CESE-HCCT, LA CHAISE ELECTRIQUE ?
C’est quand même un peu vicieux de demander à des adversaires de vous aider à vous débarrasser de choses qu’ils avaient eux-mêmes mises en place. Dans ce cas, on leur ferait faire tout bonnement un tour à Canossa.
C’est quand même un peu vicieux de demander à des adversaires de vous aider à vous débarrasser de choses qu’ils avaient eux-mêmes mises en place. Dans ce cas, on leur ferait faire tout bonnement un tour à Canossa. Benno Bokk Yakar n’a que deux options face à la révision constitutionnelle. Coopérer ou résister. Se montrer conciliant ou croiser le fer. Dans tous les cas, l’initiative de la dissolution du Conseil économique et du Haut Conseil ne peut aller loin sans dialogue politique en amont. Il faut nécessairement un compromis dans la configuration actuelle où le pouvoir est minoritaire à l’Assemblée nationale. Mais à entendre les deux camps et l’animosité mutuelle qui les anime, on se persuade que le dialogue de sourds a de beaux jours devant lui. Pour l’essentiel, le personnel politique sénégalais n’a pas le sens de l’État ni de l’écoute. Ne voyant que ses intérêts immédiats et mesquins, il ne prête point d’oreille compatissante pour discuter, négocier avec l’autre. «Je n’ai pas vos idées mais je me bats pour que vous puissiez les exprimer», disait l’autre. On n’est pas à ce niveau de raffinement. À l’entame du propos, on a pointé la malice de l’exécutif qui peut répliquer à son tour par un cinglant «honni soit qui mal y pense». On ne fera pas ici de populisme. On ne dira non plus de manière péremptoire que Cese et Hcct se valent et ne servent à rien. Mais on est sûr d’une chose. Ils n’ont aucun pouvoir. Ils ne votent pas de loi ni de budget. Ils n’ont même pas le poids d’un sénat dont le Président présidait le congrès en cas de besoin. Les rapports d’activité déposés périodiquement par les assemblées consultatives ne font qu’ajouter à la bureaucratie, la théorie et la littérature. Sans grande prise sur la réalité, elles entrent en droite ligne dans la politique gabégique en cours dans le pays depuis des décennies. Non contentes de contribuer à vider les caisses, ces institutions dont l’oraison funèbre pourrait être prononcée ne sont pas démocratiques. La plupart des membres qui y siègent sont le fait du prince. Le reste émane du suffrage indirect. Le peuple n’y est pour rien. Voilà d’ailleurs qui explique l’impopularité atavique qui les frappe. Pour éviter l’impasse qui serait un camouflet pour le pouvoir, il faut que chacun prenne de la hauteur. Ceux qui gouvernent ne doivent pas donner le sentiment de vouloir humilier les autres. Ceux qui s’opposent tout en ayant une majorité à l’hémicycle devront se garder de blocage systématique. Mais au final, ce sont nos propres turpitudes qui nous rattrapent. Le moment du retour à l’orthodoxie avec des élections générales ou présiden- tielle, législatives, voire locales se tiennent en même temps est arrivé. On fait des économies. On se passe de campagnes électorales permanentes. La démocratie n’est plus caricaturée en anarchie. Et surtout, on a assez de clarté et de lisibilité dans le jeu politique qui n’en finit pas de mourir par manque de clairvoyance de part et d’autre.
La sécurité est fille de la prévention
La mort est la punition pour tout ce qui vit. Les vivants quittent ce bas monde de plusieurs façons. Ils meurent de vieillesse, de maladie, d’accidents, de noyades, de catastrophes naturelles, d’homicides ainsi de suite. Le double meurtre de Pikine qui relève d’une véritable boucherie ne peut être prévenu par aucune police ou gendarmerie. La prévention est pourtant le mot-clé. Dans un contexte de croissance continue de la démographie où le bien et le mal explosent au même rythme, la vigilance au niveau étatique doit être décuplée. Le retour de l’autorité, des patrouilles et de la tolérance zéro est inévitable. Dans une phase de production de pétrole et de gaz où le pays n’est plus le même, aucun effort, aucune vigilance n’est de trop pour la sûreté et la sécurité globale. Dans une situation de grave crise économique, sociale et des mœurs, toute forme de laxisme est une mise en danger de la vie d’autrui. Les nouvelles équipes ont d’abord été mises en place pour remettre de l’ordre dans le pays. Mais on ne voit pas encore une main de fer dans ce domaine. Gouverner, c’est peut-être procéder à la mise à mort d’institutions controversées mais c’est d’abord et avant tout prévenir.