ET SI LE SÉNÉGAL ÉLISAIT 18 MILLIONS DE PRÉSIDENTS
Accomplir ses devoirs et crier ses droits, avec des cahiers sur la tête ou un stylo à la main, lors des grèves estudiantines et scolaires sans casser de biens publics et privés, ne sont-ils pas des actes à la portée des filles et des fils du pays ?
« Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays. » John Fitzgerald Kennedy.
Le dimanche 24 mars 2024, les sénégalais ont dans leur écrasante majorité décidé d’élire leur cinquième président dès le premier tour, avec 54,28% des suffrages exprimés. Un président que les amoureux du pari sportif hippique auraient appelé dans leur jargon, un outsider. Un outsider que nul n’a vu venir. Que dis-je ? Un poulain, oui un poulain qu’aucun esprit, grand et averti puisse-t-il être, ne pouvait entrevoir pour le classer parmi les partants. Oui, pas un seul esprit, car les synapses des partants sont toujours embourbées dans des équations insolubles, des équations qui se heurtent toujours au fameux moi ou personne ! L’élection présidentielle sénégalaise de 2019 en est deux preuves : Karim Meïssa Wade et Khalifa Ababacar Sall.
Eh bien, ce poulain, seul un cœur, un grand et pur cœur pouvait le voir et le choisir, cela avec un troisième œil. Cet œil devra-t-il être dénué de tout égo, de toute peur et de toute ma-thématique. Cet œil, il est fait tout œil, il fait corps avec le cœur, loin de l’esprit, inconnu des théorèmes politiciens. Gagner et perdre valent le même prix pour lui. Pour lui, perdre et gagner pèsent le même poids. Oui, pour lui, que représente sa petite silhouette dans cet univers si vaste de 196722 km2 ? Cet univers sénégalais endurant et patient, digne et vertueux, qui depuis 1960 est à la recherche de l’oiseau rare pour veiller sur ses libertés, judiciaire, humanitaire, alimentaire, financière…..
Pour lui accorder ses libertés et affranchir son peuple de la tyrannie des valets d’occident, que de sacrifices sur l’autel de l’injustice, au grand dam de toute sa famille, au sens africain du terme. D’abord au temple fiscal et domanial, pour raison de dénonciation de détournements de deniers publics, ensuite au carrefour des porteurs dévoyés de voix du peuple, encore pour raison de mauvais usage des deniers publics, et enfin au temple de thémis, pour raison d’accusation de viol jamais prouvé.
Qui, pour arrêter la mer avec ses bras ? Qui ? Personne. Qui pour affronter cette grosse et redoutable machine appelée l’Etat ? Qui, si ce n’est Dieu ? Sur Dieu se repose qui voudrait connaître le repos, pourvu qu’il soit dépourvu d’intellect et fasse de son cœur sa boussole. Quelle que soit la puissance de l’adversaire, quels que soient ses plans et ses subterfuges, Dieu nous connait mieux que nous croyons nous connaître. Ainsi, avec une carapace dure, comme un O.S., il a su transcender toutes ces épreuves, au prix de sa vie et de sa carrière professionnelle, pour servir au Sénégal un magnifique cadeau en ce mois doublement béni de carême et de ramadan. Pour sûr, pas d’être parfait en ce monde si bas, cultiver la meilleure graine de soi incombe en revanche à chaque être....humilité, écoute, bienveillance, élevation, pardon, gratitude.
Un peuple déterminé est inarrêtable, un croyant adossé à Dieu sort toujours vainqueur de ses épreuves. L’élection présidentielle sénégalaise de 2024 aura été une belle et instructive leçon de vie pour tous, même pour les esprits les plus sombres.
Après 64 ans d’indépendance, que de progrès ont pu être réalisés ! Au plan infrastructurel, tous azimut, se vantent-ils souvent. Bravo. Les transports. Bravo. A quel prix ? Surfacturation, corruption, contrats lugubres, des marchés de gré à gré bien graissés à l’insu de toute inquisition sérieuse, tellement le coude posé est lourd.
Quid des libertés individuelles, du niveau de vie dégradant des sénégalais ? Le chômage, la famine, la mort silencieuse, la mort subite, la mendicité sans masque, le prix élevé des soins sanitaires, l’émigration clandestine, la dilapidation du trésor marin, la flambée des prix, l’anarchie, les conditions carcérales inhumaines, le niveau scolaire au rabais, etc., peignent le sombre tableau de bord du Sénégal. Le comble, face à toutes ces misères, les sénégalais cohabitent avec des fonctionnaires milliardaires, hautains et arrogants, toujours prompts à exposer ostentatoirement leur butin à travers leurs palais, leurs apparats leurs bolides illicites.
L’élection du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est une véritable délivrance pour le peuple sénégalais. Elle le serait davantage si chaque Sénégalais, où qu’il soit, accepte de s’élire président. Elle le serait encore si chaque Sénégalais sait que 5 ans, 10 ans et même 20 ans, ne sauraient suffire pour bâtir un pays et construire le prototype homosenegalensis. Qu’il sache, tel le colibri, que sa pierre, petite puisse-t-elle sembler, demeure utile à l’édification d’un Sénégal meilleur que nous souhaiterions construire et léguer à nos enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants.
La propreté au pluriel doit constituer un viatique pour chaque sénégalais. L’assainissement de soi, des relations humaines, fondé sur le respect et la loyauté, la préservation des biens publics et biens privés, de l’environnement, à travers de petits gestes aux grands effets tels que le reboisement et la salubrité, l'observance de l’éthique et de la déontologie, le respect des horaires de travail, des valeurs de la famille, point de départ du façonnage de l’humain doivent être nos idéaux pour bâtir un Sénégal meilleur.
Afficher autrement sa colère et ses revendications à travers le port de brassards vert-jaune-rouge, bannir les grèves sans travail en entreprise, encadrer des manifestants sans effusion de sang et de pertes en vies humaines, sont-ils possibles ailleurs et non au Sénégal ? Accomplir convenablement ses devoirs et crier haut et très haut ses droits, avec des cahiers sur la tête ou un stylo à la main, lors des grèves estudiantines et scolaires sans casser de biens publics et privés, ne sont-ils pas des actes à la portée des filles et des fils du Sénégal ?
Chers concitoyens, personne, personne hormis le peuple sénégalais dans son entièreté, soutenu par ses frères et sœurs cohabitants étrangers, ne pourrait développer notre cher pays. Le travail, la discipline, l’intégrité, le respect, la solidarité, le partage, la foi, sont autant de leviers dont chaque sénégalais peut user pour élever le Sénégal au plus haut sommet des firmaments du bonheur et de la paix pour tous. A cela, y ajouter la répartition équitable des retombées de l’exploitation des richesses naturelles dont regorge le pays ne saurait qu’être juste et bénéfique à tous. Combien de pays au monde vivent heureux sans même disposer de la moitié des richesses dont dispose le Sénégal ?
Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été élu le dimanche 24 mars 2024 par une écrasante majorité des sénégalais, avec 54,28% des suffrages exprimés. Mais à lui tout seul, avec Ousmane Sonko, avec tous les membres de Pastef, avec les membres de la coalition Pastef, avec la diaspora, ils ne pourront pas tout faire.
Qu’en est-il si le Sénégal élisait 18 millions de présidents ?