PASTEF, LE PRAGMATISME POLITIQUE EN MARCHE POUR ROUME
La formation politique d’Ousmane Sonko dévoile, avec la restructuration annoncée samedi, une orientation plus aboutie, recentrée sur la « somme » des bons points des idéologies connues jusqu’ici. Une mixité de la gauche, de la droite et du centre
La restructuration du parti effectuée samedi, l’appareil mis en place pour la conquête du pouvoir en 2024 débutant ce dimanche, avec le programme consistant à conquérir les populations, Pastef ou les « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité » imprime une feuille de route sous le sceau idéologique du « Pragmatisme politique » pour asseoir les termes du « Patriotisme ouvert » mais « souverainiste ». Carte de visite d’une démarche « patriotique » annoncée.
Jusqu’ici perçu comme un parti hybride nageant entre les eaux des obédiences sociale-démocrate et libérale, donnant ainsi une idée claire-obscure de son orientation et plus sûrement de son choix d’offrir une perspective antisystème, la formation politique d’Ousmane Sonko dévoile, avec la restructuration annoncée samedi, une orientation plus aboutie, recentrée sur la « somme » des bons points des idéologies connues jusqu’ici. Une mixité de la gauche, de la droite et du centre qui lui donne une identité propre, inspirée de l’observation de la marche du monde d’aujourd’hui justement en rupture de ban avec les idéologies.
Pastef un parti « souverainiste » …
« Si on devait avoir une idéologie, elle serait le pragmatisme politique, du patriotisme, du souverainisme à la place du nationalisme comme certains le font croire. Notre parti ne prône pas une politique refermée sur elle-même, c’est-à-dire exclusive, son encrage est le patriotisme ouvert qui met cependant la souveraineté au centre. Le parti est ouvert mais sa priorité est d’abord l’intérêt des Sénégalais », dit à Maderpost M. El Hadj Malick Ndiaye, nommé secrétaire national chargé de la communication.
Au regard de la composition du parti et de la déclinaison des termes de références de son orientation, soit l’appellation « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité », les termes de référence politique renvoient tout de même plus à une sensibilité de gauche et donc une déclinaison sociale. Perception acceptée par le tout nouveau secrétaire national de la communication du parti, par ailleurs vice-président de la Commission communication de Yewwi Askan Wi.
« Il est vrai que Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, renvoie plus à une obédience de gauche que celle de la droite. Mais, le choix de Pastef est de trouver l’équilibre entre les différents courants afin de développer une idéologie qui lui est propre, non importée et non imposée », relève le monsieur communication de Pastef, rappelant que son parti est dans l’air du temps politique.
« En France, nous avons Macron qui se dit social, mais qui est plus capitaliste, libéral. Quand nous sommes venus, nous nous sommes dits que nous n’allons pas nous embarquer dans une idéologie spécifique de la gauche ou de la droite, mais que nous allions être pragmatique est construire notre orientation politique », affirme M. Ndiaye.
La nuance vaut le tour d’explication. La perception des masses pouvant porter à confusion, l’importance si ce n’est l’urgence de passer aux séances de partages et explications afin que les populations ou électeurs sachent plus sur les orientations et offres de la formation politique qu’ils ne cherchent à faire le discernement pour ne pas s’opposer à un encrage hybride. La navigation entre les eaux pose effectivement des questions sur la carte politique de Pastef
« C’est pourquoi aujourd’hui, il est très difficile de cerner Pastef, mais comme je l’ai dit si je prends les choses de manière individuelle, le président Ousmane Sonko, par exemple, est plus libéral que social, mais cela ne l’empêche pas de s’entourer de personnes de gauche. Cela va paraître un peu bizarre, mais je sais que dans sa façon de voir et de penser, il est beaucoup plus libéral, mais ça c’est ma pensée ».
Il n’empêche cependant que la lecture pourrait se clarifier. « Mais si on prend globalement Pastef, on aboutit au pragmatisme politique, cela veut dire que nous avons pris ce qu’il y a de bon dans chaque obédience pour créer notre courant politique. Ce qu’il faut retenir c’est que c’est que nous sommes un parti souverainiste ».
… Ouvert au monde
Contrairement à l’idée reçue qui laisserait croire que Pastef renvoie au nationalisme de la même manière que l’extrême droit, en montée, ne le ferait dans certaines contrées de l’Occident, le parti milite pour le Patriotisme économique ouvert.
« Nous ne sommes pas des nationalistes. Quand on est nationaliste, on développe une politique exclusive et ce n’est pas le cas. C’est pourquoi nous utilisons toujours le terme souverainiste. Nous devons nécessairement travailler avec les autres pays du monde, mais en regardant toujours les intérêts de notre pays.
Notre volonté est de développer un traitement d’égal à égal, de sortir des situations hybrides. C’est la finalité que nous recherchons. Il ne s’agit pas pour nous de nous renfermer sur nous-même pour ne compter que sur nous. Nous sommes dans un monde qui nécessite forcément des coopérations, échanges et partenariats internationaux, mais cela doit déboucher sur du win-win ».
A Pastef, la cause est entendue et pour que nul n’en ignore, d’une part, et que, d’autre part, se gagne la confiance du plus grand nombre d’électeurs, est lancé ce dimanche la prise de contact avec les populations à travers des démarches et déclinaison du programme de société de Pastef.
« Après la restructuration du Parti, nous nous attaquons dès aujourd’hui à la conquête des populations pour assurer la conquête du pouvoir en 2024. Nous avons un programme national et international, c’est pourquoi nous avons quelqu’un comme Yacine Fall qui s’occupe des questions internationales, cela rentre dans ce cadre-là. Le programme de société qui est en train d’être étudié sera proposé ».
Calibré en stratégie avec notamment le colonel Abdourahim Kébé, ouvert au monde avec la pioche internationale Yacine Fall, renforcé en Manager-Project par Lansana Gagny Sakho, et en droit constitutionnel par le brillant Ngouda Mboup et plusieurs autres cadres de bonne facture, en sus de son leader, Ousmane Sonko, le plus en vue dans l’opposition sénégalaise, Pastef prend le pas de sa démarche patriotique pour marcher sur les traces de … Macky Sall en 2024.