LES MIGRANTS EN EUROPE : L’HYPOCRISIE QUAND TU NOUS TIENS
La musique entendue souvent par certains partis politiques se trouve confrontée à des réalités économiques. Les discours anti immigration, avec parfois des relents xénophobes, sont en inadéquation avec les réalités économiques des pays occidentaux
Le 1er janvier 2023, les vingt-sept pays de l’Union Européenne comptaient environ 6% de citoyens non européens pour une population de 447 millions d’habitants.
L’immigration dans l’Union Européenne est devenue un enjeu politique que beaucoup de partis d’extrême droite, voire de droite se saisissent pour en faire leur fonds de commerce afin d’accéder au pouvoir. A la question : Y a- t-il trop d’immigrés en France ? (Sondage IPSOS, Le MONDE, en 2022), 66% des français ont répondu oui.
A la question : quels sont les trois enjeux qui vous préoccupent à titre personnel ? 54% ont évoqué le pouvoir d’achat, 34%, l’environnement, l’avenir du système social 26%. Le fantasme de l’immigré envahisseur est toujours présent, alors que la problématique dominante demeure le pouvoir d’achat.
L’arrivée au pouvoir du parti d’extrême droite de Giorgia Méloni, en Italie est due en grande partie à son discours anti émigration assumé, qui met en avant la peur de cette vague qui pourrait submerger l’Italie. Nous pouvons observer que les principes de réalité viennent heurter des discours souvent haineux à l’égard des émigrés. En effet, la première ministre italienne fut obligée de régulariser des milliers de travailleurs étrangers pour des raisons économiques. Sa population est la plus vieillissante d’Europe et le nombre de décès dû au vieillissement dépasse de loin le nombre de naissances; ce qui affecte le développement de son économie.
Les dirigeants hongrois et polonais sont les farouches opposants de l’immigration, là encore, ils ont été obligés de se rendre à l’évidence de la main d’œuvre locale qui fait défaut.
La France, à l’instar de plusieurs pays d’Europe, a durci sa loi en matière d’immigration. Cependant, elle constate que les travailleurs immigrés sont indispensables dans certains métiers en tension.
Si la loi du 26 janvier 2024, relative au contrôle et l’amélioration de la présence des immigrés a créé une levée de bouclier des partis de gauche, nous pouvons néanmoins observer que beaucoup de sans -papiers seront régularisés, suite aux pressions d’employeurs qui se retrouvent dans des difficultés à recruter particulièrement dans les secteurs suivants : BTP, aides à domicile, restauration…
Une carte de séjour pluriannuelle nommée «talent» est instituée au profit des médecins, dentistes, sages-femmes ou pharmaciens, diplômés hors Union européenne.
En 2022, l’Espagne a permis aux immigrés d’obtenir un titre de séjour d’un an à condition de suivre une formation dans des secteurs en tension.
L’Allemagne est le pays le plus pragmatique qui facilite la régularisation des migrants. Il prévoit l’accueil de 400 000 travailleurs qualifiés par an pour pallier le vieillissement de sa population. Les étrangers ne sont plus obligés de renoncer à leur nationalité d’origine pour adopter la nationalité allemande.
En définitive, la musique que nous entendons souvent par certains partis politiques se trouve confrontée à des réalités économiques. Les discours anti immigration, avec parfois des relents xénophobes, sont en inadéquation avec les réalités économiques des pays occidentaux. L’immigré n’est plus décrié comme celui qui prend le travail des européens, mais plutôt comme un être inconnu dont la culture et la visibilité font peur.
Le droit des étrangers en France a été réformé cent dix-sept fois depuis 1945 et les dernières réformes n’arrivent toujours pas à contenir la poussée de l’extrême droite qui menace non seulement les droits des immigrés mais surtout les libertés fondamentales