POURQUOI N'Y JETTERAIS -JE PAS MON GRAIN DE SEL?
Existe-t-il parmi les observateurs certains qui n’auraient pas constaté que depuis la passation de pouvoir du Président Macky SALL à son successeur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, le Président sortant et ses partisans ne font pas preuve de fair-play ?

Existe-t-il parmi les observateurs certains qui n’auraient pas constaté que depuis la passation de pouvoir du président Macky Sall à son successeur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le président sortant et ses partisans ne font pas preuve de fair-play ? Ils se sont remis aussitôt sur le ring, des propos plutôt de mauvaise foi à la bouche, sans se donner la peine de réfléchir aux causes et conséquences de leur défaite.
Pour ce qui est des causes, le manque de moyens était exclu. Au contraire, les mauvaises langues parlent d’excès de moyens comparativement à l’adversaire vainqueur. Quant à ce qui justifierait que depuis l’institution du multipartisme, aucun candidat aux présidentielles n’a été élu, comme le président Diomaye Faye, avec une si forte majorité, dès le premier tour. Non plus aucune liste de candidatures aux législatives, quelles que soient les figures qui l’avaient constituée, ne l’a jamais remporté avec une majorité si écrasante de députés, comme ce fût le cas pour la liste présentée par le tout nouveau parti Pastef, dirigé par le Premier Ministre Ousmane Sonko. Faisons observer en passant que celui-ci l’avait échappé bel, à travers les innombrables traquenards que ses adversaires qui ne répugneraient pas de le voir plutôt mort que vivant, plaçaient sur sa route.
Sonko l’avait échappé bel
Le brave Sonko n’oubliera pas de si tôt une certaine scène particulièrement violente sur la corniche au niveau de Soumbédioune. Ça s’était passé lorsque, se rendant au palais de justice dans sa propre voiture pour aller répondre à une convocation, un bataillon de gendarmes le stoppa, puis l’extirpa très violemment, non sans dégâts matériels de son véhicule, le balança dans leur car de dotation.
Pour ne pas heurter la sensibilité de certains, mieux vaut s’arrêter là, car les détails qui suivirent qu’un des gendarmes qui n’exécutaient que des ordres avait relatés plus tard dans la discrétion, ne sont pas à raconter. Il va de soi que les ordres qu’exécutaient les gendarmes contre Ousmane Sonko ne pouvaient être donnés que par des autorités qui ne voulaient pas que du bien à celui-ci.
Que les bras armés de l’ancien régime soient aujourd’hui à l’œuvre, faisant tout ce qu’ils peuvent faire de nuisible au nouveau régime ne se discute pas.
En tout cas le peuple qui suit tout ce qui se passe situera les responsabilités le moment venu. Néanmoins la paix partout dans le pays reste toujours souhaitée.
Si le plan des agitateurs venait à prospérer, tout serait prêt pour maintenir notre pays dans une agitation sempiternelle, qu’on croyait pourtant devoir cesser pour le temps nécessaire à des opposants sérieux de faire un bilan d’étape des réussites et peut-être des quelques manquements éventuels, du nouveau pouvoir.
Participations aux débats
Autant parler pour ne rien dire ne nous fait pas avancer, autant rester muet alors qu’il y a des agitations stériles tendant à protéger des fautifs qui ne devraient pas en avoir besoin, étant donné que le service public de la Justice de notre pays qui était ce qu’il était les douze dernières années, change de visage.
Bien sûr, des bavardages sans contenus ne semblent pas être ce que veulent les nouvelles autorités. Cela a perdu des régimes qui croyaient être sur une bonne pente, se laissant tromper par des applaudissements qui n’attesteraient pas de progrès mais qui empêchaient aux gouvernants applaudis à tort de faire leur introspection.
C’est pourquoi le fait de jeter son grain de sel aux débats, chaque fois que de besoin, est à encourager. C’est ça participer à juste raison.
Pour cette contribution, j’oriente le sel que je jette, sur deux débats que je suis ces temps-ci : l’un sur le Code de la Famille, notamment concernant le sort des femmes ; l’autre sur les critiques proférées sans raison par les militants de l’ancien régime sur ceux du nouveau. Quelques fois, s’en mêlent, des spécialistes en tout, mais en rien, qui évitent de se mouiller, mais qui sont as dans l’art de critiquer toute initiative des gouvernants.
Jeter son grain de sel dans les échanges autour du sort des femmes viendrait à son heure, vu les positions de certains islamistes sur la question.
Mon nom de famille n’étant ni Mbacke, ni Sy, ni Laye et j’en passe, je ne m’étonnerais pas que mon intervention si mesurée soit-elle dans ce débat étonne certains, à tort, c’est ma conviction. Pourtant les religions étant des préoccupations sociétales concernant tout le monde, à mon avis personne ne doit en faire une chasse gardée pour une catégorie de citoyens donnée, aussi respectables qu’ils soient.
Je peux donc dire ce que je pense sur les questions qui avaient été débattues par les associations islamiques, et lors des assises de la Justice, tenues du 28 mai au 04 juin 2024 au cours desquelles était apparue une certaine dichotomie concernant les femmes.
Sur le Code de la Famille
Le Code de la Famille n’étant rien d’autre qu’un ensemble de lois, il n’y a rien de mal à y envisager des retouches, voire une réforme, l’adaptant à l’évolution de la société dans le temps, qui n’est pas statique.
Certains sont farouchement opposés à l’idée d’égalité entre l’homme et la femme, privilégiant le sexe fort. Cette attitude est une réminiscence de certaines traditions de l’ancien temps. Mais une tradition évolue en fonction de l’évolution impactant les modes de vie, l’économie en général.
La tradition islamique avec le mode de vie qu’elle incarne repose sur des coutumes arabes qui évoluent aussi à leur rythme, qui évoluent quand même.
Ça bouge quelques fois dans toutes les religions, révélées ou pas. Aucun croyant dans aucune d’elles ne peut entreprendre une démarche pouvant figer les us et coutumes des populations de sa zone d’influence.
On peut contester cette vérité à haute voix, mais seul dans sa chambre, en y réfléchissant il peut arriver qu’on revoit ses positions.
Réformer le Code de la Famille, oui, mais pas d’autorité absolue, sans au préalable faire relativiser les rigueurs en matière de religion, autant que possible, sans même déplacer une virgule dans la Charia. A ce sujet, l’avis consultatif de certains chefs religieux et des sociologues, ne serait pas de trop. Disons de tout sachant en islamologie comme de la chrétienneté.
Il va de soi que, pour telle ou telle raison à caractère religieux, vouloir tenir d’une main de fer la femme dans une situation d’infériorité vis-à-vis de l’homme, n’est pas réaliste. Ne sont-ils pas à égalité dans le domaine des capacités intellectuelles ? Si oui, et bien sûr que c’est oui, à part l’exercice des métiers qui nécessitent une force physique particulière, tout ce que l’homme peut faire, la femme peut le faire.
Donc l’homme et la femme ont les mêmes possibilités d’accès à la création des richesses, ce qui est déterminant à plusieurs égards dans presque tous les domaines.
En ce qui concerne l’autorité parentale, le genre de vie qui se mène au sein des couples n’est plus le même qu’il y a une certaine époque. Les considérations qui prévalaient ces temps là, qui étaient peut être conformes au niveau mental de développement, mais non suffisantes pour laisser aux maris toute l’autorité parentale sur les enfants, a changé. Inutile de développer une batterie d’arguments pour en convaincre qui que ce soit. Ceux qui soutiennent de nos jours, peut-être certains du bout des lèvres, que toute l’autorité parentale doit rester au père de famille, ne me semblent pas avoir fait sincèrement le tour de la question. Ou alors, pour un motif d’islamisme passablement cerné, ils s’interdisent de dire ce qu’ils pensent sincèrement. En tout cas il incombe à ceux-ci de donner leur point de vue sur les cas fréquemment rencontrés à l’égard des pères de famille qui, à cause de leur conduite désastreuse et manifestement nuisible à l’éducation des enfants, le législateur a prévu des dispositions légales permettant aux juridictions de leur ôter leurs droits civiques dans des cas précis, donc d’exercer une quelconque part dans l’autorité parentale sur eux par rapport à leur mère.
Le partage successoral
Un point non moins sensible, qui concerne encore les femmes, est tout aussi préoccupant : le sort réservé aux femmes dans le partage successoral des biens laissés vacants par un père après son décès. La Charia prohibe toute dérogation sur ses prescriptions. Que Dieu en garde les fidèles de le tenter, ces prohibitions étant intangibles, tout musulman doit les respecter à la lettre.
Restons avec le sort des femmes pour aborder ce qui dérange dans le partage successoral entre homme et femme et exposons une solution tendant à une compensation en faveur d’une sœur défavorisée par rapport à son frère.
Rappelons que selon la Charia le partage des biens laissés vacants par un père après son décès, à ses enfants, s’effectue par un partage où la part du frère est le double de celle de sa sœur. Rien à dire, encore une fois, c’est une règle immuable.
Mais ne faudrait-il pas chercher un moyen en faveur d’une femme, très attachée à son père, qui était à son chevet tout le temps qu’une longue maladie l’avait gardé au lit jusqu’à son dernier souffle. Quant à son frère, qui avait disparu dans la nature, sans le moindre souci pour son père, qui aurait pourtant souhaité le voir aux côtés de sa sœur pour participer à son assistance, lui le père, devenu grabataire.
Que ce garçon adepte de la belle vie daignât, une des rares fois répondre à l’appel de sa sœur, l’informant de la mort de leur père, relevait du hasard. Il débarqua dès qu’il le put, et toute honte bue il demanda à sa sœur, qui s’était déjà occupée de tout, aidée par des parents lointains et des voisins, pour l’accomplissement des formalités mortuaires y compris l’enterrement. Ce qui resterait à faire avant que ce fils inutile retourne dans son pays d’émigration, demanda-t-il. La pauvre sœur le fixa d’un regard, éberluée, lui dit : « pose la question au Chef et à l’Imam du quartier ». Ce qu’il n’osa pas faire, s’imaginant que ce serait l’occasion de se faire traiter de tous les noms d’oiseau, parce que tout le voisinage était au courant de tout.
De fil en aiguille le partage successoral fut effectué comme le veut la Charia. Sa part dans son patrimoine personnel, direction l’Aéroport. La lecture du Coran comme cela se fait d’habitude, c’est sa sœur qui s’en était chargée, à ses frais qu’elle avait couverts par sa minable part d’héritage, sans la moindre participation de son frère.
Qui ne s’apitoierait pas de ce qui s’est ainsi passé ? Et ce récit n’est qu’un exemple parmi des centaines dans notre pays, pour balayer devant notre porte.
La hargne des Mackyistes
Pour en revenir à la politique, l’absence de pause dans les préoccupations politiciennes permanentes chez les mackyistes, contre le nouveau pouvoir et ses responsables, c’est à n’y rien comprendre. Bien sûr, ceux qui auraient subi injustement des traitements humiliants seraient en droit de sauter sur la première occasion pour tenter de se venger. Mais les observateurs qui ont suivi le déroulement des difficultés entre le président Macky Sall et son opposition principale qu’étaient les responsables de Pastef, savent que ce sont plutôt ces derniers qui, durant trois ans au moins, avaient subi toutes sortes de maltraitances physiques et morales que leur infligeaient les maitres absolus du pouvoir de l’époque avec la complicité de certains militants encagoulés.
Inutile de tirer la couverture de son côté, tout le monde sait qui avait fait quoi dans les dilapidations des maigres biens du pays. D’aucuns peuvent faire semblant d’oublier, sans oublier. A ce propos j’avais écrit une contribution quelques mois après le changement de régime, laquelle contribution ayant été publiée dans certains organes de presse sous le chapeau : « l’ancienne majorité devenue la nouvelle opposition semble avoir la mémoire courte ». Il n’est pas utile d’égrainer les traitements inhumains que les Pastéfiens ont subis durant leur opposition au régime de Macky SALL. « Leupay jeex, sudul nguuru Yalla ». Dommage que certains, une fois sur le trône, n’en prennent pas conscience.
Quand on entend certains des mackyistes traiter de tous les noms d’oiseau les leaders du régime actuel, les accusant notamment de violer les lois, on se demande s’ils risqueraient d’accepter une comparaison entre Macky Sall au pouvoir et le duo Diomaye-Sonko. En tout cas tous les acteurs politiques ont en mémoire suite à la distribution d’argent, les promesses pendant la précampagne et la campagne électorale et les résultats étonnants pour certains, des élections, que irréversiblement les électeurs sont réveillés, de telle sorte que qui n’en prend pas conscience et qui croit pouvoir toujours tourner la tête des électeurs chaque fois qu’on a besoin de leurs votes le moment venu, c’est celui-là qui n’est pas encore réveillé. Si certains observateurs cessaient de se limiter à dire, sans doute avec mépris, « politik daal du dara » et jetaient de temps en temps leur grain de sel dans les débats sociopolitiques, l’éveil de nos concitoyens y gagnerait davantage.
Tordre de rires les baobabs de Ndiongolor
Mais la façon de nos politiciens de faire de la politique a beau être particulièrement détestable, si tous les citoyens qui le regrettent s’en détournent, cela ferait l’affaire de ceux qui en vivent. Car laissés certains « politiciens professionnels » en faire à leur tête, en se contentant de les mépriser, le pays irait à la dérive. Ne se soucie de méprise que ceux qui ont de la vergogne. Qui peut concevoir que diriger notre pays de la manière que l’on sait, pendant tant d’années avant d’être chassés du pouvoir de la manière que l’on sait également, était compatible avec la recherche d’un troisième mandat ? Nos anciens dirigeants, des « je m’en foutistes », ne se gênent pas de tenir des propos qui font « tordre de rires les baobabs de Ndiongolor». Comment est-ce que ceux-ci, auxquels je souhaite la chance de pouvoir continuer à humer l’air libre, se permettent-ils de ne pas « laisser la Justice faire son travail » pour que les sénégalais soient édifiés sur les dilapidations de sommes impensables dont certains sont accusés. Il faut qu’on sache si c’est à tort ou à raison que leurs noms sont à la Une des Journaux tous les jours.
Soutenir que les autorités qui cherchent à leur faire regretter de s’être comportés comme ils le faisaient quand ils menaient une vie de « balakhal madaa », c’est faire regretter aux honnêtes gens de n’avoir pas piqué des milliards et des milliards comme eux du budget de l’Etat.
Le coude du président Sall et les suspects
En tout cas faire partie des suspects dont l’ex-garant de la Constitution avait avoué mettre son coude sur leurs dossiers, n’est pas bon signe pour les concernés. En tout cas, pour avoir besoin de protéger ses amis contre l’application à leur égard des textes dont l’objet est de sanctionner les voleurs de la République, il faut être convaincu qu’ils n’avaient pas les mains propres.
Ce qu’il faut déplorer, et qui est effectivement déplorable, est le silence de ceux qui n’ignorent pas que ceux qui dirigent le pays, le font conformément au programme de bonne gouvernance qu’ils avaient exposé lors des deux dernières campagnes électorales. Apparemment les majorités écrasantes d’électeurs qui leur ont fait confiance ne constateraient pas, en tout cas, au moins pour le moment, une gouvernance décevante qui motiverait que le tout nouveau né groupe des « 72 » de la nouvelle opposition, auquel je souhaite bonne chance, se mette à rêver de pouvoir tourner des têtes contre le nouveau régime et à se constituer en épouvantail. On ne peut jurer de rien mais disposeraient-ils de répliques dissuasives si à chaque cas inventé, on leur cite un cas de même nature, mais authentiquement prouvé.
Est de mauvaise foi, quelqu’un qui, faisant face au plein soleil, soutient mordicus qu’il ne le voit pas.