LA BRUTE, LES TRUANDS, LE BON
L’arène politique ressemble à un film d’horreur mettant en scène la brute, les truands et le bon
Alors que le pays s’achemine vers la Présidentielle de février 2024, le bâton et la carotte s’en donnent à cœur joie sous la houlette d’un président, qui a fait voter, par référendum en 2016, une Constitution qui lui interdit une nouvelle candidature par la formule claire selon laquelle «nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs».
L’arène politique ressemble à un film d’horreur mettant en scène la brute, les truands et le bon. Le bâton de la «main de fer dans un gant de velours» de la brute embastille arbitrairement plusieurs centaines de jeunes manifestants, de responsables politiques, des journalistes, des médecins pour refus de violer le serment d’Hippocrate, engendre des morts à balles réelles, des disparitions d’agents de l’Armée, de la gendarmerie, interdit les droits constitutionnels de manifester, de circuler, enfreint le droit de s’inscrire sur les listes électorales, la liberté de la presse en coupant les signaux de télévisions, introduit subrepticement le cancer de l’ethnicisme, complote contre le bon patriote, couvre des épinglés au pouvoir par les corps de contrôle de la gestion de l’Etat comme l’Ofnac, l’Ige, l’Igf, la Cour des comptes, se soumet les institutions législative et judiciaire «indépendantes» selon la loi, etc. Et toutes ces forfaitures liberticides pour éliminer le chef de l’opposition, candidat à la future Présidentielle.
L’Etat, lui-même, se met hors la loi tout en bombardant, à la manière du voleur criant au voleur, l’opposition patriotique du label mensonger de «violence anti-démocratique». Le régime vomi affameur du Peuple ramène le pays au temps de la brutalité du Far-West où régnait la violence sans aucune limite de la «loi du plus fort». La flagrance de l’utilisation de l’appareil de l’Etat à des fins partisanes en dehors de la loi, des règles, de la morale et de l’éthique, devenue monnaie courante, met à nu une fin de règne tyrannique parfumée à l’odeur obsessionnelle de «gaz et de pétrole». Prendre un engagement public puis le renier publiquement sans scrupule, dire une chose et faire le contraire, telle est la devise que la pratique de l’actuel pouvoir libéral néocolonial consacre. La brute a érigé l’arbitraire d’Etat en mode de gouvernance violente, marque de la fascisation de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale libérale au service de l’oppression impérialiste.
Devant ce triste spectacle d’un pouvoir à la dérive qui a bénéficié de la résistance du Peuple contre la monarchisation de la première alternance politique, voilà les truands qui entrent en scène pour réprimer la résistance populaire et semer le trouble dans l’effort de rassemblement des forces vives de la Nation contre les menaces fascisantes de l’autocratie régnante.
Les impérialistes se livrent à des rencontres avec l’opposition, y compris patriotique, aussitôt suivis des entristes au pouvoir qui sont mandatés par l’autocratie pour faire semblant d’en sortir et se positionner comme candidat à l’échéance présidentielle qui s’approche. La manœuvre est grosse de la part de celui qui est connu comme «opposant le jour et contributeur la nuit». Personne n’est dupe, sauf l’illusionniste démasqué qui prend les citoyens pour des demeurés en espérant l’empêchement de la candidature du véritable chef de l’opposition, qui lui permettrait de bénéficier du vote de ces millions de citoyens qui résistent aux multiples complots en cours contre l’incarnation politique du moment du patriotisme sénégalais.
D’autres jettent l’os de Mor Lam à ronger sous l’appellation de «Gauche plurielle», à l’instar de la social-démocratie libérale impérialiste qui s’était donné ce nom dans la Métropole néocoloniale française. Devenue en réalité «Gauche plus rien» par son aplatissement dans les travaux pratiques de la collaboration de classe et de la «lutte des places au gouvernement» néocolonial, la «Gauche plurielle» se mure dans un silence assourdissant sur la violence de la dictature, ses atteintes hors la loi aux libertés individuelles et collectives, sur la troisième candidature anticonstitutionnelle et sur les scandales sans fin qui éclaboussent au quotidien la mal-gouvernance étatique libérale néocoloniale dont fourmillent les rapports des corps de contrôle de l’Etat.
Pire, la «Gauche plus rien», devenue borgne, voire aveugle et sourde, met en exergue la tactique attrape-nigaud de l’inversion malhonnête entre victimes (l’opposition patriotique) et bourreaux (l’Etat néocolonial). Ce sont les nouveaux daltoniens de la politique obnubilés par les postes ministériels, de Pca, Dg et autres sinécures consécutifs de la «politique du ventre».
La fuite en avant répressive de la dictature libérale néocoloniale cache mal la peur de perdre le pouvoir qu’annonce encore récemment le rush vers des inscriptions sur les listes électorales et les foules à chaque sortie publique de l’espoir personnifié du Peuple. Ce pouvoir de la seconde alternance libérale, flanqué de la social-démocratie libérale et des ex-gauches, a perdu tout le crédit qui fut le sien en 2012, tout comme la première alternance l’avait perdu un peu avant 2007.
Le courage relatif dont avait fait montre le Pit défenestré du pouvoir sous la première alternance bourgeoise, s’est dilué dans la Bérézina de la poltronne personnalisation diffamatoire, à la manière du voleur qui évite de revenir sur le lieu de son larcin, pour fuir les débats de fond programmatiques alternatifs au libéralisme néocolonial dans lequel ils sont englués jusqu’au cou. Pas un mot sur les Assises nationales qu’ils ont signées, et seul, signalons-le, malgré nos désaccords profonds, feu Ibrahima Sène a osé écrire publiquement contre la troisième candidature anticonstitutionnelle.
Comment ne pas saluer dans ces conditions le bon, c’est-à-dire le candidat patriote qui, parce qu’il réhabilite cet Adn de la Gauche qu’est le Moom Sa Reew (patriotisme), devient l’homme à abattre par tous les moyens, y compris les plus déloyaux, les plus sordides, les plus intolérables. «Feu sur notre passé révolutionnaire» est devenu le mot d’ordre de ralliement des renégats qui avaient participé à animer les luttes du Peuple pour les conquêtes démocratiques qui ont permis d’obtenir deux alternances successives. Seydou Cissokho, Tchoumbé Samb, Sadio Camara, Moctar Fofana, Djiby Diop, Iba Ndiaye Ndiadji, Tidiane Diatta, Babacar Sané, Ndongo Diagne, Moussa Diop Jileen, Hamédine Racine Guissé, Alioune Sène, Khasset Cissokho, Birane Gaye, Assane Samb, Cyriaque Diatta, Djiby Seck, Badiane Guèye, Amagore Ndoye, Cheikh Anta Diop, pour ne citer que quelques-uns d’une longue liste, doivent se retourner dans leurs tombes.
La faillite des deux alternances libérales bourgeoises était inscrite dans la nature néocoloniale et libérale de ses bénéficiaires. L’impatience de la jouissance vénale a conduit à la trahison de l’engagement patriotique révolutionnaire d’antan des dirigeants de l’ex-Gauche qui s’auto-dénomme aujourd’hui «Gauche plurielle» en singeant sa «grande sœur jumelle» française, toutes deux devenues «gauches plus rien» pour leurs classes laborieuses et leurs peuples respectifs.
En fait, la mentalité de «peau noire, masque blanc» (Franz Fanon) de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale libérale a tout simplement déteint sur cette «Gauche plurielle» qui rassemble les renégats du Marxisme-Léninisme-Maoïste, du panafricanisme qui cherche vainement à réhabiliter la social-démocratie devenue libérale par sa servilité aux plans d’ajustement structurel du Fmi, de la Banque mondiale et de l’Omc durant 20 ans sur ses 40 ans au pouvoir entre 1960 et 2000.
De la Présidentielle de 2019 à celle à venir de 2024, l’histoire est en train de recomposer la scène politique sénégalaise à travers la confrontation entre camps patriotique et néocolonial. L’autocratie libérale néocoloniale jette aux orties tout du «contrat national sénégalais» produit des luttes du Peuple, comme l’avait tenté d’ailleurs le «père du libéralisme» en 2011/12. On assiste à un remake aggravé de «la répétition comique de l’histoire» qui reprend ici un chemin criminellement dramatique.
C’est donc le large front antifasciste qu’est le F24, à élargir aux centrales syndicales contre la vie chère, qui a la lourde responsabilité historique de juguler le danger dictatorial que fait planer cette fin de règne du régime failli de la seconde alternance libérale néocoloniale.
Encore une fois, notre Peuple trouvera en lui la force de sauver le pays et le mettre sur les rails de la souveraineté nationale, étape vers la sortie prochaine de la tête de l’eau du mouvement ouvrier, paysan, éleveurs, pêcheurs et des travailleurs de l’informel.
DIAGNE Fodé Roland