MON GRAIN DE SEL
La gestion macroéconomique du Sénégal est comme un monstre dont on ne saisit pas les contours, mais qui éloigne les paysans, les ouvriers et tous les acteurs du secteur privé des voies de la prospérité
Les chavirements de pirogues partants des côtes sénégalaises et remplies de jeunes désespérés attirés par l’Europe sont devenus un phénomène récurrent depuis au moins deux décennies. Les fréquences de jeunes repêchés ou disparus en mer se sont accrues ; et c’est-la une mesure fatale du désespoir causé par la gestion économique des régimes politiques qui se suivent et se ressemblent.
La spécificité sénégalaise en matière d’alliances politiques est que les soi-disant libéraux s’associent aux socialistes et aux communistes pour promettre au peuple un développement illusoire ou une émergence lointaine et utopique, selon les saisons ou la tendance du moment. In fine, ces consortium politiques n’ont pour finalité que de régénérer des castes de privilégies qui vivent sur la bête qu’est l’État. Le seul résultat constaté des politiques macroéconomiques adoptées depuis 1960 est l’accentuation de la pauvreté et l’érosion du pouvoir d’achat des masses.
Cet appauvrissement endémique et généralisé ne saurait mener vers une émergence !Et,les slogans d’autoglorification n’y feront rien. Ces pratiques de gestion des finances publiques et de politique monétaire ne reposent sur aucune des théories de la science économique telle qu’éprouvées et pratiquées par tous les états qui ont vaincu la pauvreté. Par ailleur,dans l’histoire de l’humanité et des États, les monnaies ont toujours été créées pour les intérêts du souverain. Dans une démocratie,le souverain, c’est le peuple. Il est évident que le
seul impératif qui dicte ces choix de politiques monétaires, est pour respecter les accords avec la France qui nous imposent le Cfa.
Les promesses d’un meilleur futur reposent sur le slogan que le budget de l’État est une richesse,et que plus l’État est riche, mieux sera l’avenir pour tous. À cette fin, on taxe et impose les Sénégalais à outrance sans aucune corrélation avec la croissance endogène du PIB. Aussi.
Pendant qu’on scrute l’avenir radieux promis,on constate qu’avec l’arrivée de chaque nouveau régime émerge une minorité de nouveaux rentiers milliardaires et qui ont un rôle passif ou neutre dans l’économie. Ceci est rendu possible grâce aux situations et mécanismes de rente créé pour siphonner le budget. De manière invariable, ces budgets sont alimentés en raclant toutes les ressources financières disponibles dans l’économie et un endettement irrationnel en devises. Ces choix politiques plombent la production économique et induisent une paupérisation de la population qui progresse de manière exponentielle dans le temps. Cette calamite requiert une solution immédiate.
La gestion macroéconomique du Sénégal est comme un monstre dont on ne saisit pas les contours, mais qui éloigne les paysans, les ouvriers et tous les acteurs du secteur privé des voies de la prospérité. Une introspection rapide dans les statistiques publiques des indicateurs économiques montre quelques évidences :
Le ratio du PIB sur la masse monétaire indique une vélocité très faible,voire même négative si on n’ajoutait pas au PIB les exportations des matières premières par des sociétés étrangères.
La portion des recettes fiscales dans le budget constitue plus de 90% de la masse monétaire M1 mise en circulation.
Rien que ces deux indicateurs expliquent pourquoi « l’argent ne circule pas », et que le secteur prive locale, a du mal à accumuler du Capital.
Ceci est une conséquence des choix que la BECEAO imposent aux États membres de L’UEMOA pour financer les déficits et les investissements. L’État du Sénégal,pour sa survie et son fonctionnement est obligé de concurrencer son secteur prive et son peuple pour les ressources financières disponibles dans l’économie. Dans une démocratie, le rôle de la Banque Centrale est d’être le « créancier de dernier Ressort »,mais c’est surtout de se donner les moyens de soutenir les objectifs de politiques publiques tels qu’assignés par le peuple souverain à travers ses représentants. C’est inedit qu’on impose aux États d’aller se financer par les banques qui sont elles-mêmes financées par la BECEAO. C’est encore pire,quand on octroie la licence de faire du crédit à Banques étrangères avec de l’argent qu’elles n’ont pas. Par le mécanisme des taux de réserve on permet à celles-la de créer de la monnaie pour acquérir des biens réels au détriment des acteurs économiques locaux…Ceci est une menace grave à la sécurité de nos états à long terme.
Ibn Khaldun et Thomas Lock, bien que n’étant pas des contemporains, se sont accordé sur un principe : Le rôle de l’État, c’est d’assurer la liberté, la sécurité et la prospérité aux peuples
qui le constituent.Ces attributs d’un état sont universels partout ailleurs saufs dans les États post-coloniaux que la loi-Cadre avait créés pour préparer les anciens territoires de la Communauté Franco-Africaine a « Souveraineté Internationale » !
Comment expliquer qu’on n’arrive pas à employer les trois cent milles (300,000) jeunes qui arrivent sur la marche de l’emploi par ans pendant que nos champs sont en friches,les routes ne sont pas pavées, les fleuves jettent des quantités énormes d’eau douces dans l’Océan,les poubelles ne sont pas toujours ramassées, les égouts sont déverses en mer sans traitement et que, même la poste n’achemine plus le courrier ? c’est pourtant la, des taches primaires, simples d’un État pour assurer une vie normal a ses citoyens !
Invariablement, la réponse que donnent tous nos hommes politiques à cette question, c’est que « l’État n’a pas les moyens » ! La subversion de nos maitres à penser a été tellement accomplie qu’on perpétue le même système politique depuis 1960,au point de reproduire l’instabilité congénitale de leurs institutions. Or, ce système politique musèle le débat démocratique qui aurait permis au peuple de politiser ses vraies préoccupations et que des débats au parlement pourraient résoudre avec par des propositions politiques et légales
réfléchies. A titre d’exemple, aucune loi de la constitution en vigueur ne statut que la monnaie légale du Sénégal est le franc Cfa. Cela,malgré que l’article 67 du titre VII, stipule que :
L’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toute nature, le régime d’émission de la monnaie ».
Cet exemple est pertinent ici parce que, quand plus de 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Quand 1 Jeune sur 7 est au chômage ; quand la vélocité monétaire est presque à zéro ; l’objectif principal de ce qui nous sert de Banque Centrale ne devrait pas avoir comme objectif de combattre l’inflation pendant qu’une bonne partie de la population ne voit plus la couleur de l’argent. Ce qui arrive a notre Banque centrale est illustré par l’adage anglais qui dit que : « If your only tool is a Hammer, any problem will look like a nail ».
Les deux fonctions principales d’une monnaie c’est d’assurer l’emploi et de fluidifier le commerce dans un territoire definie.Pour que ces objectifs soient réalisés il faut que la monnaie soit disponible a la hauteur et a la mesure du PIB.Mais le Cfa etant conçu pour encourager les exportations et les importations ne remplit aucun de ces roles. Pire, les choix de la banque centrale excluent un bon pourcentage de la population de l’activite economique. On n’est pas « Agent Économique » quand on n a pas acces a la monnaie !
Le débat sur le rôle de la Banque centrale et la monnaie ne peut être occulté
Dans une démocratie normale ce débat aurait eu lieu de manière démocratique et récurrente pour donner à l’État les moyens de créer les conditions de la prospérité en mettant la population au travail. Mais dans notre cas précis,pour nier au peuple l’exercice de sa souveraineté des Lois organiques ont bâillonné la représentation parlementaire et donné au président de la République, tout seul, la prérogative de la politique monétaire. Un des Objectifs de la loi-Cadre était de transférer toutes les devises issues de nos activités économiques en échange de francs Cfa qui n’ont cours légal que dans la zone géographique définie par le Trésor français et non convertible ailleurs…Quels gageurs !…Et on s’étonne que, plus on travaille, plus on s’appauvrit…
Quand la BCE déroule la politique monétaire telle que définie par le Parlement européen, le président de la République française n’y est pas convié. Et pourtant il préside le comité exécutif qui fixe les objectifs du Cfa, et ou nos présidents ne sont que membres ? Le plus cocasse et que cette loi-cadre ait été abrogée en France depuis au moins deux décennies.
Ceci montre que ce régime politique ou le président de la République contrôle toutes les autres institutions,mais que lui-même est à la merci de forces extérieures, fussent-elles « amies »,ou d’influences négatives internes, est une faiblesse a palier. On ne peut plus attendre pour mettre en place les équilibres qui fondent les principes d’une République qui reflète la volonté populaire. Il y va de la pérennisation d’un état de droit, dans la sécurité sous toutes ses formes.
Des débats francs et ouverts dans un parlement de représentants qui ont la compétence politique pour comprendre les sujets de cet ordre auraient révélé que la seule issue possible d’un régime monétaire qui vous fait vendre toutes les ressources naturelles du pays et limitées en quantité, dans le temps, pour acheter une monnaie non convertible ailleurs, c’est la pauvreté assurée dans le futur…Arrivera un jour où il n’y aura plus de ressource à vendre, donc plus de monnaie ! Et c’est juste de la logique simple ! Cela devient d’une absurdité inqualifiable
quand on en vient a vendre le stock de poissons dans l’océan pour maintenir ce cercle vicieux.
Il serait salutaire que ces questions cruciales soit au-devant des débats politiques encours, et en vue des prochaines échéances électorales. Des solutions réfléchies valent mieux que la nature remplisse le vide qui s’annonce. Cependant, le souci est qu’aucun des partis politiques au Sénégal n’est structuré pour promouvoir le débat démocratique.Ils ont tous,sans exception, des organisations centralisées et de type stalinien où un gourou qui attend que ces idées et choix soient toujours validés. De tels partis peuvent-ils imaginer une République démocratique aux institutions équilibrées ?
Au-delà des choix de régimes de type présidentiel ou parlementaire, un model qui permette au parlement d’exercer la souveraineté du peuple peut-être trouvé.