LES CONSÉQUENCES INATTENDUES DU COVID
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Depuis mon confinement, je prends plaisir à faire la cuisine, j’anticipe. Je fais des menus pour 3 voire 4 jours, je ressors les vieux livres de cuisine et j’en profite pour faire ce qui me plaît
Jour 13
#SilenceDuTemps - Ce dimanche je suis allée faire quelques courses avec mon masque bien entendu. Alors de la main gauche, je tire le panier roulant et de la droite j’attrape mon sac à provisions afin de ne pas mélanger ce qui est tenu par tous et par moi. Exercice ô combien difficile quand on est droitier. Ne se servir que d’une main gauche pour choisir tel ou tel fruit, légume ou autre, le mettre dans la poche plastique pour la pesée ! Bien entendu, j’ai tout mélangé en me disant qu’il y avait toujours comme dernière barrière mon fameux périmètre de sauvegarde.
Ah celui-là ! J’y ai rajouté un tabouret, car pas du tout évident de porter ses chaussures à lacets debout. J’attends les scotch couleur promis par Abeye Ababa pour en faire un petit îlot agréable.
Je me suis mise ce matin à compter combien de fois par jour je me gratouille, le nez surtout et les yeux des fois. Je n’y suis pas arrivée, car tik ou tok c’est trop souvent. D’ailleurs même au yoga je ne résiste pas à taper sur la mouche qui virevolte et vient me distraire. Preuve que mon exercice de concentration n’est toujours pas au point. Il va falloir que je me soigne ! Paraît-il que ces gestes-là sont de bons vecteurs de la maladie (?) Autre preuve de concentration peu performante, j’ai bondi tout à l’heure en me souvenant que j’avais oublié d’appeler mon amie Marie, elle aussi née un 4 avril ! Honte à moi, et en plus rien qu’au souvenir de vraies fêtes de l’indépendance dont elle nous régalait tous les soirs du 4 avril chez elle à Mermoz, de vraies fêtes qu’on ne peut oublier, quelle ingrate je suis !
Alors je l’ai appelée et nous nous sommes parlé, encore et encore. Longue et agréable conversation comme toujours. Et elle m’a fait bien rire en me disant « quand Covid va à droite, moi je vais à gauche, il n’est pas question que nous nous croisions » . Et au loin, j’entends son mari lui dire : « Marie j’ai faim, raccroches …. » ce que nous fîmes, mais près de 10 minutes plus tard !
Aujourd’hui, je constate que des intellectuels, de vrais, sont montés au créneau dans nos émissions de radio du matin. Ah ! ceux-là qui ont dévasté les scènes médiatiques depuis des années et je peux comprendre aussi pour ne pas être « mélangés » avec le tout-venant cher à une certaine presse, qui prend beaucoup de place hélas, qui aime les choses faciles.
Revenez et vite chers intellectuels, en ce moment vous avez le devoir d’orienter.
Viou le pro’ me fait remarquer que je devrai relire mes posts avant de les envoyer. Ce que je fais et refais et il me propose de lui envoyer avant pour les corriger. J’hésite pour finir par lui dire, en le remerciant bien entendu : « finalement je préfère que tu les découvres en même temps que les autres. »
Alors chers vous qui attendez de me lire, pardonnez mes fautes d’orthographe.
Jour 14
De ma fenêtre ce soir et depuis quelques jours déjà, je sens que la pollution capturée entre les deux immeubles voisins est bien moins dense. L’effet Covid a du bien, serait-ce le vrai moment pour voir la ville, le pays, les pays du monde, se reconstruire, prenant enfin ce grave problème écologique par le bon bout.
Comme certains confinés, j’ai tout le temps de regarder autrement l’appartement. La venue d’un nouveau canapé il y a deux mois m’avait poussée à procéder à un réaménagement, que je pensais provisoire. Finalement je confirme son emplacement, j’en fais « mon canapé Covid » dans lequel je fais mes petites siestes. Je m’y installe pour consulter mes différentes recettes de cuisine posées à proximité, que je sélectionne en fonction des réserves ou des prochaines courses. Et depuis ce canapé, j‘ai un point de vue idéal sur l’ensemble du séjour ; enfin je trouve une place qui met en valeur ce fauteuil éthiopien. La cocotte en terre cuite, noir et blanc... tiens bizarre pour une cocotte non ? trône fière sur le guéridon vêtu d’un tissu « tioub » et semble contrôler toutes les entrées dans la maison.
Depuis mon confinement, je prends plaisir à faire la cuisine, j’anticipe, je fais des menus pour 3 voire 4 jours, je ressors les vieux livres de cuisine et j’en profite pour faire ce qui me plaît et qui régale le Papi. Et je prends des photos ! J’avoue quand même que, en général, j’aime faire la cuisine, mais sans contrainte. La mère Mich’ qui concoctait je ne sais laquelle de ses spécialités, peut-être un cassoulet comme là-bas, pour le repas familial de Pâques avec des cuisses de canard confites nous a fait une excellente proposition : « venez récupérer votre cuisse et que chacun la prépare chez lui ! » Alors j’attends la recette et l’idée serait de faire tous, la même chose et de se partager les « ambiances ».
Ah la vidéo Covid, elle nous en fait voir de toutes les couleurs. C’est la pleine lune ou presque puisque depuis deux jours, je l’aperçois en faisant ma promenade du soir sur la terrasse, surveillant du coin de l’œil la séance d’arrosage de Papi Viou. Mais les idées ce soir se brouillent …
Dans le cadre du projet d’écriture #SilenceDuTemps, retrouvez tous les dimanches sur SenePlus, le « Journal d’une confinée » d’Annie Jouga.
Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle est administratrice.
Épisode 1 : AINSI COMMENÇAIENT LES PREMIERS JOURS CORONÉS
Épisode 2 : AVEC LA BÉNÉDICTION DE FRANÇOIS, LE PAPE LE PLUS AVANT-GARDISTE
Épisode 3 : SOCIALISER EN TEMPS DE COVID