soit au courant de rien parce que cloué au lit par une méchante grippe, vers 16h déjà, la radio était sous le contrôle des putschistes et, un fidèle de Sankara, Osseini Compaoré, commandant de la gendarmerie révolutionnaire, avait déjà été neutralisé, (JA n° 1400). Qui donc a pris l’initiative de cette opération si rondement menée ? «Les soldats» répond sans sourire Blaise le magnifique. De qui se moque-t-on ? Ou Blaise est un mauvais élève de Machiavel, ou il a voulu jouer au monstre alors que ce n’était point sa nature profonde.
SURVIVRE AU MENSONGE
Si Sankara qui, à 16h, pensait à son jogging hebdomadaire, laissant sa femme aller au travail, avait déjà soigneusement planifié l’assassinat de ses meilleurs compagnons, nous disons: «quel culot, quelle sérénité pour un assassin potentiel» ! Liquider proprement un tel comploteur n’est qu’une œuvre de salubrité. Et il n’y a pas lieu de tergiverser là -dessus… Alors, le traitre, le menteur, et l’assassin c’est qui : Blaise ou Thomas ? A moins qu’un troisième larron, triste et véritable héros de cette tragédie, ne surgisse très prochainement pour lever tout le voile opaque de confusion qui torture tous les amis du Burkina. En tout état de cause, Sankara, qu’on a enterré avec autant de haine et d’indécence, est parti la tête haute, l’allure fière, et le crédit que lui confère sa sincérité reste intact. Dommage qu’avec lui soit enterrée et pour longtemps une grande partie de notre estime pour l’expérience burkinabé. Blaise Compaoré doit des comptes à la veuve Afrique et à toutes ces femmes des campagnes et des villes du continent dont les larmes furieuses ont témoigné pour «Sankara, la tendresse». Et aussi quid de la jeunesse africaine en mal d’espérance ? Blaise doit payer et il payera, car une trahison en cache souvent une autre, à moins que Sankara ne ressuscite… sous les traits d’un autre homme intègre. Pour l’instant, le Burkina redevient une province quelconque de la lutte des classes planétaires retrouvant un anonymat provisoire bien partagé de nos jours. «La patrie ou la mort, Sankara vaincra», puisqu’il a déjà survécu au mensonge et à la calomnie et qu’il repose sereinement désormais au Panthéon des Martyrs de l’Afrique martyre.
Cheikh Tidiane GADIO
Professeur de Télévision à l’École de journalisme de Dakar (Cesti) Ancien ministre des Affaires étrangères
*Publié à Dakar en décembre 1987 dans SUD MAGAZINE du Groupe SUD-COM, remis au goût du jour dans le cadre des hommages rendus à Thomas Sankara, au mois de décembre
LE TOP DEPART DU MARATHON DONNE CE WEEK-END
Le championnat de Ligue 1 prend son envol, ce samedi 28 octobre, avec le coup d’envoi de la première journée. Le champion Génération foot remettra son titre en jeu avec le déplacement qu'il effectue sur la pelouse du Stade de Mbour.
Le championnat de Ligue 1 prend son envol, ce samedi 28 octobre, avec le coup d’envoi de la première journée. Le champion Génération foot remettra son titre en jeu avec le déplacement qu'il effectue sur la pelouse du Stade de Mbour. Cette rencontre est présentée comme le match phare de cette journée. Le marathon de cette année va ainsi consacrer le retour dans l'élite de l’Union sportive de Ouakam mais aussi les grands débuts du Jamono de Fatick. La Ligue pro qui a placé ce nouvel exercice sous le signe du fair play, a décidé de corser un peu plus les sanctions contre tout contrevenant aux règles de bonnes conduites qui sont été fixées.
Après le trophée inaugural de la saison de football, le championnat de Ligue 1 reprend ses droits ce week-end. Trois rencontres seront au menu pour le top départ qui sera donné ce samedi 28 octobre. Récemment victorieux du trophée des champions aux dépens de Génération Foot, l’équipe de Teungueth FC ouvre le bal avec le duel qui l’opposera aux promus de Jamono de Fatick. Ce premier pas dans l’élite sera sans doute un test important pour les Fatickois, champion de la Ligue 2. Et il s’agira de bien démarrer et surtout d’engranger de la confiance pour un marathon qui s’annonce longue et indécis. Après avoir enchainé par une victoire en Coupe de la Ligue et un trophée des champions, Teungueth FC a certainement entamé le nouvel exercice sous de bons auspices. Il reste cependant aux Rufisquois de confirmer cette bonne dynamique au fil des matchs. Vainqueur de la Coupe du Sénégal, le Jaraaf de Dakar, fera, au même moment, ses débuts en recevant au stade Iba Mar Diop, l’équipe de Guédiawaye FC. Ce sera sous la houlette de son nouvel entraîneur Malick Daff. Vainqueur de la CAN U20 avec le Sénégal, le technicien va faire son retour chez les « Vert et Blanc » après l’avoir conduit au titre de champion lors de la saison 2017-2018. Au même moment, la Sonacos sera à la réception de Dakar Sacré Cœur au stade Municipal de Mbacké. La première journée se poursuivra demain, dimanche, avec quatre autres affiches.
GENERATION FOOT REMET EN JEU SON TITRE
Champion en titre, Génération Foot engage, dimanche, le championnat par un déplacement sur la pelouse du Stade de Mbour à Caroline Faye. Ce match phare de cette journée sera placé sous le signe d'un nouveau départ pour le club du président Mady Touré. Surtout après cette saignée qu’il a connu à l'intersaison et le départ de nombreux cadres. Dans le lot, le buteur Jean Louis Barthélémy Diouf, parti monnayer son talent au TP Mazembe, Souleymane Basse ou encore le gardien de but Mamadou Sy. Ce changement d'effectif s’est nettement traduit avec une élimination précoce du club de Déni Biram Ndao en préliminaires de la Ligue africaine des champions puis par une défaite subie d’entrée face à Teungueth FC (2-1). Nonobstant ces changements, Génération Foot n'a pas toutefois manqué de faire monter la jeune garde qui, ne tardera, sans doute, pas à progresser et s’affirmer. L’autre obstacle, auquel les Grenats vont intégrer cette saison, est le fait qu'ils ne pourront pas recevoir ses rencontres sur leur propre terrain. Cela du fait de la nouvelle règle édictée par la Fédération sénégalaise de football. En face, le Stade de Mbour sera tout aussi animé par la volonté de repartir du bon pied cette saison après avoir frôlé la relégation et perdu coup pour coup les finales de Coupe de la Ligue devant Teungueth FC et ensuite la Coupe du Sénégal face au Jaraaf. De son côté, le Casa sport accueille la Linguère de Saint-Louis, dimanche, au stade régional de Kolda. Le club Ziguinchorois aura l'ambition de jouer les grands rôles cette saison et de reconquérir le championnat national. Suite au départ de certains cadres dont le buteur Jean Gomis, la direction du club a renforcé son effectif avec quelques joueurs venus de la Gambie. Sauvé in extrémis, le club de la vieille ville a l’ambition de jouer les grands rôles. Dans cet élan, il compte capitaliser par la préparation hivernale d’un mois effectué en Mauritanie et ponctuée par une série de matchs amicaux contre des équipes du championnat local. De retour en Ligue 1, l’Union sportive de Ouakam peut compter sur son entraineur Moustapha Seck, champion des montées en division supérieure, pour redonner au club son lustre. Pour leur début, les promus ouakamois vont rendre visite à l’As Pikine au stade Alassane Djigo. La quatrième affiche de ce dimanche opposera au stade Iba Mar Diop l’Us Gorée à Diambars FC.
LA LSFP FERME SUR LES REGLES DE BONNES CONDUITES
Pour cette saison 2023-2024, la Ligue sénégalaise du football professionnel a prôné il y a quelques semaines, le fair play et un championnat sans violence. En même temps, elle a promis une plus grande fermeté contre les auteurs d’éventuels troubles, de pratiques occultes ou actes de violences qui pourraient survenir dans les stades. La LSFP a ainsi corsé les sanctions pécuniaires qui seront retenues contre tout contrevenant aux règles édictées. Il faut rappeler que l’instance dirigée par Djibril Wade a annoncé que la saison devrait être bouclée le 26 mai prochain. Malgré la Coupe d’Afrique des nations 2023 (13janvier-11 février), aucune trêve n’a été prévue. Ce, en prévision de la présidentielle qui se tiendra le 25 février.