NE NOUS EMBROUILLEZ PAS !
Réglons les problèmes Sénégalo-sénégalais de bonne gouvernance - Les rapports de l’OFNAC et de l’IGE sont de bons intrants pour commencer - Que chacun joue sa partition avec courage et détermination
Le Sénégal est un petit pays charmant, attachant, agréable à vivre. Les sénégalais parviennent à rester de bonne humeur en toutes circonstances, en dépit des vents contraires! Ne cassons donc pas la machine à l’autel des bavardages intempestifs de spécialistes et experts en tout qui croient avoir fait œuvre utile après s’être épanchés sur tous les médias. Sous ce rapport, et dans le contexte survolté des envolées lyriques, gazières et pétrolières, il convient de sérier les questions et de bien poser les problèmes pour y voir clair.
Le rôle de la presse est d’enquêter, de recouper et de mettre à la disposition du public des éléments d’appréciation vérifiables pour se forger une opinion. Ce n’est sûrement pas la tentative maladroite de nous influencer, dans un sens ou dans un autre, qui serait à l’honneur d’un si beau métier. Davantage %à l’ère où n’importe qui peut faire de son téléphone un moyen de diffusion de sa vérité ou de ses mensonges. Les temps ont définitivement changé. Le contingentement des idées et des pensées est une vaine entreprise.
Le rôle du Procureur, quant à lui, est de démêler l’écheveau des faits et des méfaits pour exercer la puissance publique, dans le sens bien compris de l’intérêt général. Il doit protéger la société et la défendre, au besoin contre ses propres démons. Le Procureur de la République est le gardien de la quiétude des citoyens. Il peut, et devrait s’autosaisir lorsque la rumeur enfle et déborde. Il peut-être actionné par sa hiérarchie le cas échéant . Dans ce cas, il ne doit jamais oublier qu’il n’est pas le Procureur du Président de la République ni celui du Gouvernement. Il est le Procureur de la République ! Il doit alors être digne de ses fonctions face à Dieu, face aux Hommes mais surtout en son âme et conscience. En ces moments où la pression doit lui être insoutenable, je partage avec lui une pensée de Albert Einstein, le tutoiement en moins :
” Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l’Etat te le demande.”
Cela étant dit, et entre autres questions qui méritent d’être élucidées, celles-ci me semblent être nécessaires :
- Monsieur Aliou Sall, fonctionnaire en poste au bureau économique de l’Ambassade du Sénégal en Chine y a rencontré Monsieur Frank Timis dans le cadre d’une réception où Monsieur Pierre Goudiaby dit les avoir présentés. Monsieur Aliou Sall a-t-il le droit, comme fonctionnaire, d’entrer en affaires avec un contact connu dans le cadre de sa mission de représentation du Sénégal à l’étranger ? Du point de vue de la déontologie. Au moins.
- Au moment où Aliou Sall a commencé à travailler pour Frank Timis, avait-il démissionné de la fonction publique sénégalaise ? Ou jouissait-il d’une période de disponibilité ? Période qui aurait commencé quand ? Et qui se serait terminée quand ?
- Le Président de la République élu en 2012 a signé un décret d’approbation du contrat paraphé par son prédécesseur. Ce contrat était il déjà au nom de la société Petrotim ? Y’a-t-il eu changement de co-contractant ? Si oui, pourquoi ?
- Au moment de signer ce décret, le Président de la République savait-il que son propre frère avait des intérêts dans la société Petrotim limited ? Est-il bienséant de l’avoir fait bénéficier d’une telle opportunité, sans compétition ni compétence discriminatoire particulière ?
- Par ailleurs, Monsieur Le Président de La République avait-il connaissance du contenu du rapport de l’IGE au moment d’apposer sa signature sur le décret ?
- Si Frank Timis a pu vendre ses droits ou titres, c’est qu’il a dû les acheter ou obtenir un document l’y autorisant. A combien et au bénéfice de qui ? Quels ont-été les retombées pour le fisc sénégalais ?
- Si la vente ne se révèle pas avantageuse pour notre pays, est-il trop tard pour revenir en arrière ?
Voilà, à mon sens quelques questions qui devraient intéresser les sénégalais. Et non les questions techniques compliquées qui cherchent à nous éloigner du cœur du sujet en donnant, aux uns et aux autres, l’occasion de faire l’étalage de leur savoir. Pour ce qui nous concerne, un Chef de l’État a été élu qui a prêté serment en ces termes :
« Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine. »
Il nous doit donc des explications claires, nettes et précises. A défaut la République a les moyens de l’y contraindre. Nous ne sommes pas des sujets ! A moins que la nature de notre système politique aie changé, les corps de contrôle et les Pouvoirs, législatif et judiciaire, doivent exercer leur rôle de veille et de sanction de toute dérive dans la gestion du bien commun. La société civile, et l’opposition légalement constituée, font partie des organes d’animation et de contrôle citoyen de la gestion des affaires publiques. Que chacun joue sa partition avec courage et détermination. Sans outrances verbales ni menaces à peine voilées. Au demeurant, et pour la manifestation de la Vérité, point n’est besoin d’encombrer le bureau du Procureur. Le témoignage d’un ancien Premier ministre et d’anciens ministres qui ont porté des accusations circonstanciées devrait passer en priorité eu égard à leur statut.
Par ailleurs, arrêtons de spéculer sur les deals entre compagnies pétrolières et de jongler avec des milliards que nous ne verrons jamais. C’est un monde opaque et glissant. Les transactions se nouent dans des salons feutrés à la City de Londres, à Wall Street ou à Tel Aviv. Nous n’y sommes pas. Nos dirigeants non plus, à moins de faire le pied de grue chez quelque broker. Alors, laissons les vrais spécialistes parler de la question, si sensible du pétrole et du gaz. Dans la complexité de la gestion de la phase d’exploration à la phase d’exploitation et de commercialisation, faisons appel aux meilleures talents et aptitudes en négociation. Et des sénégalais compétents dans ces domaines, il y’en a au pays comme à l’international. Mais ceux-là ne courent pas derrière la presse. Puis faisons, tous ensemble, preuve d’imagination et de générosité pour faire que les retombées financières du pétrole et du gaz, quelles qu’elles soient, deviennent une bénédiction et une grâce pour notre pays, nos enfants et leurs descendants. C’est sur ce chantier que nous devons nous presser et non à la DIC qui devrait avoir assez à faire avec tous les crimes qui défraient la chronique
En vérité, l’essentiel n’est-il pas ce que nous ferons avec nos revenus pétroliers ? Le nombre d’écoles que nous construirons, les hôpitaux, les routes, les aéroports, les investissements dans l’intelligence artificielle et la recherche, les grandes universités, le développement de l’agriculteur bio, les chemins de fer, et tant de choses que le Procureur de la République a la responsabilité de nous rendre accessibles en ne se trompant pas de sujet.
Que personne ne nous embrouille : Réglons les problèmes Sénégalo-sénégalais de bonne gouvernance. Les rapports de l’OFNAC et de l’IGE sont de bons intrants pour commencer. Sanctionnons de manière exemplaire tous ceux qui auront fauté avant même le coup de sifflet de départ, et mettons de l’ordre avant que ne survienne le désordre qui s’est installé dans tous les pays pétroliers ou miniers africains.
Nous pouvons et devons être l’exception !
En attendant , la dette intérieure sénégalaise tournerait autour de 500 milliards de CFA au moins…. Il ne pourrait pas nous avancer quelque chose le Timis qui vient, paraît- il de faire une vente sur notre dos? Si non, qu’il ne mette plus les pieds chez nous !