LES LEÇONS D’UN FORCING
Le dossier Sénégal n’a pas pesé lourd sur la balance. Il s’est étiolé à l’image d’un préfabriqué monté à la va-vite en quête d’un forcing de dernière minute devant plus costaud, mieux conçu, et plus complet.
D’un côté, ceux qui se disent déçus. Ceux-là avaient juste fantasmé sur la fête, les retrouvailles, les grands moments d’émotions, bref la fête quoi. De l’autre, ceux qui connaissent les exigences et les rigueurs d’une candidature sérieusement préparée, tout le lobbying et toute la promotion que cela nécessite ne disent pas la même chose. Leurs craintes étaient bien fondées et ce qu’ils redoutaient à juste raison s’est produit. Parce que la réalité s’est démarquée du simple fantasme, même étant transformée en ambition une fois à l’épreuve de la compétition. Une réalité à laquelle le Sénégal a fait face avec le cuisant revers enregistré au Caire lors de l’attribution de l’organisation de la Can 2027.
Le dossier Sénégal n’a pas pesé lourd sur la balance. Il s’est étiolé à l’image d’un préfabriqué monté à la va-vite en quête d’un forcing de dernière minute devant plus costaud, mieux conçu, et plus complet. La légèreté du dossier Sénégal fait de projets et d’engagements de maquettes et d’images de chantiers n’a pas convaincu la Caf au moment de faire le choix final. La preuve, les résultats sont sans appel : 8 voix pour le trio Ouganda-Tanzanie-Kenya contre 4 pour le Sénégal. Un écart considérable qui pose beaucoup de questions. A-t-on seulement écouté le mouvement sportif qui vit quotidiennement le manque d’infrastructures sportives dans notre pays ? A-t-on réellement pris la pleine mesure de réalités de l’environnement du football sénégalais ? Certainement non. A moins de casser le thermomètre sans prendre la température et foncer tout droit vers le forcing qui, même revêtu de la tunique de champion et de plusieurs autres titres, ne saurait passer.
Un dossier de candidature engage un Etat
Obtenir l’organisation d’une phase finale de Can vous fixe des limites objectives. Ce statut vous confère respect et considération sur tout le continent pour tous les exploits réalisés mais l’obtention d’une Can peut vous balloter sur la vague du réalisme. Celui d’un dossier sérieux, concerté qui a tendu une oreille attentive au monde sportif. Les dirigeants ont-ils réellement évoqué tous les écueils qui pouvaient se dresser ? Ces monticules et crevasses et non transformer vos propres dos d’ânes à moins que l’approche dissimule autre chose. Un dossier de candidature engage un Etat dans sa diplomatie, sa stabilité, sa réputation et l’avis technique de l’ensemble de sa communauté sportive. Car à l’arrivée, c’est chercher à se transformer en showroom de tout un continent, une vitrine et une grosse caisse de résonance à la fois.
La Can et les autres compétitions nous ont appris les vertus et les valeurs du « Mankoo », cette opération n’a pas connu un caractère inclusif nécessaire à sa réussite. Nous étions juste convaincus de réussir mais pas convaincant pour séduire.