LA PIROGUE SENEGAL TANGUE, SA JUSTICE Y EST POUR QUELQUE CHOSE
« la Justice est à terre à cause des manipulations du pouvoir », ses propos sont de Monsieur Cheikh Aliou BEYE député-maire de Diamaguène-Sicap-Mbao, à la tribune de l’Assemblée Nationale le 20 juillet 2023,
A la tribune de l’Assemblée Nationale le 20 juillet 2023, le député-maire de Diamaguène-Sicap-Mbao, Monsieur Cheikh Aliou BEYE a fait entendre au Ministre de la Justice, des propos qui ne ragaillardissent pas un ministre de la justice. Entre autres, ces propos étaient : « la Justice est à terre à cause des manipulations du pouvoir ». Certainement les députés qui avaient entendu cette sortie de leur collègue avaient dû se dire qu’il leur « avait marché sur la langue »
Dire que le service public de la justice de notre pays va très mal, est une vérité de La palisse. Sans doute qu’en parlant de Justice à terre, le député Cheikh Aliou BEYE avait en tête les procès comme ceux contre Ousmane SONKO, et Khalifa Sall qui provoquent sans doute l’ébahissement, même chez les tant soit peu initiés en droit pénal et en procédure pénale.
Qu’on en juge par le traitement qu’ensemble, vraisemblablement dans une confidentialité absolue, des juridictions et des organes du ministère de la justice auraient réservé à ce que de plus en plus on appelle les « cas Ousmane SONKO » ; en référence aux procès en défense de celui-ci contre, d’une part Madame Adji SARR et d’autre part, Monsieur Mame Mbaye NIANG, membre du gouvernement, sans parler du procès de Khalifa Ababacar Sall et d’autres encore.
Des mauvaises langues vont même jusqu’à dire que les délibérations pour les prises de décision dans les affaires dites « signalées » ne se font plus entre magistrats exclusivement. Si ceux-ci s’y complaisent, la justice ne peut qu’être effectivement à terre.
Et dire que la condamnation du prévenu par ce jugement qui n’était pas sans reproche au regard de son dispositif pénal, a été vite revue à la hausse par un arrêt de la cour d’appel, vu comme pouvant rendre Ousmane SONKO inéligible, comme le voulent ceux qui ne souhaitent pas que ce dernier puisse être candidat aux présidentielles de Février 2024.
Ces procès ont de commun le fait d’avoir comme parties des hommes politiques, qui empêchent au pouvoir de dormir, n’ayant commis comme seul délit le fait de vouloir participer à des élections; ce pouvoir les tient à l’œil à tel point qu’on lui reproche de mettre sous le coude des affaires très graves, que rien n’empêche de pouvoir être jugées;
Apparemment le traitement de ces affaires qui requiert une priorité des priorités n’est pas le souci du gouvernement trop préoccupé par quelle solution en finir par les cas d’Ousmane SONKO, devenu une patate chaude entre ses mains dont-il ne sait que faire.
Même ceux, férus de politique, qui ne se laissent rien raconter, qui connaissent à peine des bribes en droit se marrent des procédures cousues maladroitement de fil blanc, comme les procédures précitées, contre Ousmane SONKO et autrefois Khalifa SALL.
Devant une telle situation grosse de risques, il est interdit de rêver, en se disant « ça va aller ». Ça n’ira nulle part, si certains qui ont une certaine influence continuent à croiser les bras, à se taire. Quant à ceux qui parlent avec la langue de bois, vaut mieux qu’ils se taisent. Il n’y a pas lieu d’avoir peur de parler, quitte à déplaire, si ça peut contribuer à mettre de l’ordre dans l’adversité politique qui risque de dépasser les bornes et embraser le pays tout entier. Pourquoi ne pas interpeller, l’ancien Président Abdou DIOUF, en l’invitant, pour une fois, à « regarder dans le rétroviseur » ? «Wax waxeet» oui, mais qui n’aurait rien à voir avec le wax waxeet qui est rentré dans les mœurs et pratiques de nos politiciens.
En tout cas dans le ring, on voit d’une part un Ousmane SONKO, manifestement sûr de lui, imbu de tous ses droits, « waxko té dée, sou fekeené Yalla rekka tax », pour être candidat et d’autre part le Président Macky SALL qui, même s’il n’est pas candidat, ne démord pas de son acharnement à ne pas voir le nom de Ousmane SONKO dans la liste des éligibles. Tous les risques que ces maudites élections présidentielles pourraient faire courir à notre pays se résument dans cette dualité SONKO-SALL sur le ring.
Puisque, comme disait l’autre, on ne meurt qu’une fois, il faut s’employer à obliger notre service public de la justice à s’acquitter correctement de ses obligations de veiller au respect des droits des citoyens par le pouvoir. Le meilleur garant de la paix dans une République n’est rien d’autre qu’une justice juste qui intervient toujours à bon escient, à temps et équitablement ; non une justice dont certains des magistrats n’auraient d’oreille que pour écouter les dictats du pouvoir et chercher à les exécuter, même en tordant le cou des textes.
On n’ose pas croire que son Excellence le Président Macky Sall a déjà oublié les péripéties qu’il a traversées jusqu’à arriver là où il est en ce moment. Tout le laisse croire, à en juger par tout le mal qu’il fait subir à ses opposants, dont le seul tort est d’exercer leur droit d’user des voies légales afin de parvenir à leur but, précisément en ce qui concerne Ousmane SONKO, vers le quel toutes les flèches du pouvoir sont braquées
La tentative du Président Macky SALL d’imposer sa candidature pour un troisième mandat n’ayant pas prospéré, il n’en démord pas de son autre tentative, celle de ne rien exclure pour empêcher à Ousmane SONKO d’être candidat aux futures présidentielles. Ayant en tête que le moyen le plus efficace pour que le candidat de son choix ait des chances de lui succéder, est d’éloigner du boulevard qui mène au Palais présidentiel un Ousmane SONKO. Même si ce n’est plus pour lui-même, il œuvre dans ce sens afin que le candidat de son choix trouve un boulevard sans encombre, qu’il emprunterait pour aller procéder avec lui à une passation de service.
Dans tout ça, est ce que la démocratie sénégalaise, autre fois tant chantée en Afrique, survivrait-elle aux traquenards inimaginables qu’entreprend en ce moment le pouvoir pour empêcher SONKO de pouvoir être recevable à croiser éventuellement le fer avec un adversaire que le Président SALL va choisir parmi les possibles de son entourage ?
Dans ces conditions de tamisage pour une liste de candidats, au choix du Chef de l’Exécutif, le député-maire de Diamagueune-Sicap-Mbao serait difficile à démentir, en ce qu’il avait dit à la Tribune de l’Assemblée Nationale que la Justice est à Terre. Mais reconnaissons que le souci du chef de l’Etat de procéder à un tamisage des candidatures peut être bénéfique pour un certain but.
Quand peut-on dire de la justice d’un pays qu’elle est à Terre ?
Quand, les jugements et les arrêts qui sont rendus, sont de moins en moins crédibles, quelle qu’en soit la cause. Il en découle que le mythe qui entoure la justice s’efface, et une bonne partie des agents que sont les magistrats risquent de perdre leur aura. A qui la faute ? A eux-mêmes d’abord, ensuite au conseil supérieur de la magistrature qui ne respecte plus les critères pour décider des attributions de charge aux uns et aux autres, ni les critères d’organisation des mouvements dans la magistrature. Le processus d’affectation des magistrats ne s’effectue maintenant sur aucune base constante et régulière, sur avis libre de tous les membres du conseil supérieur de la magistrature, dont on entend parler de moins en moins d’ailleurs, sauf pour souhaiter sa reforme où sa suppression une bonne fois pour toutes.
Bien sûr, ce n’est pas parce que la justice serait le corps de métier le plus vilipendé dans les marchés, les places publiques, les bornes fontaines publiques les cars de transports en commun et j’en passe, qu’il faut continuer à la laisser sombrer. La société ne sombrerait elle pas avec elle ? Il vaut mieux que tout le monde contribue sans relâche à sa bonification, en exigeant du pouvoir de cesser les règlements de compte avec certains d’entre eux, reprochables uniquement de leur jalousie pour leur liberté d’agir conformément aux règles qui régissent leur corps.
Il y a d’autres corps de métier dont on parle moins de la corruption, ce cancer qui gangrène les économies dans les Etats africains. Il s’agit d’autres corps de métier dans la fonction publique, et dans les professions libérales qu’il ne faudrait pas épargner. L’essentiel est d’éviter de mettre tout le monde dans le même sac, ici ou là. Malheureusement ou heureusement, ceux des avocats qui ont eu à occuper pour des clients dans certains pays d’Afrique ont dû constater que notre pays ne bat pas le record de la corruption en Afrique, ce qui n’est pas une raison pour ne pas mener une lutte féroce contre cette plaie.
Que notre justice soit à terre, disons que c’est dommage mais encore une fois il ne faut pas que tous les magistrats soient mis dans le même sac. Il y a plutôt lieu d’œuvrer pour que ceux qui y sont déjà installés en sortent. Il y va de l’intérêt de notre société en général, et, en particulier de la démocratie dans tout ce que nos gouvernants entreprennent.