LES PECCADILLES DE YEWWI ET LES FORFAITURES DE BENNO
Les évènements regrettables du 12 septembre 2022 à l’Assemblée ne font que traduire la perversion de notre système politique remodelé par le président Macky, dans lequel seuls les hommes politiques intrépides ou blasés arrivent à évoluer
À l’instar de notre équipe nationale de football, il semble bien que notre opposition politique rencontre beaucoup de difficultés pour terminer la compétition épique, qui l’oppose à l’autocrate en chef de Benno Bokk Yakaar.
Si Yewwi et Wallu s’en sont bien tirées lors des deux premières compétitions électorales (locales et législatives), elles auraient moins bien réussi leur rentrée politique, entre rivalités stériles autour du poste de président de l’institution parlementaire et comportements "inappropriés", à la lisière du politiquement correct, selon les canons classiques de la démocratie bourgeoise.
Il faut être conscient des limites du parlementarisme bourgeois, qui, selon Marx, ne sert, tout au plus, qu’à désigner tous les cinq ans, quel membre de l’élite politique devait représenter et fouler aux pieds (ver- und zertreten) le peuple laborieux. C’est d’avec cela qu’il faut rompre, mais en bonne intelligence avec le mouvement populaire. C’est seulement ainsi qu’on arrive à relativiser certaines dispositions de la Constitution et/ou du règlement intérieur de l’Assemblée et de différencier l’essentiel de l’accessoire.
Les évènements regrettables du 12 septembre 2022 à l’Assemblée ne font que traduire la perversion de notre système politique remodelé par le président Macky, dans lequel seuls les hommes politiques intrépides ou blasés arrivent à évoluer.
Cela dit, l’irruption des forces de défense et de sécurité dans l’enceinte de l’hémicycle de la place Soweto, ne constitue aucunement une surprise, car reflétant la gouvernance autocratique en cours et préfigurant un potentiel coup de force, dans le futur, en vue d’imposer une troisième candidature illégale à un mandat indu.
Arrêtons donc de jouer aux vierges effarouchées !
Notre pays a vécu des péripéties beaucoup plus rocambolesques depuis le kidnapping suivi d’exil forcé de Karim Wade, la prise en otage du député-maire Khalifa Sall, les procès irréguliers, les nombreux manifestants assassinés, la signature de contrats léonins, au grand dam d’un ministre de l’Énergie, les nombreux scandales étouffés, dont celui de Pétrotim, la défenestration de l’ancienne patronne de l’OFNAC, la prolongation de l’âge de la retraite pour certains magistrats triés sur le volet…
Même le profil du nouveau président de l’Assemblée Nationale, un ami de la famille royale – pardon présidentielle - pose problème, comme l’a si pertinemment relevé l’ancienne et malheureuse tête de liste de Benno aux dernières législatives.
Donc ceux qui ont encore des capacités d’indignation en réserve, peuvent en faire usage, quand ils auront fini de tirer les oreilles des chenapans de Yewwi, pour leurs peccadilles parlementaires, qui ne doivent surtout pas de masquer les gravissimes forfaitures du régime de Benno.
En réalité, il est temps que la classe politique, dans son ensemble tire les leçons de la défaite politique de Benno aux dernières législatives et s’inspire des idéaux des Assises nationales pour entreprendre des réformes institutionnelles venues à maturité, à commencer par le respect de la limitation des mandats du président de la République.