LE SEUL PROJET DE PASTEF EST L’ABAISSEMENT DU SÉNÉGAL
Soutenir urbi et orbi que les comptes du pays sont maquillés pose plusieurs problèmes de forme et de fond. Soit la personne qui a parlé ne comprend rien à l’économie - ce qui est probable -, soit elle verse dans la manipulation grossière...
Soutenir urbi et orbi que les comptes du Sénégal sont maquillés pose plusieurs problèmes de forme et de fond. Soit la personne qui a parlé ne comprend rien à l’économie -ce qui est probable-, soit elle verse dans la manipulation grossière, ce qui est tout aussi soutenable. De plus, tenir de tels propos pour un responsable public c’est inaugurer un nouveau chapitre dans l’entreprise d’abaissement national, qui est la marque déposée du parti Pastef. Le Sénégal dispose de fonctionnaires sérieux et compétents ; parmi eux d’éminents spécialistes des finances publiques, qui ont travaillé d’arrache-pied pour redresser notre économie dont les taux de croissance n’ont cessé de tendre à la hausse depuis l’entrée en vigueur du Pse.
Si sa croissance a été erratique entre 2000 et 2011 (3,3% en moyenne), le Sénégal a été déclaré pays à la plus régulière moyenne de croissance économique pour la décennie 2011-2021. Il s’y ajoute une gestion remarquable du Covid-19, qui a permis l’atténuation des chocs et la relance plus rapide grâce aux mécanismes mis en œuvre et surtout à la résilience de l’agriculture et de l’industrie. Outre une économie placée sur les rails de l’émergence, le Sénégal dispose d’une administration sérieuse que M. Sonko et son cheptel politique ne cessent de vilipender et d’accuser de complots divers depuis une décennie. Les propos de M. Sonko, pour tout Sénégalais avec un peu de jugeote, n’ont aucune crédibilité tant l’homme est en indélicatesse naturelle avec la vérité. Mais que le chef de l’administration dise de celle-ci qu’elle est une machine de faussaires est le summum de l’irresponsabilité. En plus, les déclarations sont fausses pour la simple raison que le Sénégal n’évolue pas en vase clos. Nous sommes au sein de l’Uemoa et en étroite collaboration avec le Fmi et d’organisations multilatérales. Le budget est connu, les dépenses et les recettes retracées, les lois de finances rectificatives publiquement votées. Mieux, la Cour des comptes a déjà validé les lois de règlement des rapports de gestion 2020, 2021 et 2022. Le Sénégal ne saurait cacher ses données au Fmi, à la Banque mondiale, à la Banque centrale, etc.
Pire, le régime se dédit et publie des chiffres différents en une semaine. En effet, ils viennent de publier une Stratégie nationale de développement basée sur un déficit de 4,9%. Les mêmes viennent nous annoncer une semaine plus tard que le déficit est à hauteur de 10,4%.
Lors de deux missions récentes, le Fmi a donné ses chiffres et ses notes de perspective sur notre économie, qui n’ont du reste pas été démentis par le gouvernement. L’urgence par conséquent pour ce régime est de trouver des pistes de solution aux problèmes graves que soulève le Fonds, à l’issue de la dernière revue. Après avoir exprimé sa satisfaction sur le bilan du régime précédent, le Fonds revient trois mois plus tard peindre un tableau sombre de l’actuel régime. Le déficit en un trimestre est passé de 3,9 % à 7,5 % du Pib. La croissance, elle, a baissé, passant de 7,1 à 6,0 %. Le Fmi donne même les raisons de ce climat morose, relatives aux mesures incohérentes et tapageuses sur les Btp, les mines et l’industrie.
Ce gouvernement affirme vouloir miser sur le secteur privé, avec un volume de financement projeté à 12 000 milliards de F Cfa mais s’acharne à étouffer les entreprises par une politique fiscale confiscatoire et irréfléchie, et des tracasseries politiciennes puériles. Qu’ils nous disent quelle est la cohérence de compter sur le secteur privé tout en mettant nos capitaines d’industrie en prison et en versant dans l’acharnement fiscal. Miser sur le secteur privé tout en tenant un discours qui ferait reculer n’importe quel investisseur relève d’une curieuse manière de faire. Car dans les faits, suite aux propos hallucinants du 26 septembre, les marchés s’affolent et le crédit du Sénégal s’est à nouveau aminci selon un article de Bloomberg largement relayé. L’incompétence de Ousmane Sonko nuira à terme au prestige de l’Etat et à la sécurité nationale
Les perspectives sont sombres pour notre économie avec un volume de mobilisation des ressources en baisse contrairement aux années précédentes, des taux d’intérêt qui explosent et un déficit creusé après seulement six mois de gestion. La confiance s’est effritée et l’incertitude gagne les milieux d’affaires du fait de l’imprévisibilité du Premier ministre le plus incompétent de l’histoire de notre pays. Tout ceci nous oblige à interpeller M. Sonko, entre deux déplacements au Grand Théâtre, au sujet du coût de la vie, des drames de l’émigration irrégulière, des inondations, du chômage et de l’isolement progressif du Sénégal sur la scène internationale.
Un autre aspect du problème réside même dans la méthode cavalière ponctuée d’affabulations, de manipulations et d’absence de tenue pour des gens qui sont censés diriger un Etat. Car aux termes de l’article 1.7 de la loi 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, «dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel, la situation globale des finances publiques, et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement, fait l’objet d’un rapport préparé par le gouvernement. Ce rapport, audité par la Cour des comptes, est publié dans les trois mois suivants».
Or la Cour des comptes n’a toujours pas publié le rapport portant situation globale des finances publiques. Donc d’où viennent les chiffres distribués à des journalistes qui les relaient sans veiller à l’exigence basique de vérification qui est au cœur de leur métier ? Je n’accorde pour ma part aucun crédit aux chiffres, propos, promesses et engagements d’un individu habitué aux falsifications et aux déclarations outrancières.
Après les gendarmes, les policiers, les magistrats, les militaires traités de mercenaires à la solde de la France, les fonctionnaires du ministère des Finances prennent leur part de dénigrement. L’entreprise est constante : désacraliser les institutions, se soustraire aux vrais débats et à la confrontation d’idées comme la Dpg le prévoyait. Il préfère s’adresser à une masse informe excitée et à une presse peu rigoureuse voire complice. M. Sonko est tout sauf constant dans son parcours peu enviable. Je lisais la semaine dernière dans Le Quotidien, un texte d’un de nos compatriotes. Ses paroles terribles de justesse m’ont glacé le sang. Parlant à M. Sonko, il lui dit : «Vous avez fait haïr et détester tout ce qui est grand, bon et beau dans ce pays.»
Je repensais à cette phrase en écrivant cette chronique, et je ne peux me résoudre à accepter que mon pays aille vers l’abîme avec la complicité d’universitaires, de cadres, de militants, qui jadis rivalisaient d’ardeur dans la signature de tribunes pour soi-disant défendre l’Etat de Droit. Le Sénégal s’abaisse sous leurs yeux et ils font mine de regarder ailleurs. Cette année, nous commémorons la 22ème année du traumatisme national qu’a été le chavirement du Joola et la disparition d’environ 2000 personnes. Ce 26 septembre avait une saveur particulièrement désagréable, car le parti Pastef, dans son entreprise de destruction de tout ce qui peut fédérer la communauté nationale, a encore sévi. Le Sénégal a envoyé une délégation dirigée par un ministre pour le Débarquement de Provence, à 6000 km de nos côtes. Ce même gouvernement décide de rompre avec la tradition de la commémoration nationale du 26 septembre. Son chef a décidé de polluer le moment de la sacralité et du recueillement de toute la Nation en organisant un show politicien. Ce personnage rustique s’acharne à répéter son exercice favori : dire du mal de ses compatriotes et ridiculiser notre pays devant les yeux du monde.
Il a seulement le bon goût de ne pas convier Baba Wone pour chanter ses louanges, en guise d’oraison funèbre. Mais c’est désormais une affaire de temps.